L'escalade dans la guerre ouverte entre Samuel Eto’o et Geremi Njitap atteint un nouveau sommet.
Selon Equinoxe Radio, une station basée à Douala, l’ancien international camerounais et président du Syndicat national des footballeurs du Cameroun (Synafoc), a été suspendu pour cinq ans de toute activité liée au football par la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) de Samuel Eto'o. Il écope également d’une amende de 10 millions de FCFA (environ 15 250 euros). Comment en est-on arrivé là ?
🔴 ALERTE INFO : Selon Équinoxe Radio, la fédération camerounaise de football vient de suspendre le Président du SYNAFOC, Geremi Njitap, pour une durée de cinq ans ! #CFOOT 🇨🇲 pic.twitter.com/koapDu8r54
— CFOOT (@cfootcameroun) June 18, 2025
Rivalité personnelle… devenue institutionnelle
Fut un temps, le « Géomètre national » et le « Roi Lion » (respectivement 119 et 118 sélections chacun !) portaient ensemble les Lions Indomptables sur le toit de l’Afrique, avec deux CAN remportées et deux Coupes du monde disputées ensemble. Sur le papier, l'association après-carrière aurait pu être belle. Mais depuis qu’ils ont troqué le maillot pour le costume, les deux hommes se sont plutôt rendus coup pour coup, jusqu'au point de non-retour.
Cette décision d'Eto'o fait suite à une série d'attaques contre la Fédération par son ancien coéquipier. Après avoir gagné les premières manches, par des mises à l'amende ou différentes critiques sur le championnat qui ont eu de l'écho, l'ancien latéral de Newcastle a ensuite progressivement perdu son bras de fer institutionnel avec l'ancien buteur du Barça, qui se montrait de plus en plus menaçant envers son ancien coéquipier.
Des raisons encore floues
Mais ce serait un incident survenu pendant la CAN 2023 en Côte d’Ivoire qui aurait tout fait basculer. Selon un communiqué publié par le Synafoc en février 2024, Geremi Njitap aurait été expulsé manu militari des vestiaires des Lions Indomptables à Bouaké, sur instruction directe du protocole présidentiel de la Fecafoot. Les raisons exactes de cette expulsion, et de la suspension qui en découle aujourd'hui restent encore floues. À l'heure actuelle, la Fecafoot ne s’est pas encore exprimée publiquement sur le fond. Mais les faits reprochés, qu'ils soient avérés ou pas, semblent sérieux.
Le bras droit de Geremi, Me Daniel Blaise Ngos, avocat et secrétaire général du Synafoc, est lui aussi sanctionné : deux ans de suspension et une amende de 5 millions de FCFA (environ 7 600 euros).
Déjà, en novembre 2024, la Fecafoot avait retiré au Synafoc son statut d’organisation reconnue, pour lui préférer l’Association Nationale des Footballeurs Camerounais (Anfc), un nouveau syndicat soutenu par l’instance.
Une décision controversée
Au Cameroun, plusieurs observateurs dénoncent déjà une décision arbitraire et politique. Selon certaines sources, la Confédération Africaine de Football (CAF) aurait même demandé à la Fecafoot de suspendre toute procédure contre Geremi, estimant que l’affaire relevait de sa compétence exclusive, puisque les incidents en question se sont déroulés durant une compétition CAF.
🔴 En suspendant Geremi Njitap, la FECAFOOT bafoue les instructions de la CAF
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La CAF avait demandé à la fédération d’arrêter toute action contre Geremi Njitap, jugeant l’instance de Tsinga INCOMPÉTENTE pour statuer sur des affaires qui se sont déroulées en pleine compétition CAF pic.twitter.com/N1SJlwBXAL
Cette injonction aurait été ignorée par l’équipe de Samuel Eto’o, qui persiste à faire le ménage dans les structures considérées comme hostiles à sa gouvernance. Une attitude perçue par certains comme une dérive autoritaire, qui alimente les critiques déjà nombreuses visant l’ancien attaquant du Barça.
La réaction du camp Geremi attendue
Avec cette suspension, c’est une figure respectée du football local, ancien capitaine des Lions et double vainqueur de la CAN qui est attaquée. La mise à l’écart du Synafoc, organisation historique des joueurs camerounais, et son remplacement par une structure plus docile, posent aussi des questions sur l’indépendance des instances représentatives.
À l’heure où le Cameroun cherche à reconstruire une sélection performante et à stabiliser sa gouvernance, cette guerre d’influence pourrait faire de nouveaux dégâts. Le camp Geremi n’a pas encore réagi officiellement, mais tout laisse à penser qu’un recours devant le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) est à venir. La CAF, elle aussi, pourrait être amenée à intervenir.
Un feuilleton loin d’être terminé.
