Ce mercredi, la FIFA va valider l’organisation des Coupes du monde 2030 et 2034. Co-organisateur dans six ans avec l’Espagne et le Portugal, le Maroc va donc enfin accueillir une Coupe du monde, après quatre décennies de tentatives infructueuses. Analyse du parcours d’un serpent de mer qui, à force de détermination, va débarquer sur les terres marocaines.
1994 : la première tentative
Le Maroc et la Coupe du Monde, c’est une histoire plus ancienne que beaucoup ne le croient. En 1986, porté par l’élan de son parcours en Coupe du Monde (huitièmes de finale) le pays annonce sa candidature pour organiser l’édition 1994. Une première pour un pays africain ! Portée par le Ministre des Sports de l’époque Abdellatif Semlali, la candidature marocaine crée d’abord un effet de surprise, en étant préférée par la FIFA à celle du Brésil. Mais malgré l’appui des pays africains, cette audacieuse initiative échoue par trois voix devant les Etats-Unis, qui remportent le scrutin.
1998 : la tuile !
Mais qu’à cela ne tienne, le Maroc ne lâche rien. Plein d’espoir après l’encourageante candidature de 1994, le royaume chérifien se positionne pour l’édition suivante. Et après le retrait de la Suisse, initialement candidate, seule la France fait face au Maroc. Et selon le spécialiste en politiques sportives Moncef El Yazghi, relayé par Telquel, le pays croit si fermement en ses chances qu’il refuse une offre de se voir attribuer le Mondial 2002 en échange de son retrait. Mais l’audace ne paie pas… la France est choisie, et entre-temps, la Corée et le Japon sont sélectionnés pour 2002.
2006 : l’échec cuisant
Ce nouveau double revers est insuffisant pour décourager le Maroc. Avec l’Afrique du Sud, l’Allemagne, l’Angleterre et le Brésil, il retente sa chance pour 2006. « Le Maroc est parfaitement en mesure de respecter le cahier des charges exigé par la Fédération internationale, mais il est évident qu'il n'offrira jamais les mêmes garanties, en matière de savoir-faire, que l'Angleterre ou l'Allemagne », admettait d’entrée l’ancien Ministre des transports et du tourisme, Driss Benhima, cité par Le Monde. Et sans surprise, il est éliminé dès le premier tour pour l’organisation d’un Mondial qui sera finalement octroyé à l’Allemagne.
2010 : L’Afrique… mais plus au Sud
Cette candidature pour l’expérience ne fera qu’accentuer la détermination marocaine. Et jusqu’au dernier moment, le pays va croire à l’attribution de ce Mondial, qu’il dispute au coude-à-coude avec l’Afrique du Sud pour le premier organisé sur le continent africain. Mais, particulièrement aidés par l’aura de l’emblématique Nelson Mandela, alors présent à Zurich, la nation Arc-en-ciel raflera la mise. Selon le Sunday Times, le scrutin avait également été entaché d’une affaire de corruption, qui aurait profité à l’Afrique du Sud.
2026 : Les « pressions politiques »
Pour 2026, le Maroc retente sa chance, après déjà cinq tentatives infructueuses. Malgré un dossier solide et une campagne dynamique menée par Moulay Hafid Elalamy, le royaume se heurte à la concurrence du trio “United 2026” (USA-Mexique-Canada), qui bénéficie d'un soutien massif et d'une offre économique bien plus attractive. Lors du vote à Moscou en juin 2018, le Maroc est battu 134 voix contre 65, un échec marqué par des pressions politiques, notamment américaines.
2030 : l’heure a sonné
Enfin, 2030 verra l’aboutissement de ces efforts. Conjointement organisé par le Maroc, l’Espagne et le Portugal, le tournoi se déroulera pour la première fois sur trois continents. Le Maroc, qui accueillera également la CAN 2025, projettera cinq à six stades pour l’événement, dont le colossal Stade Hassan II de Casablanca (115 000 places) dont l’ouverture est prévue pour 2028. À noter que la compétition débutera avec des matchs en Uruguay, en Argentine et au Paraguay, en commémoration du centenaire de la Coupe du Monde.
Si le Maroc ne s’offrira pas le luxe d’organiser le tournoi seul, cet aboutissement reste un signe de prestige, et surtout de récompense d’une détermination vieille de bientôt 40 ans !