Le Cameroun cristallise l'attention, mais n'est pas seul : au Mali, la tension monte aussi entre la Fédération Malienne de Football (FEMAFOOT) et le ministère des Sports. À l’origine du conflit, un audit financier lancé par le gouvernement pour examiner la gestion des fonds publics alloués à la fédération entre 2020 et 2024.
L'audit de la discorde
Cette décision fait suite à une série d’irrégularités déjà pointées dans d’autres institutions sportives nationales, et notamment le remboursement récent de la somme de 18 millions de francs CFA (environ 27 440,82€) par la FEMAFOOT sur demande de l’État.
Problème : la fédération refuse catégoriquement cette inspection, estimant que le ministère n’a aucun droit de regard sur ses finances, puisqu’elle fonctionne essentiellement avec les subventions de la FIFA et de la CAF. Une situation qui reflète un malaise plus large au sein du football malien, où la gestion opaque des fonds par la Fédération est régulièrement pointée du doigt depuis de longues années.
Le communiqué au vitriol contre le ministère
En représailles, le ministre a demandé d'ajourner l’Assemblée générale de la FEMAFOOT prévue le 28 février. C'est dans ce contexte que la FEMAFOOT a publié un communiqué cinglant mercredi, dénonçant une ingérence pure et simple. Elle reproche au Directeur National des Sports de vouloir semer la zizanie et de jouer un double jeu, affirmant qu’« il souffle à la fois le chaud et le froid » pour mieux manipuler la situation. Selon la fédération, cette tentative de contrôle ne repose sur aucune base juridique et cache des intentions politiques.
« Monsieur le Directeur, votre jeu est clair, on voit la main de vos mandants, on sait pour qui vous roulez », accuse-t-elle dans un ton très direct, suggérant que le ministère chercherait à placer ses propres hommes aux commandes du football malien. La FEMAFOOT considère cette intervention comme “un abus d’autorité” et un “détournement de pouvoir“, affirmant que le véritable but du ministère est de “créer le désordre” dans le football national. Malgré la pression, elle maintient son Assemblée Générale du 28 février, en invoquant son indépendance et les règlements de la FIFA, qui interdisent toute ingérence étatique dans les affaires des fédérations.
Des “casseroles” trop bruyantes ?
Les casseroles sont tellement grosses qu'ils défient l'état Malien @GoitaAssimi @PresidenceMali
A vous de jouer débarrassez nous de ces impostures— Brahim Thiam (@thiam_brahim) February 19, 2025
Mais cette position de la FEMAFOOT ne convainc pas tout le monde. Brahim Thiam, ancien international malien devenu consultant, a vivement réagi sur X en accusant la fédération, présidée depuis sa cellule de prison par Bavieux Touré, de vouloir échapper à toute responsabilité : « Les casseroles sont tellement grosses qu’elles défient l’État malien. À vous de jouer, débarrassez-nous de ces impostures » avant d'identifier le compte de la présidence et celui du président, le colonel Assimi Goïta, invitant donc le sommet de l'État à s'en mêler.
La FIFA, souvent prompte à défendre l’indépendance de ses fédérations membres, pourrait être amenée à intervenir si le ministère insiste. Mais le gouvernement malien, de son côté, s’appuie sur une loi de 2017 qui lui donne le droit de contrôler les fédérations sportives nationales. Un bras de fer explosif s’annonce entre l’État et la FEMAFOOT, avec un enjeu de taille : qui détient réellement le pouvoir sur le football malien ?
Plus généralement, cette situation illustre l'ambiguïté des rôles entre ministères et fédérations sportives.