Après l'avoir longtemps écarté l’hypothèse, Sepp Blatter fait volte-face : le président de la FIFA souhaite que la Coupe du monde 2022, organisée au Qatar, ait lieu en hiver. Une éventualité qui ouvrirait une boîte de Pandore pouvant déboucher sur l’attribution du Mondial à un autre pays.
“La Coupe du Monde doit être une fête du peuple. Mais pour que ce soit un tel festival, vous ne pouvez pas jouer au football l'été“. Par ces quelques mots, Sepp Blatter vient peut-être de provoquer une tempête. S'exprimant sur le Mondial 2022, qui aura lieu au Qatar, mercredi dernier lors d'une conférence à Kitzbühel (Autriche), le président de la FIFA a, pour la première fois, clairement évoqué l'éventualité de faire disputer la Coupe du monde 2022 en hiver.
“Vous pouvez refroidir les stades, mais vous ne pouvez pas refroidir l'ensemble du pays et vous ne pouvez pas simplement refroidir l'ambiance d'une Coupe du Monde. Les joueurs doivent être capables de jouer dans les meilleures conditions“, a argué le dirigeant suisse.
A première vue, l’idée de faire disputer le Mondial qatari en hiver (soit en février-mars 2022, soit entre mi-octobre et fin-décembre 2022), dérogeant ainsi à la tradition d’une grande fête du football mondial ayant lieu en été, respire le bon sens. En période estival, le mercure augmente allégrement dans l’Emirat, atteignant les 50°C.
Chaleur et forte humidité
Fort de ses “gazo-dollars”, le Qatar a prévu des enceintes entièrement climatisées. Mais les technologies qu’il compte utiliser en sont encore au stade embryonnaire. D’autre part, tous les joueurs passés par le championnat local s’accordent à dire que le taux d’humidité est de toute façon trop élevé en été (80%), augmentant la sensation de chaleur ressentie.
“Le fait que la compétition doive se dérouler en juin-juillet, les deux mois les plus chauds dans cette région, doit être considéré comme un risque de santé potentiel pour les joueurs, les spectateurs, les officiels et la famille de la FIFA, que ce soit dans les sites d’entraînement ou les stades, et nécessite la prise de précautions spécifiques“, avertissait la commission technique de la FIFA dans les mois qui ont suivi l’attribution du Mondial au Qatar, en décembre 2010.
Décision du comité exécutif
Sepp Blatter s’est donc résolu à admettre l’inévitable : le Mondial 2022 doit se disputer en hiver. “Nous devons discuter avec nos partenaires, nos sponsors, les chaînes de télévision. Nous devons être très forts à ce sujet. Nous avons encore assez de temps. Je vais ouvrir des discussions au sein du comité exécutif en octobre“, a-t-il fini par lâcher.
Mais on ne déplace pas la date d’une Coupe du monde d'un simple claquement de doigt. Un tel changement ne peut que répondre à une requête déposée par le Qatar lui-même auprès de la FIFA. Le comité exécutif de l’instance dirigeante du ballon rond se prononcerait alors sur l’opportunité d’une telle mesure.
Etats-Unis et Australie à l’affût
Le cas de figure a peu de chance de se présenter : en déposant une requête le Qatar se tirerait une balle dans le pied. La Coupe du monde a en effet été attribuée à l’Emirat selon un appel d’offres précis. Et tout porte à croire qu’il spécifiait que le Mondial doit se tenir en été, comme France Football l’a révélé dans son édition du 29 janvier dernier.
En cas de programmation de la compétition en hiver, les candidats malheureux à son organisation (Australie, Corée du Sud, Etats-Unis, Japon) auraient donc la voie grande ouverte pour ouvrir un recours juridique réclamant la nullité du vote qui a conduit à attribuer la Coupe du monde au Qatar. Un nouveau vote, avec un nouvel appel d’offres se tiendrait alors pour désigner le pays organisateur.
Le Qatar pris entre deux feux
Candidats éconduits en décembre 2010, les Etats-Unis et l’Australie seraient à l’affût, prêt à s’engouffrer dans la moindre faille juridique. Déjà embourbé dans le “Qatargate” et les nombreux soupçons de corruption qui pèsent sur l’attribution de “son” Mondial, l’Emirat ne recherche certainement pas à ouvrir une nouvelle boîte de Pandore.
Mais, devant le fiasco annoncé que représenterait une Coupe du monde organisée en été dans ces conditions, a-t-il vraiment le choix ? La réponse devrait intervenir au plus tard courant 2014 afin de laisser le temps aux Qataris de modifier, le cas échéant, leur cahier des charges.