Coupe du monde 2010

Publié le par Saïd Aït-Hatrit, actualisé le

L'Afrique félicite depuis samedi la Nation Arc-en-ciel pour sa victoire dans la course à l'organisation de la Coupe du monde 2010. Après un week-end de célébrations, les Sud-africains songent désormais aux diverses retombées de l'événement. Le Maroc, principal vaincu, tente de reprendre pied et souligne la nécessité, malgré la défaite, d'aller de l'avant.


Une « victoire pour l'Afrique ». C'est en ces termes que les chefs d'Etat africains félicitent l'Afrique du Sud, depuis samedi, pour sa victoire dans l'organisation de la Coupe du monde 2010. Non pas qu'ils aient oublié que ladite victoire était acquise de longue date pour le continent, mais le mot d'ordre est aujourd'hui à l'unité. Le Roi Mohamed VI, dont le pays était le principal challenger de l'Afrique du Sud, a ainsi été l'un des premiers à féliciter son homologue sud-africain. Le Président sénégalais, allié du souverain cherifien, en a rapidement fait de même. « Que ce soit le Maroc ou l'Afrique du Sud, c'est l'Afrique qui gagne. Il y a une compétition, je me suis pronostiqué en faveur du Maroc, qui n'a pas gagné. Bon, c'est le sport », a-t-il déclaré à la presse sénégalaise. « Je me réjouis pour l'Afrique du Sud et je félicite mes frères sud-africains, le Président et tout le peuple sud-africain qui va recevoir cette compétition mondiale », a-t-il ajouté.

« Une maladie appelée Fifa »

Si la presse continentale se réjouit tout autant de la victoire de la Nation arc-en-ciel, certains médias ont du mal à cacher leur rancœur. Notamment ceux dont le pays était engagé dans la compétition. La presse libyenne s'en est ainsi donnée à cœur joie, dès samedi, après que la candidature nationale ait été rejetée. Officieusement, la décision aurait été motivée par le refus du pays d'accueillir une sélection israélienne sur son sol en cas de victoire. Officiellement, la Libye ne remplissait pas toutes les conditions.

Dans un article fourre-tout intitulé « Une maladie appelée Fifa », le quotidien Al-Zahf al-Akhdar décrit l'organisme international comme « un cauchemar dans lequel nous vivons depuis un siècle (…), une mafia, avec sa corruption, ses conspirations au sein des clubs, ses drogues et ses trafics de stéroïdes, ses blanchiments d'argent » ! Même ton dans l'éditorial du journal Al-Shams : « Fifa des riches, va au diable ». Après avoir conclu au discrédit de l'organisme, en raison de sa manipulation par et pour les nations possédantes, l'auteur recommande aux « pays pauvres, qui composent la majorité des 204 membres de la Fifa, de former leur propre Fifa ».

« Aller de l'avant »

Les médias marocains, moins véhéments, hésitent entre un sentiment de fierté et une désagréable sensation d'avoir été floué. « Grâce à la volonté implacable des Marocains, les Africains ont pu obtenir auprès des instances internationales du football une certaine crédibilité et un respect inestimable(…) Si les citoyens marocains n'ont pas eu la satisfaction de voir leurs efforts couronnés par l'attribution de l'organisation au Royaume, il n'en demeure pas moins qu'ils sont aujourd'hui satisfaits de voir triompher la cause pour laquelle ils ont milité depuis fort longtemps. A savoir l'organisation de la Coupe du monde sur le continent africain. », peut-on lire dans les colonnes du Matin.

« Le Maroc, quelques heures avant le vote et de l'avis de tous, faisait l'unanimité », poursuit le quotidien, dans un autre article, non sans subjectivité. « Mais cela n'a pas suffit pour convaincre le staff du comité exécutif de la FIFA, dont l'attitude a été jugée partiale, surtout celle de son président Joseph Blatter ». D'ailleurs, à Zurich, « nombre de Marocains » se plaisent à surnommer l'instance mondiale «Fédération Internationale de la Finance et de l'Arnaque», s'amuse l'auteur de l'article.

Le quotidien d'opinion Libération n'en pense pas moins : « Sur ce coup-ci, comme dans tous les autres, il Sepp Blatter] a été effrontément partial. Pour un Suisse, c'est le comble ! » Mais le journal, à l'évidence déstabilisé par l'événement, s'empresse de redresser le cap dans son [édito : « Soulignons d'emblée qu'il est stupide de s'en prendre à Blatter, de crier au complot ourdi par des forces occultes qui agissent dans les coulisses de la FIFA. C'est un raisonnement qui rappelle les lendemains de défaite d'une équipe de série B commentée au café de Commerce ». Le Maroc comptait beaucoup sur l'organisation du Tournoi comme catalyseur du développement national. Et l'article, intitulé « Et maintenant, au travail », souligne la nécessité pour le Maroc de décupler ses efforts, malgré un horizon 2010 sans Coupe du monde. « L'issue voulue par Blatter ne doit en rien entamer la volonté d'aller de l'avant ».

« 159 000 emplois créés »

Le contraste est saisissant en Afrique du Sud. La photo de Nelson Mandela levant la Coupe du monde de football, en larme, a fait le tour du monde. Le mythe vivant, ému, a consacré ses premiers mots « à ceux dont les espoirs ne se sont pas concrétisés ». Il « ne faut pas se décourager », a-t-il tenté de les consoler. Quant au chef de l'Etat sud-africain, Thabo Mbeki : « la Fifa a fait le bon choix », a-t-il déclaré. Avant d'inviter ses concitoyens à « sortir célébrer cette victoire ». Une recommandation suivie à la lettre, si l'on en croit les unes des journaux sud-africains.

Mais dès lundi, la fête passée, les médias nationaux ont commencé à s'intéresser aux chiffres. Et pour le Sunday Times, « la question est maintenant de savoir comment le gouvernement et les milieux d'affaire vont capitaliser cette victoire, pour avoir un retour sur l'investissement de 2,3 milliards de Rands nécessaires à l'amélioration des infrastructures (288 millions d'euros). Avec 2 335 000 visiteurs attendus, la Coupe du monde devrait rapporter 21,3 milliards de Rands au Produit intérieur brut sud-africain (…) et créer 159 000 emplois » !

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Saïd Aït-Hatrit