Ancienne star du TP Mazembe, l’attaquant Jackson Muleka évolue cette saison en Arabie Saoudite et plus précisément à Al-Kholood, où il est prêté avec option d’achat par Besiktas. Dans la première partie de cet entretien exclusif accordé à Afrik-Foot, l’international congolais de 25 ans revient sur sa carrière en club, notamment en Turquie, et sur son avenir.
Entretien réalisé par A.P.
Jackson Muleka, tout d’abord comment allez-vous ?
Tout se passe bien cette saison, merci.
Comment votre nouvelle vie en Arabie Saoudite se passe-t-elle ?
C’est un peu compliqué, un peu difficile vu le temps qu’il fait ici d’habitude, vu la ville où je me trouve, qui est une petite ville où il n’y a pas grand-chose à faire. Mais dans l’ensemble, c’est un bon challenge footballistiquement et je me plais bien ici quand même.
Comment votre départ à Al Kholood s’est-il dessiné ?
Ils ont proposé quelque chose qui était intéressant, surtout financièrement aussi. Je recherchais aussi du temps de jeu vu que je n’ai pas beaucoup joué ces dernières saisons. Ils m’ont proposé un projet qui était correct, dans lequel je devais beaucoup jouer et gagner mieux que ce que je gagnais à Besiktas. C’était quand même dur d’accepter comme je l’ai dit, je ne voulais pas être où j’étais. Mais vu les circonstances, c’était la meilleure option que j’avais et je l’ai acceptée.

Quel bilan dressez-vous de votre saison jusqu’ici – 5 buts et 4 passes décisives en 23 matches ?
C’est un bilan positif car le club vient de monter. J’ai marqué 5 buts et donné 4 passes décisives, mais ce n’est pas ce que j’espérais. Je veux encore faire beaucoup mieux, car la saison n’est pas encore finie. Mais pour le club, c’est positif. On se bat pour le maintien.
Quel bilan faites-vous sur le plan collectif ?
On est bien. On a eu du mal au début comme les joueurs ne se connaissaient pas. Ça a pris du temps. C’est venu depuis le début de la deuxième partie de saison. On a eu à aller chercher beaucoup de points pour mieux se positionner. C’était plus compliqué de prendre des points au début. Là, on est bien collectivement, on a une belle équipe franchement, on a de bons joueurs qui veulent jouer, qui ont envie de jouer les uns pour les autres. C’est une très bonne chose pour nous et c’est une fierté pour le club qui se place 12e pour l’instant.
“Besiktas est un grand club et j’avais envie d’y rester”
Un mot sur Myziane Maolida et Kévin N’Doram, les ex de Ligue 1 du groupe.
C’est avec eux que je m’entends le plus vu qu’on parle français. Ce sont deux bons joueurs. Kévin nous aide beaucoup. Ce sont des joueurs qui pensent à jouer. On a un groupe de joueurs qui veut juste jouer au football, c’est plaisant. Myziane est un très bon joueur, il est là, ses statistiques parlent en sa faveur, il en est à 12 buts cette saison, c’est quelque chose d’extraordinaire pour lui. Kévin fait son boulot, il est bien dans sa tête, tout ce qui lui importe, c’est de jouer au football et de prendre du plaisir.
Vous êtes prêté avec option d’achat par Besiktas. Comment voyez-vous votre avenir ?
Tout ce qui m’importe pour le moment, c’est de bien finir la saison. Le reste, on verra plus tard. Je suis concentré sur la fin de saison, sur le fait d’améliorer mes statistiques aussi et d’aider l’équipe à se maintenir. Le reste, on en parlera à la fin de la saison.
Que retenez-vous de votre passage à Besiktas où vous avez étoffé votre palmarès, avec une Coupe et une Supercoupe de Turquie ?
Besiktas est un grand club et j’avais envie d’y rester et de continuer sur la lancée de la saison dernière que j’avais bien terminée, en étant titulaire, en jouant, en marquant. J’avais envie de refaire une nouvelle saison avec cette confiance. Mais ça n’a pas marché, c’est comme ça le foot. Chacun a sa façon de voir les choses. Personnellement, moi, je suis toujours positif. C’est un club qui m’a aidé à beaucoup grandir. Je suis toujours sous contrat avec eux. Comme je l’ai dit, on verra comment ça se passera d’ici la fin de saison.
Mais dans ce club, il y a pas mal de choses que j’ai apprises et ça m’a aidé à grandir. C’est un très bon club, avec beaucoup de pression. Moi, j’aime bien ce club, avec toute cette pression qui nous aide à grandir. Comme je l’ai dit, j’aurais bien voulu rester une ou deux saisons supplémentaires, voire plus. Mais les gens ne me l’ont pas permis, ils m’ont poussé vers la sortie et ils ne voyaient que leur intérêt. Mais ce n’est pas grave, c’est le football, on comprend tous. La suite, on verra bien. Surtout que la direction là-bas a changé et il y a beaucoup de choses qui ont changé au sein du club. Je verrai comment ça va se passer pour moi.
Arthur Masuaku et Jackson Muleka remportent la Super Coupe de Turquie ! 🏆🇹🇷
— Congolese Football News (@CongoleseFNews) August 4, 2024
Besiktas (D1 🇹🇷) s’est imposé (5-0) face à Galatasaray en finale.
