Can 2008 : “Tournant décisif pour le football africain”

Publié le par Panapress, actualisé le

La Coupe d'Afrique des Nations de football 2008 a été un bon cru. C'est un peu le sentiment du président de la Confédération africaine de football, Issa Hayatou, qui juge que la 26ème édition de la cette compétition panafricaine a été meilleure que les précédentes.


Le président de la Confédération africaine de football (Caf), Issa Hayatou, a estimé que la 26ème édition de la Coupe d'Afrique des nations (Can) a enregistré de notables améliorations par rapport aux éditions précédentes, soulignant que ce tournoi a gagné en audience dans le monde entier.

S'exprimant sur le site Web de la Caf, avant le match de la finale dimanche, il a déclaré ne pas se rappeler d'une édition “jamais organisée sans appréhensions ou doutes sur la capacité d'un pays ou un autre à organiser la compétition de manière professionnelle à la satisfaction des équipes, de la Caf, de la presse et de la famille du football africain”.

Il a cité le Burkina Faso et le Mali et demandé qui aurait cru que ces deux pays auraient été en mesure d'organiser une Coupe des Nations.

“J'ai été impliqué personnellement, le comité exécutif a pesé de tout son poids derrière ces deux pays et finalement n'ont-ils pas réussi ? Bien sûr que si. Au cours du processus, ils ont prouvé qu'avec suffisamment de pouvoir, de travail acharné et de détermination, on peut surmonter toutes les difficultés. Je n'ai jamais cru qu'un pays devait être privé du droit d'organiser n'importe laquelle de nos compétitions pour quelque raison que ce soit”.

Concernant l'édition du Ghana, M. Hayatou a déclaré que la Caf avait envoyé plusieurs équipes d'inspection et reçu divers rapports.

“A certains moments, nous avons reçu des signaux inquiétants mais finalement, le tournoi a été organisé dans les meilleures conditions qui soient. Ce pays est désormais doté d'infrastructures pour l'avenir. Nos pays ne sont pas très riches, ceux qui organisent la Coupe des Nations font d'énormes sacrifices et nous ne devons pas l'oublier. Ceci s'applique au Ghana aujourd'hui comme cela a été le cas pour les autres avant lui.

“Il y en a qui aiment critiquer et attaquer tout ce que nous faisons. Nous ne cherchons pas à leur plaire à tout prix. Ils ne peuvent tout de même pas nier que nous faisons des progrès”.

Evoquant l'audience de la compétition, M. Hayatou a déclaré : “Presque toutes les chaînes de télévision que j'ai regardé ont passé des images et donné des nouvelles de la Coupe des Nations. Nous avons gagné la guerre de la presse et de la mondialisation car notre compétition et notre football ont gagné en maturité, ainsi qu'en stature et en qualité”.

Il a évoqué les buts marqués en déclarant qu'ils pouvaient être comparés à ceux de la Coupe du Monde ou du championnat européen.

“Je rends hommage aux joueurs qui, en se battant et en voulant gagner, l'ont fait dans le respect de leurs adversaires, ce qui explique le faible nombre d'avertissements. Il y a bien sûr eu certaines expulsions qui sont plutôt le fait de la naïveté et de la stupidité que de la méchanceté”.

M. Hayatou a félicité tous ceux qui ont pris part à la compétition, en les qualifiant “d'ambassadeurs de notre continent animés par le désir de donner tout ce qu'ils avaient, même dans des conditions climatiques difficiles”.

“Tous ces professionnels sont indispensables à notre cause. Ils lui ajoutent de la valeur à travers leur talent immense et reconnaissable.

“Grâce à leur popularité et leur renommée, ils attirent la presse et les agents impatients de découvrir de nouveaux talents. Je crois par conséquent que chaque édition de la Can est un progrès. J'insiste sur le fait que l'on se rappelera l'édition 2008 comme une bonne année pour le football en raison de son intensité, de ses émotions, de ses grands moments et de son enthousiasme”.

M. Hayatou a rappelé que les demi-finales avaient réuni quatre équipes qui ensemble avaient remporté la Coupe des Nations quinze fois.

“Toutes les équipes ont eu leurs chances et des pays considérés comme faibles ont fait bonne figure devant d'autres dont la réputation n'était plus à faire. Je peux citer l'exemple de la Namibie qui, après une lourde défaite face au Maroc, s'est réveillée pour donner du fil à retordre au pays organisateur avant d'obliger la Guinée à faire un match nul.

