A seulement 20 ans, le Ghanéen Mohammed Sofo est en train de se faire un nom cette saison avec les New York Red Bull en Major League Soccer. Formé au Mali, le compère d’attaque d’Eric Maxim Choupo-Moting s’est confié en exclusivité pour Afrik-Foot. L’occasion pour l'ailier de revenir sur son parcours, les frères Ayew mais aussi ses ambitions avec les Black Stars à un an de la Coupe du monde qui aura lieu “chez lui” aux Etats-Unis.
Entretien réalisé par A.P.
Vivre à New York, qu’est-ce que ça fait ?
Je prends beaucoup de plaisir, que ce soit dans mon football et dans ma vie ici, c’est bien. Je me sens bien.
Comment évaluez-vous votre adaptation à votre nouvel environnement, sur et en dehors du terrain ?
Je crois que je grandis jour après jour. Au début, c’était un peu compliqué. Mais je continue à m’améliorer, que ce soit en tant que joueur ou en tant qu’homme.
You know who it is.
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Mohammed Sofo 🇬🇭⭐️ MAN OF THE MATCH pic.twitter.com/q0fF5HMn3R
Pouvez-vous nous expliquer comment votre carrière de footballeur vous a mené du Ghana au Mali, puis maintenant aux États-Unis ?
Tout a vraiment commencé vers l’âge de 9 ans, j’ai eu l’opportunité de faire un essai à Accra, la capitale du Ghana. Pendant une semaine, j’ai démontré que je pouvais intégrer l’Académie Jean-Marc Guillou. J’ai rejoint l’Académie au Mali en 2014 ou 2015 je crois. J’ai passé six ou sept ans là-bas. Ensuite, pendant cette période au Mali, j’ai disputé un tournoi au Sénégal et c’est durant cette compétition que l’option de signer pour le New York Red Bull s’est présentée.
Vous avez démarré par l’équipe réserve en arrivant à l’été 2023. Vous êtes désormais un membre régulier de l’équipe première depuis le début de l’année. Vous attendiez-vous à ce que cela aille si rapidement ?
Quand je suis arrivé, la chose la plus importante était que je venais de réaliser un rêve. J’ai toujours voulu être footballeur professionnel. New York Red Bull m’a permis de réaliser mon rêve. Puis j’ai continué à travailler dur pour pouvoir atteindre l’équipe première, un de mes autres objectifs. J’ai travaillé, j’ai progressé, j’ai grandi et je crois que les résultats parlent pour eux.
“Choupo-Moting, c'est un peu comme mon grand frère”
Vous avez disputé 13 matches en MLS jusqu’à aujourd’hui, vous avez marqué 4 buts et donné une passe décisive. Quel bilan faites-vous de votre saison jusqu’à maintenant ?
Pour être honnête, ce n’est pas mal ! Même si, pour moi, personnellement, je pense que je peux faire encore mieux que ça. Mais je suis déjà très fier de ce que j’ai réalisé jusqu’ici et je dois simplement continuer. J’engrange de l’expérience au fil des matches, que ce soit au niveau de l’intensité et de l’exigence de la compétition. J’apprends beaucoup et j’essaie de progresser pour les matches qui viennent.
Mohammed Sofo opens the scoring for @NewYorkRedBulls!
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Vous jouez avec un autre attaquant africain de grand talent, le Camerounais Eric Maxim Choupo-Moting, qui est en grande forme cette saison (11 buts en MLS). Que pouvez-vous nous dire de lui comme joueur, mais aussi en tant que personne et mentor, car j’imagine que vous essayez de vous inspirer de lui et de lui demander des conseils ?
Tout le monde connaît les qualités d’Eric Maxim Choupo-Moting en tant que footballeur et attaquant. Mais partager le vestiaire avec une personne comme lui, pour moi, c’est incroyable. Il est l’un des meilleurs joueurs avec lesquels j’ai évolué jusqu’ici dans ma carrière.
Il m’aide aussi beaucoup, il essaie de m’aider quand j’ai des questions sur le jeu ou même en dehors. Il me transmet l’expérience qu’il a eue de par sa carrière. Il a été au très haut niveau, ce que j’essaie d’approcher, alors c’est une bonne opportunité pour moi d’apprendre à ses côtés. Je sens qu’il a un impact positif sur moi, sur et en dehors du terrain. Un peu comme un grand frère.

