Si le cinquantenaire de la guerre d'Algérie est l'occasion de revenir sur un passage délicat de la colonisation française en Afrique du Nord, l'histoire retiendra que sur le rectangle vert, des hommes ont également risqué leurs vies pour rejoindre les rangs de la résistance. Réunis au sein d'une sélection algérienne basée en Tunisie, des joueurs comme Mekhloufi et Zitouni vont faire de cette équipe une véritable vitrine pour l'indépendance de l'Algérie.
Il arrive que parfois, le sport vienne empiéter sur le scène
politique. Des moments où, voyant leurs confrères restés sur un
territoire embourbé dans une crise identitaire sans précédents, des
hommes ont pris leur courage à deux mains pour se démarquer
politiquement et apporter leur soutien à leur “patrie”.
Alors, quand en 1958 dix joueurs de football professionnels d'origine algérienne, qui évoluent dans les plus grands clubs français, décident au même moment de prendre la fuite pour se mettre au service du FLN et de militer pour l'indépendance de l'Algérie, c'est tout le peuple algérien qui est en émoi. Par ce geste, ils ont à leur manière médiatisé un conflit qui n'avait déjà que trop duré. Et la création d'une équipe nationale de football sera l'occasion d'afficher la question algérienne au yeux du monde, car “l'objectif recherché n'est clairement pas sportif, mais plus un acte publicitaire dans un pays (la France, ndlr) où la censure bat son plein quand il s’agit de l’Algérie“, déclarait Rachid Mekhloufi dans la presse algérienne.
Mekhloufi : “Nous aimions notre patrie jusqu'à la mort.“
De la question de l'identité algérienne, il en sera ensuite tout le temps question pour cette sélection atypique, non-reconnue par la FIFA, comme lors de ce match en Pologne, où les organisateurs ont refusé de jouer “Kasaman”, l'hymne national algérien, entraînant le refus des joueurs de prendre part à la rencontre. “Les organisateurs ont essayé de négocier”, se souvient Mekhloufi, avant de rajouter : “les joueurs ont dit : ‘nous ne négocierons pas quand il s'agit de l'hymne nationale'.” Au final, l'équipe a obtenu gain de cause, ce qui fera dire à l'ancien stéphanois : “cette équipe avait de la technique mais surtout de la volonté, nous aimions notre patrie jusqu'à la mort.”
C'est avec cet esprit d'engagement que des joueurs comme Boubekeur, Ben Tifour ou encore Chabri se sont vus pour la première fois revêtir un maillot aux couleurs de l'Algérie. L'adversaire n'est autre que le voisin tunisien, mais la victoire, symbolique celle-ci, est déjà au rendez-vous pour cette sélection d'Algérie sous l'appellation FLN (1-4). Une victoire qui en appellera beaucoup d'autres pendant une tournée de plus de 80 matches internationaux, jusqu'à la proclamation de l'indépendance en 1962. Et c'est en toute logique que l'équipe se disloque et que des joueurs retournent en France, tandis que d'autres choisissent de rentrer en Algérie. Pour l'anecdote, malgré l'engagement total de cette sélection, celui-ci a toujours tourné autour de la défense de la nation. Car, sur le terrain, aucun des joueurs n'a été averti en près en 80 matches officiels.
Vidéo sans le son : Arrivée à Tunis des quatre footballeurs
algériens
Quelques semaines avant le début de la Coupe du Monde de football 1958, quatre joueurs Algériens ont décidé de quitter l'équipe de France pour rejoindre celle du FLN. Il s'agit de Rachid MEKLOUFI, Abdelatif BEN TIFOUR, Mustpahan ZITOUNI et BOUBEKEUR. Ils sont arrivés à Tunis à bord d'un avion de Tunis Air.
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