Longtemps considérés comme des territoires lointains et hostiles aux joueurs d'origine africaine, la Russie et la Chine se sont progressivement ouvertes aux joueurs issus du continent noir. Peu attractifs au niveau de la compétition, les deux championnats parviennent depuis quelques années à attirer dans leurs filets des pointures comme Samuel Eto'o, Mbark Boussoufa ou Christopher Samba. Alors que Didier Drogba vient de s'engager avec le Shanghai Shenhua, il pourrait être rejoint très prochainement dans le championnat chinois par Frédéric Kanouté ou encore Yakubu. Quelles sont les explications de cette nouvelle ruée vers l'Est ?
Le football demain se trouve-t-il du côté de l'extrême Orient ? Loin de la surmédiatisation des grands championnats européens comme la Liga ou encore la Premier League, la Russie et la Chine attire depuis quelques saisons de plus en plus de joueurs, dont une forte colonie d'Africains. Et pas des moindres puisque Samuel Eto'o ou encore Didier Drogba ont décidé de respectivement rejoindre l'Anzhi Makachkala et le Shanghai Shenhua. Le club de l'international camerounais s'est même constitué une véritable petite colonie africaine en recrutant à tour de bras Mbark Boussafa, Christopher Samba ou encore Mehdi Carcela.
Des salaires exorbitants
Des joueurs qui n'ont pas hésité à quitter leur confort à l'Ouest et des championnats très compétitifs pour certains, pour venir jouer en Russie en contrepartie de salaires astronomiques. Pour arracher Samuel Eto'o à l'Inter Milan, le président Kerimov n'a pas hésité à proposer près de 20 millions d'euros par an au Lion Indomptable, en plus de nombreux avantages en nature, dont un jet privé. Ce qu'aucun club de l'autre côté du continent ne pourrait se permettre. L'aspect financier joue clairement un rôle dans ce nouvel exode des talents du continent noir, ce dont ne s'est pas caché le Camerounais au moment de la signature de son contrat.
“Je me moque de ce que les gens pensent. Tout le monde veut travailler et être payé à sa juste valeur. Dans mon cas, Anzhi a fait une offre à la hauteur de mon talent et me paye par rapport à ce que mon talent vaut selon eux“, avait-il lâché. Difficile de faire plus clair. Que penser alors des 248 000 euros hebdomadaires que va percevoir Didier Drogba pour jouer avec Shanghai ? C'est donc tout sauf un hasard, et sans doute pas pour le “challenge sportif“, si tous ces joueurs comme Chidi Odiah (Nigeria), Seydou Doumbia (Côte d’Ivoire) ou Anis Boussaïd (Tunisie) n'ont pas hésité à rallier ce nouvel eldorado, en dépit de certains problèmes qu'ils doivent affronter au quotidien, comme les histoires de racisme.
Des joueurs en fin de carrière
Si ce n'est donc clairement pas la compétitivité du championnat qui attire les stars africaines en Russie ou en Chine, il y a un facteur qui va de paire avec les fortunes proposées aux joueurs : l'âge. A 31 ans pour Samuel Eto'o et 34 ans pour Didier Drogba, mais aussi Frédéric Kanouté, qui est en passe de rejoindre le club de Guandzhou, ce sont surtout des joueurs en fin de carrière qui se sont laissés tenter par ses expériences. Repus de compétition et de titres, ils ont décidé de finir leurs carrières dans des championnats moins exigeants. Ce qui est exactement le cas de l'Ivoirien, récent vainqueur de la Ligue des Champions avec Chelsea et qui va voir son salaire doublé par rapport à ses émoluments chez les Blues, le tout dans une équipe seulement classées 12e de sa Ligue.
C'est donc une pré-retraite dorée que vient chercher la majorité des Africains qui se laissent tenter par ces championnats à l'extrême Orient. A l'image des pays du Golfe, la Chine et la Russie, avec leurs moyens financiers actuels, sont désormais en mesure d'attirer dans leurs filets les plus gros poissons, et les sponsor qui vont avec, au grand désespoir des nations phares du ballon rond. Résolument, une nouvelle carte se dessine dans le monde du football.