Arthur Masuaku 🇨🇩 a joué l’intégralité du match. Jackson Muleka 🇨🇩 est resté sur le banc.#Football #RDC #SuperCup #Turkey pic.twitter.com/rMMD44thik
Vous avez côtoyé de sacrés joueurs là-bas, comme Dele Alli ou Alex Oxlade-Chamberlain notamment. Lequel vous a particulièrement marqué ?
Ça n’a pas bien marché pour Dele Alli, Alex aussi ça a été compliqué, il s’est beaucoup blessé. J’ai connu beaucoup de gros joueurs dans ce club, il y a beaucoup de pression. Peu importe qui tu es là-bas, c’est quand même compliqué, c’est chaud. Il faut être bien dans sa tête, aussi avoir un gros mental pour bien s’adapter. Tous les joueurs que j’ai côtoyés là-bas m’ont impressionné. En termes de mentalité, Dele Alli, c’est une très bonne personne. Alex pareil. Footballistiquement, j’ai beaucoup aimé apprendre de tous ces joueurs-là, tout comme de Vincent Aboubakar. Un très bon attaquant. J’ai beaucoup appris de lui aussi.
“Niveau ambiance, je mets Besiktas tout en haut, devant Gala”
Un mot sur l’ambiance en Turquie, qui est souvent considérée comme l’une des plus chaudes d’Europe. Est-ce vraiment le cas ?
Oui, c’est extraordinaire de jouer dans ce genre de stades, surtout Besiktas, Galatasaray et Fenerbahçe. C’est quelque chose de très beau. L’ambiance, c’est du début à la fin. Quand tu joues dans ce genre d’équipes, tu as juste envie de jouer, de kiffer le moment. C’est quelque chose de très très beau.
En France, on parle un peu plus souvent de Galatasaray ou Fenerbahçe, pourtant on entend dire que les supporters du BJK sont ceux qui font le plus de bruit. Mythe ou réalité ?
C’est une réalité. Ces fans-là, en termes d’ambiance, c’est vraiment quelque chose. Peu importe le nombre, c’est vraiment quelque chose de différent, tu le sens. Toutes ces choses-là, ça te met un peu de pression. Mais ils ne veulent que la victoire de leur club, en toutes circonstances. Le club a connu des saisons un peu compliquées dernièrement, mais ils sont toujours là, derrière leur équipe. Moi, je les mets tout en haut, après il y a les fans de Gala. Fener, ils sont quand même un peu plus froids par rapport aux deux autres.
“J’ai envie de faire encore plus que ce que j’ai pu faire à Kasimpasa”
Un mot sur vos six mois à Kasimpasa en 2022, avec 12 buts en 14 matches. Est-ce que vous avez eu le sentiment de marcher sur l’eau ?
J’ai toujours eu la tête sur les épaules, peu importe le moment que je traverse. C’est comme ça que l’on m’a éduqué. C’est aussi grâce à Dieu que je sais garder la tête basse peu importe le moment que je vis. C’était un plaisir pour moi là-bas, avec la confiance et la grâce de Dieu, j’ai pu faire tout ce que je pouvais.
Et j’espère pouvoir faire encore mieux, si la confiance et l’environnement me le permettent. C’était une belle expérience qui m’a ouvert beaucoup de portes aussi. J’espère que je vivrai d’autres moments comme celui-là, parce que je suis encore là, j’ai envie de jouer, j’ai envie de faire encore plus que ce que j’ai pu faire là-bas.

Aviez-vous déjà connu ou avez-vous retrouvé cette sensation dans votre carrière ?
J’avais vécu ce genre de situations quand je jouais encore en Afrique, au TP Mazembe. Après, j’ai eu une période comme ça aussi au Standard, la première saison surtout, où j’étais bien. J’ai juste des blessures qui ont cassé mon rythme deux fois. Mais cette expérience de Kasimpasa, c’était quelque chose de particulier aussi. J’ai pris beaucoup de plaisir.
Quand tu arrives dans un club où on te fait confiance, on te donne tout, on veut juste que tu joues au foot et l’entraîneur veut simplement que tu sois bien dans ta tête et dans ton foot, c’est quelque chose de très bien. Quand en dehors du terrain, tu as des gens qui sont là pour te soutenir, que tu as des amis qui sont là, qui te poussent à être toujours meilleur, c’est tout ce dont on a besoin pour qu’un attaquant progresse et fasse de bonnes performances.
Quels souvenirs gardez-vous de votre expérience au Standard de Liège ?
Tous les clubs où je suis passé ont quelque chose de spécial pour moi. Le Standard m’a aidé à grandir. Je quittais l’Afrique pour le football européen, dans un club avec de la pression, dans lequel les supporters sont là. J’ai trouvé un club qui vivait des moments compliqués. Je venais de loin, j’ai dû jouer direct. C’était quand même compliqué mais il le fallait. Mais moi, j’ai toujours voulu jouer et prendre du plaisir, peu importe le club. Le Standard m’a offert cette chance-là. J’aime beaucoup ce club-là et j’ai pris beaucoup de plaisir à y jouer.
Rendez-vous dans les prochains jours pour découvrir la suite de notre entretien avec Jackson Muleka, où il sera question du TP Mazembe et de la sélection congolaise.