Le championnat camerounais a vécu un énième épisode douloureux dimanche lors de la 11e journée d’Elite One entre PWD de Bamenda et Fauve Azur Élite, match interrompu suite à des coups de feu aux abords du stade. Des scènes glaçantes qui soulèvent de nombreuses interrogations quant à l’organisation de cette rencontre et l'implication de la Fecafoot dans un contexte sécuritaire fragile.
Ce match était initialement prévu à Mbouda, lieu où le PWD accueille ses adversaires depuis près de trois ans en raison de la crise anglophone et de la situation sécuritaire qui en résulte au Nord-Ouest du Cameroun. Seulement, à la demande du président du PWD, Pascal Abunde, la rencontre avait finalement été reprogrammée à Bamenda.
Un choix validé par la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), dirigée par Samuel Eto’o. Pourtant, plusieurs voix s’étaient élevées pour dénoncer la dangerosité d’un tel déplacement. Mais le stade Yong Francis Arena, jugé inadéquat pour accueillir des rencontres de championnat, avait été validé après une inspection du secrétaire général du Conseil Transitoire du Football Professionnel (CTFP), Blaise Mbida.
Autorisation présidentielle
Une décision qui passe mal après les coups de feu entendus dimanche. Patrick Balla, responsable de la communication de Fauve Azur, n’a pas caché son incompréhension et a publiquement remis en cause la Fecafoot.
“Ce match ne devrait pas être programmé à Bamenda. En fin de semaine dernière, Pascal Abunde, en délicatesse dans son club et menacé d’être débouté, est allé voir le président de la Fecafoot pour que ce match soit programmé à Bamenda, (…) faveur qui lui a été accordé.“, a déploré le club visiteur.
Un climat hostile dénoncé par Fauve Azur
Dès le coup d’envoi, l’ambiance était pesante. Fauve Azur menait au score grâce à Jean Claude Kameni, mais les supporters locaux ont rapidement mis la pression sur les visiteurs. “Nos joueurs ont été menacés, notre coach sommé de s’asseoir, nos latéraux empêchés de jouer normalement“, dénonce Patrick Balla.
Pire encore, l’arbitrage a également été remis en question. Selon les Faya Boys, l’égalisation du PWD Bamenda par Trésor Mbengue aurait été accordée dans des conditions contestables.
“L’arbitre n’a pas eu le courage de siffler une faute sur notre gardien et a validé un but que personne n’aurait accordé dans un stade normal.“
PWD de Bamenda se défend
La situation a dégénéré lorsque des coups de feu ont retenti, plongeant le stade dans un climat de panique totale. Les joueurs de Fauve Azur ont dû quitter les lieux sous forte escorte policière. Ces événements remettent évidemment en question la pertinence d’organiser des rencontres dans une région marquée par un conflit armé depuis 2017 entre les séparatistes anglophones et les forces gouvernementales.
“Nous souhaitons clarifier l'opinion publique sur le fait qu'aucun incident de ce type ne s'est jamais produit à Bamenda impliquant un match de football d'élite ou de championnat régional, s'est défendu le PWD. Nous sommes convaincus que la vérité sur ce qui s’est réellement passé sera dévoilée afin que les mesures nécessaires soient prises pour garantir que cela ne se reproduise jamais. Même si nous condamnons fermement cet acte, nous restons convaincus que le football est un symbole d’unité et d’espoir. Nous restons fermes sur notre engagement à rapprocher le jeu de notre communauté. Nous apprécions la décision de la Fecafoot de garantir que le football soit pratiqué dans toutes les régions du pays, y compris le Nord-Ouest“.
Après ces événements et alors que certains dénoncent une décision irresponsable de la Fecafoot d'avoir autorisé cette rencontre à Bamenda, pas sûr toutefois que le stade Yong Francis Arena accueille de nouveaux matchs de sitôt…
