Le bail de Mohamed Raouraoua à la tête de la Fédération Algérienne de Football semble toucher à sa fin puisque le président quittera probablement son poste à la fin de l'année. Il peut se targuer d'avoir instauré la professionnalisation, certes encore bancale, du championnat national. Mais le bât blesse concernant l'équipe nationale. Le pari de construire la sélection à partir de joueurs nés et formés à l'étranger a fonctionné un temps, la participation à la coupe du Monde 2010 en atteste. Mais la crise de résultats actuelle devra amener son successeur à changer de stratégie.
Auparavant joueur puis entraîneur, Mohamed Raouraoua ne veut pas
faire le match de trop. Selon des sources proches de la Fédération
Algérienne de Football (FAF), le président de l'instance devrait
quitter ses fonctions à la fin de l'année, rapporte El Watan.
Raouraoua le fera probablement en décembre, à l'occasion de
l'assemblée générale élective de la CAF. Celui qui a été à la tête
de la fédération de 2001 à 2005 et de 2009 à aujourd'hui serait
“fatigué” par la charge de travail qu'il abat
quotidiennement et du “manque de répondant” de la part des
différentes parties censées l'accompagner dans ses tâches.
Rappelons qu'au-delà d'être à la tête de la FAF, Raouraoua est
président de l'Union nord-africaine de football, vice-président de
l'Union des associations de football arabe et membre du Comité
Exécutif de la FIFA. Cela fait peut-être beaucoup pour un seul
homme.
Mais il est possible d'avancer deux autres raisons pour expliquer ce départ annoncé. La professionnalisation du football algérien, lancée la saison dernière et qui constitue le principal projet de Raouraoua, n'est pas encore totalement effective. Tout au long de la saison écoulée, les prises de bec entre les dirigeants des clubs et la Fédération nationale de football ont été légion. Des grèves ont été annoncées et une association de présidents de club est née pour défendre leurs intérêts. Les griefs ont été nombreux. Le principal étant le manque de moyens pour répondre au nouveau cahier des charges. Les obligations d'assurer la formation et de détenir un stade et des structures sportives garantissant l'accès de plain-pied dans le monde du football moderne handicapent la majorité, pour ne pas dire la totalité des clubs, désormais professionnels presque malgré eux. Alors que se profile la deuxième édition du championnat professionnel, espérons que ces clubs sauront attirer davantage d'investisseurs, afin de s'affranchir du soutien de l'Etat et voler de leurs propres ailes.
La participation à la Coupe du monde 2010 en trompe-l’œil
Deuxièmement, Raouraoua est le président d'une fédération dont l'équipe nationale est en pleine crise. La cuisante défaite concédée à Marrakech en juin face au Maroc (0-4), qui a quasiment réduit à néant les chances des Fennecs de participer à la prochaine Coupe d'Afrique des Nations au Gabon et en Guinée équatoriale , a montré les limites de sa politique. En effet, le pari de construire l'équipe à partir de joueurs nés et formés à l'étranger a certes permis aux Fennecs de participer à nouveau à une phase finale de Coupe du monde en 2010 après 24 ans d'absence. Mais aujourd'hui l'équipe nationale est en crise de résultats et dans un impasse. En effet, la faiblesse de la formation des jeunes talents et de leur promotion en Algérie ne permet pas de croire que des joueurs locaux pourront apporter une véritable valeur ajoutée à cette équipe.
La véritable réussite de Raouraoua à la tête de la fédération se
trouve plutôt dans le domaine financier. En effet, grâce à un
travail sans relâche effectué en direction des sponsors, le
président a dôté la FAF de moyens dignes d'une fédération
ambitieuse et désireuse d'aller de l'avant. Les contrats, encore en
cours, garantira une “sécurité” en matière de financement pendant
deux, trois ans, voire plus, à son successeur.
Si l'on a bien un conseil à donner à ce successeur, c'est de ne pas
cumuler les postes. La tâche de redresser le football algérien,
loin d'être une partie de plaisir, mérite que l'on y porte toute
son attention et toute son énergie.