Début mai, vous lui avez donné une passe décisive contre l’Inter Miami, mais vous avez perdu le match 4-1, avec des buts de Luis Suarez et Lionel Messi notamment. Jouer contre l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de ce sport, comment c’était ?
C’était aussi un rêve qui se réalisait. Mais c’était une émotion mitigée. D’un côté, je jouais contre l’un des meilleurs joueurs du monde. Mais de l’autre côté, je voulais absolument gagner ce match. J’ai grandi en le regardant à la télévision, alors jouer contre Messi, c’était quelque chose d’extraordinaire. J’étais content, mais, en même temps, frustré par le résultat du match, car je veux toujours gagner, peu importe qui est en face. Mais j’étais fier de pouvoir vivre ce moment-là.

Quels sont les principaux objectifs de la suite de la saison pour le New York Red Bull et vous ?
L’objectif principal, c’est de gagner des matchs. C’est pour cela que l’on se bat. On veut faire de notre mieux dans toutes les compétitions dans lesquelles nous sommes engagés, la MLS, la Coupe, etc. On veut essayer de tout gagner. C’est notre but principal. Moi, je veux aider l’équipe à atteindre ses objectifs. Si on veut y arriver, il faut que tout le monde se mettre au service de l’équipe. Je sais bien sûr qu’en tant que joueur offensif, je dois marquer et donner des passes décisives, mais le plus important, c’est d’aider l’équipe au maximum.
“Représenter le Ghana est un de mes rêves”
J’imagine aussi que, sur le plan individuel, vous espérez attirer l’attention du sélectionneur du Ghana Otto Addo pour décrocher votre première sélection, n’est-ce pas ?
Représenter mon pays, le Ghana, est aussi un de mes rêves, oui. Mais je ne peux rien contrôler. Tout ce que je peux faire, c’est continuer à être performant sur le terrain et si je le fais, l’opportunité se présentera.

Quelle(s) Black Star(s) vous a(ont) le plus inspiré ?
Asamoah Gyan, il est le numéro 1 pour moi. Avec Ronaldinho, il est l’un de mes modèles, pour la joie qu’il nous donnait lorsqu’il jouait. Quand j’étais jeune au Ghana, il était la star, il marquait beaucoup de buts et j’aimais comment il jouait et célébrait ses buts. J’adorais ce joueur.

Un mot sur les frères Ayew, André et Jordan, qui ont aussi porté l’étendard du Ghana bien haut en France récemment.
Ils sont aussi supers. On ne pourra jamais oublier tout ce qu’ils ont fait pour la sélection nationale. Ils ont rendu les Ghanéens et le football ghanéen très fiers. Pour être honnête, ce sont également des joueurs que j’ai suivis, dont je me suis inspiré pour tout ce qu’ils ont fait pour l’équipe nationale.

Est-ce que rejoindre l’Europe un jour est dans un coin de votre tête ?
Oui, c’est également un rêve. Je veux continuer à grandir et à progresser dans ma carrière, alors c’est une étape que j’aimerais découvrir bien sûr. Mais pour l’instant, je travaille ici avec le New York Red Bull, je progresse. On verra si ça arrive.
“Je rêve de Premier League, je suis aussi la Ligue 1 et la Bundesliga”
Avez-vous une destination favorite sur le Vieux continent ?
J’aimerais savoir à quoi ressemble la Premier League, car c’est le championnat que j’ai suivi quand j’étais enfant. J’aimerais le vivre personnellement, l’intensité, l’atmosphère, pour pouvoir ressentir ce que tout le monde en dit. Mais je suis aussi la Ligue 1 et la Bundesliga.
La Coupe du monde des clubs se déroule actuellement aux États-Unis. En 2026, c’est la Coupe du monde qui se tiendra aux USA. Sentez-vous déjà un engouement grandir pour ces compétitions et le football en général ?
Oui, je crois que ce sera grand. Les États-Unis sont un pays très accueillant, alors ça sera sans doute incroyable. Quand on voit comment se passe actuellement la Coupe du monde des clubs, je suis sûr qu’il y aura le même enthousiasme et plus encore pour la Coupe du monde l’année prochaine. En fin de compte, le football, c’est ça : prendre du plaisir et faire cohabiter les gens.
Avec vous à la pointe de l’attaque du Ghana ?
Insh’Allah, j’espère !
Entretien réalisé par A.P.