Débat de la rédaction : Nigeria, échec de la méthode Keshi ?

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En février dernier, le triomphe du Nigeria lors de la CAN marquait le succès de ce qu'il convient d'appeler la “méthode Keshi”, basée sur la confiance accordée aux jeunes joueurs locaux. Depuis, avec deux victoires seulement en sept matches, les Super Eagles sont rentrés dans le rang. Est-ce à dire que le Nigeria version Keshi n'était que l'équipe d'un tournoi ? Débat.


Basée sur le recours aux jeunes joueurs qui évoluent au pays plutôt qu'aux têtes d’affiche en Europe, plus expérimentées mais parfois en difficulté dans leurs clubs respectifs, la “méthode Keshi” a conduit le Nigeria au triomphe lors de la CAN 2013 en février dernier. Mais, depuis le sacre sud-africain, les Super Eagles ont tendance à battre de l'aile, enregistrant seulement deux victoires en sept matches. Faut-il pour autant en conclure à l'échec de la méthode prônée par Stephen Keshi ?


 NON

Une attaque décimée par les blessures

Le problème a été visible lors de chacune des sorties des Super Eagles pendant la phase de groupe de la Coupe des Confédérations : le Nigeria manque d'efficacité. Ce qui avait été assimilé à de la suffisance contre Tahiti s'est confirmé contre l'Uruguay et, surtout, contre l'Espagne. Les hommes de Stephen Keshi ont eu au moins trois occasions franches face à la Roja, mais toutes ont été vendangées… ” Il y avait beaucoup de nervosité devant le but. On s’est créé des occasions mais sans les conclure“, constatait d'ailleurs le sélectionneur nigérian au moment de tirer le bilan de la compétition.

Plus que leur manque d'expérience, les Super Eagles ont payé les absences sur blessure de Victor Moses et Emmanuel Emenike, qui ont déclaré forfait avant la compétition, puis de Nnamdi Oduamadi, touché contre la Celeste. Sans ces coups du sort, le Nigeria serait peut-être en demi-finales de la Coupe des Confédérations aujourd'hui tant c'est le manque d'efficacité qui a plombé les vainqueurs de la CAN.

Des adversaires de calibre

A l'heure du bilan, il faut souligner que les Super Eagles, en leur qualité de représentants du continent africain, se sont plutôt coltinés des adversaires de taille ces derniers mois. Les hommes de Stephen Keshi n'ont pas à rougir de leurs défaites face à l'Espagne, double championne d'Europe et championne du monde (0-3) et face à l'Uruguay, quatrième de la Coupe du monde 2010 (1-2), Vainqueur de la Copa America et 19e du classement FIFA. Avant ces deux défaites contre des cadors du football mondial, le Nigeria restait sur une série de 18 matches sans défaite. Tout n'est donc pas si noir.

Un succès arrivé trop tôt ?

Après tout, les attentes qui pèsent sur les épaules des Super Eagles sont sans doute trop grandes. Emmenés par une génération très jeune (Kenneth Omeruo, titulaire indiscutable à 19 ans serait en âge de disputer la Coupe du monde U20 qui se déroule actuellement en Turquie), les hommes de Stephen Keshi sont en avance sur leur tableau de marche. Le succès lors de la CAN est peut-être survenu trop tôt. Cette génération n'est de toute évidence pas encore arrivée à maturité. Parler d'échec serait donc bien trop hâtif !

 OUI

Les résultats parlent d'eux-mêmes

Avec deux victoires, trois matches nuls et deux défaites (12 buts marqués pour 10 buts) depuis la fin de la CAN 2013, le bilan du Nigeria n'est pas franchement éblouissant pour un champion d'Afrique sortant. D'autant plus que le 6-1 infligé au modeste Tahiti contribue très largement à regonfler ces stats…

Même la large victoire face aux Tao Aito est en trompe-l’œil : les Super Eagles n'ont battu les Polynésiens “que” 6-1 tandis que l'Espagne (10-0) et l'Uruguay (8-0) atomisaient véritablement les insulaires. En éliminatoires de la Coupe du monde 2014, début juin, le Nigeria a également peiné face au Kenya, s'en remettant au talent individuel d'Ahmed Musa pour venir à bout des Harambee Stars (1-0) et concédant le nul en Namibie (1-1).

Un manque d’expérience très préjudiciable

Contrepartie de la jeunesse, l'inexpérience des Super Eagles a été payée au prix fort en défense. Incapables de garder leurs cages inviolées une seule fois pendant la Coupe des Confédérations, même face au modeste Tahiti (il n'y a que contre le Nigeria que les Tao Aito ont trouvé le chemin des filets), les hommes de Stephen Keshi ont encaissé des buts évitables, principalement dus à des erreurs de marquage et à un manque de concentration. Autant de défauts inhérents à la jeunesse.

Absence de leader

Seul joueur de l'équipe à dépasser la barre des 26 ans (excepté le gardien Victor Enyeama, 30 ans), John Obi Mikel est un leader technique, capable de sonner la charge sur le terrain, mais le milieu de terrain de Chelsea ne représente en aucun cas un leader charismatique, un patron susceptible de transcender ses partenaires hors des rectangles verts. Face à l'Uruguay, après avoir encaissé un deuxième but coup de massue contre le cours du jeu, le Nigeria a baissé les bras et cédé mentalement. La faute à l'absence d'un leader, susceptible de remotiver ses coéquipiers et de sonner la révolte des Super Eagles.

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Romain Lantheaume

Je suis tombé amoureux du foot africain avec Didier Drogba, puis j’ai découvert Afrik-Foot en 2013. Depuis, nous ne nous sommes plus lâchés !