Depuis la mort d’Albert Ebossé, il y a un an jour pour jour, les pouvoirs publics algériens multiplient les mesures pour endiguer la violence dans les stades du pays. Les effets tardent pourtant à se faire sentir : à tel point qu’un an après le drame, la situation en tribunes ne semble guère plus rassurante.
On dit que la première impression est souvent la bonne. Si c'est le cas, la saison 2015/16 du championnat algérien s’annonce inquiétante. Jeudi 13 août, dès le match d’ouverture du nouvel exercice, une partie des supporters du MC Alger et du CR Bélouizdad se sont livrés à un triste spectacle en se canardant à coups de fumigènes en fin de match. Un affrontement pyrotechnique qui ne surprendra pas Rolland Courbis. Il y a près d’un an, interrogé sur la sécurité dans les stades en Algérie dans la foulée de la mort d’Albert Ebossé, l’ancien entraîneur de l’USM Alger, déclarait avec sa gouaille habituelle, “les fumigènes entrent au stade comme un paquet de cigarettes” alors qu'ils sont en théorie interdits.
Douze mois plus tard, malgré l’imposante liste de mesures (voir l’encadré ci-dessous) annoncées tantôt par le gouvernement, tantôt par la Fédération algérienne (FAF), tantôt par la Ligue de football professionnel (LFP), rien ne semble avoir changé dans les stades algériens. Parfois accusée de mettre le feu aux poudres, la presse locale ne masquait pas son inquiétude avant les retrouvailles entre le MC Alger et le RC Rélizane samedi, redoutant que ce match de la 2e journée du championnat serve de prétexte pour régler un contentieux vieux de douze ans. En 2003, un supporter du Rapid, qui retrouve cette année l’élite, était mortellement atteint par un fumigène lancé par les fans adverses.
“J’étais dégoûté, je pensais à Ebossé”
Mais la violence ne se cantonne pas aux tribunes. Sur la pelouse, les joueurs ne sont pas à l’abri. Touché au crâne par un projectile lancé par ses propres supporters, Albert Ebossé, le buteur camerounais de la JS Kabylie, en a payé le prix de sa vie il y a un an jour pour jour, le dimanche 23 août 2014. En avril dernier, il s’en est fallu de peu pour qu’un tel drame frappe son coéquipier Azzedine Doukha. Atteint à la tête par une pierre lancée des gradins lors d’un match qui n'avait d'amical que le nom, le gardien international s’en est tiré avec quelques points de suture.
Pour les nouveaux venus, le contact avec ce championnat dans lequel la violence est quasi-banalisée, est souvent rude. Sous couvert d’anonymat, une recrue estivale explique avoir été frappée par l’attitude d'une partie du public pour son premier match en Algérie lors d'un match face au MC El Eulma “On a été ciblés par des jets de pierres à l'échauffement“, assure-t-il à Afrik Foot. “J’ai eu du mal à rentrer dans le match. Vraiment. Pendant les 10-15 premières minutes, j'étais dégoûté, je pensais à Ebossé. ”
“Des trucs qu’on ne devrait pas voir dans un stade”
Récurrent, le problème des violences n’est pas pour autant systématique. Oumar N’Diaye conserve ainsi un très bon souvenir de son passage au MO Bejaia entre janvier et mai derniers. “J’ai entendu parler des problèmes de violence certes, les supporters algériens sont réputés pour ça, mais j’ai eu la chance de ne pas le vivre“, raconte le Mauritanien à Afrik Foot. “C’est vrai que j’ai vu deux ou trois trucs qu’on ne devrait pas voir dans un stade, mais ça fait partie du décor algérien, tant qu’il n’y pas de gros incident… Il y avait pas mal de policiers. En tout cas à Bejaia ça a toujours été très bien encadré. C’est sûr que quand les résultats sont là, c’est mieux !” Et c’est peut-être là tout le problème : Savoir gagner avec classe n’est déjà pas évident. Que dire alors d'apprendre à perdre avec honneur ?
Un arsenal législatif impressionnant… sur le papier Septembre 2014 Novembre 2014 Février 2015 Août 2015 |