Championne d'Afrique et d'Algérie, l'ES Sétif a trusté les récompenses lors de la cérémonie de remise des Oscars Maracana. Une nouvelle consécration pour un club qui s'est fait une spécialité dans la relance de binationaux qui ont échoué à s'imposer au haut niveau en France. La preuve par trois avec le gardien Sofiane Khedairia, le milieu Toufik Zerara et l'attaquant El Hedi Belameiri.
Depuis près d’un an, l’ES Sétif domine le football algérien et africain. Vainqueur de la dernière édition de la Ligue des champions et sacré champion de Ligue 1 samedi soir, l’Aigle Noir a effectué une véritable razzia lors de la cérémonie de remise des Oscars Maracana, qui récompensent les meilleurs acteurs du football algérien : meilleure équipe, meilleur joueur, meilleur entraîneur, meilleur gardien. Seul le titre de meilleur espoir, revenu à Oussama Derfelou (RC Arbaâ), lui a échappé.
Pour bâtir son succès, l’Aigle Noir s’est appuyé sur un jeune entraîneur, Kheireddine Madoui, mais aussi sur un savant mélange entre joueurs locaux (Demmou, Mellouli, Lagraa, Djahnit et Ziaya) et binationaux qui n’ont pas su s’imposer au plus haut niveau en France. Bien aidés par la formation défaillante en Algérie, ces joueurs ont trouvé un terreau fertile pour exploser au pays des Fennecs. Alors que la tradition pourrait se poursuivre avec le possible recrutement du Grenoblois Farès Hachi, retour sur les 3 paris gagnants de l’ES Sétif dans ce domaine.
Sofiane Khedairia, gardien, 26 ans
Parcours : Toulouse, Besançon, Cassis Carnoux, Le Mans, ES Sétif
Lorsque l’ES Sétif est allée le chercher à l’été 2012, le gardien, alors âgé de 23 ans, sortait d’une saison anonyme passée au Mans, en Ligue 2 (1 match joué). “Je devais prouver que ce n'était pas mon faible niveau qui m'avait fait venir ici, juste le manque de confiance des clubs français“, explique-t-il. Après “quelques moments délicats” lors de sa première année, le portier explose en 2014 tout au long du parcours menant au sacre en Ligue des champions.
Il enfile ensuite le costume de sauveur lors des séances de tirs au but contre le Western Sydney Wanderers lors du match pour la 5e place au Mondial des clubs, puis en février dernier, contre Al Ahly à l'occasion de la Supercoupe d'Afrique. Son parcours dans les rangs de l'ESS a, depuis, traversé quelques zones de turbulences. Soupçonné de simuler une blessure pour sécher un déplacement en Gambie, l’ancien Toulousain a failli être mis à la porte par son entraîneur. Tout finit bien finalement puisqu’il vient tout juste de prolonger jusqu’en 2017 et se voit enfin offrir sa chance en sélection. Son rêve.
Toufik Zerara, milieu de terrain, 29 ans
Parcours : FC Sochaux, GB Anvers (BEL), Al Dhafra (EAU), Falkirk FC (ECO), Al Dhafra, Colmar, JSM Béjaïa, ES Sétif
A la différence de Khedairia, le polyvalent milieu défensif (il a débuté comme ailier et peut aussi jouer latéral gauche) ne s'est pas directement relancé à l’ES Sétif. Recruté par la JSM Béjaïa après avoir beaucoup bourlingué, il avait déjà montré de belles dispositions avant de rejoindre les Hauts-Plateaux à l'été 2013. Il a néanmoins franchi un palier supplémentaire chez l’Aigle Noir.
Ancien international Espoir français, cet infatigable récupérateur a connu son heure de gloire mercredi soir, lorsqu’il a été sacré meilleur joueur du championnat. “J'estime que j'ai pleinement mérité cette distinction. J'ai travaillé dur cette saison pour tirer mon épingle de jeu“, s’est réjoui le natif de Mulhouse, qui vise encore plus haut et promet de “bosser davantage pour atteindre un niveau meilleur“.
El Hedi Belameiri, 24 ans, attaquant
Parcours : FC Metz, Amnéville, ES Sétif
Passé par le centre de formation de Metz mais inconnu dans l’Hexagone malgré une dernière saison en CFA ponctuée de 10 buts pour Amnéville en 2012/13, l’attaquant de poche (1m65) signe son premier contrat professionnel en rejoignant l’ES Sétif à l’été 2013. Le début du rêve : dès sa première saison, Belameiri dispute la Ligue des champions, où il claque but sur but. Il finira champion d’Afrique et co-meilleur réalisateur de la compétition avec 6 buts au compteur.
Si l’année 2015 se révèle moins faste (2 buts seulement cette saison en Ligue 1), pas question pour le jeune artilleur de bouder son plaisir. “En France, je n’avais pas énormément d’opportunités. J’ai eu la chance de pouvoir venir en Algérie, à Sétif. Je n’ai pas hésité. Si j’étais resté en CFA, je ne me serai pas retrouvé à jouer la Coupe du monde des clubs, à jouer devant des milliers de spectateurs. Ça fait plaisir et j’espère que ça va continuer comme ça“. En attendant peut-être de frapper à la porte des Fennecs, un “rêve d'enfant“.