“Le Bénin a tiré son épingle du jeu dans un groupe difficile tout comme il l'avait fait en 2004. Le Soudan n'a pas démérité malgré ses trois défaites. Il aurait mérité de marquer un ou deux buts.

“Je suis convaincu que ces pays ont atteint un degré de progression appréciable, qui est un encouragement pour ceux qui souhaitent voir la croissance collective de nos 53 pays. C'est une des missions fondamentales de la CAaf. Tous ceux qui étaient au Ghana ont mérité leur participation”.

Sur la question de l'arbitrage, il a demandé s'il y avait des critiques sur les arbitres.

Il a souligné que l'arbitre Benouza Mohamed de l'Algérie n'avait pas hésité à accorder un pénalty au Nigeria en quart de finale contre le pays hôte du Ghana.

Au cours du même match, M. Hayatou a noté que l'arbitre avait expulsé le capitaine du Ghana, John Mensah, alors qu'il restait 30 minutes à jouer.

“Nous avons salué son courage. C'est la norme désormais que les arbitres fassent preuve de compétence et de professionnalisme. Laissez-moi ajouter que si nous avons organisé une Coupe des Nations réussie, les arbitres y sont aussi pour quelque chose”.

Sur la question des entraîneurs étrangers ou locaux pour les équipes africaines, M. Hayatou a déclaré qu'elle n'était pas du ressort de la Caf.

Il a indiqué qu'il revenait aux fédérations nationales de faire les choix qui leur semblaient les meilleurs.

“Je sais que quatre pays – le Soudan, l'Angola, la Zambie et l'Egypte – sont arrivés au Ghana avec des entraîneurs locaux. L'Angola et l'Egypte n'ont pas estimé devoir changer leurs entraîneurs depuis la dernière compétition et ils ont fait des progrès. Laissez-moi vous répéter que la Caf ne sera pas impliquée dans les choix individuels des pays. Cela ne nous concerne pas.

Interrogé sur le fait de savoir si la Coupe des Nations serait de la même qualité et de la même valeur sans des Essien, Drogba, Eto'o et Kanouté, il a déclaré: “Ma réponse est évidemment non”.

Il a ajouté: “Mais ils ne sont pas les seuls. J'ai l'impression que vous voulez m'amener à la question des prix parce que c'est ce que j'ai lu dans certains journaux. Il n'y a pas d'affaire Drogba. C'est un joueur qui a d'énormes talents. Mais nous devons comprendre que la Caf est obligée de respecter les contrats qu'elle a passé avec des partenaires économiques qui contribuent beaucoup aux efforts de développement du football africain.

“Nous devons rester crédibles puisqu'une des premières missions de la Caf est de faire respecter les règles et règlements. En outre, la Caf n'est pas le président Hayatou; il s'agit d'un Comité exécutif comprenant 13 membres qui, après des délibérations, prend des décisions. Personnellement, je n'ai jamais été et je ne serai jamais un homme de la controverse. Avec le temps, je pense que nous serons mieux compris.

Sur les chances de l'Afrique à la Coupe du Monde de 2010, M. Hayatou a rappelé que dans les années 80, on disait toujours que le football africain était celui de l'avenir, celui des années 2000.

“Nous sommes un peu en retard sur ces prévisions, surtout en raison des problèmes économiques de notre continent plutôt que des capacités intrinsèques de nos joueurs. D'après ce que j'ai vu au Ghana, j'ai de sérieux espoirs que nous franchirons une autre étape dans deux ans, si nous travaillons sérieusement. Demi-finalistes, finaliste, champion, pourquoi pas”?

M. Hayatou a déclaré penser plutôt à la victoire collective de notre football.

“Nous nous sommes bien sortis de la première Coupe des Nations du second jubilée d'or de la Caf. Je visualise déjà ce qui est à venir. L'organisation réussie de la Coupe du Monde en Afrique du Sud; le lancement du premier championnat d'Afrique des Nations qui va démarrer en 2009; le renforcement de nos engagements; la relance de nos compétitions nationales; la consolidation de nos ressources; l'amélioration de nos fonctions et infrastructures. Nous devons constamment aller de l'avant”.

M. Hayatou a souligné que l'Afrique avançait probablement un peu plus lentement que les autres “mais nous avançons à notre propre rythme. Et quand je vois le pouvoir d'attraction de nos joueurs, je reste convaincu que les meilleurs d'entre eux, quel que soit le pays d'où ils viennent, vont continuer à courir après le succès”.

Il a conclu en soulignant que la force de l'Afrique était la qualité de ses joueurs et leur progression, tandis que sa faiblesse était de nature économique.

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