Malgré l'exploit de la Coupe du monde 2022 où le Maroc s'est hissé en demi-finale, le sélectionneur des Lions de l'Atlas, Walid Regragui, ne cache pas la complexité de sa mission.
Une double culture omniprésente, des joueurs issus de la diaspora répartie aux quatre coins du monde, et des attentes particulièrement élevées des supporters et des médias… Gérer l’équipe nationale marocaine s’avère être un véritable casse-tête. Lors d’un entretien accordé à Onze Mondial, Walid Regragui a expliqué avec sincérité les défis liés à la gestion d’une sélection marocaine aussi cosmopolite :
« Le Maroc, on est vraiment une sélection spéciale. Les gens peuvent parler ou critiquer, la réalité, c’est que le Maroc est la sélection la plus difficile à gérer dans le monde. Moi, quand je coache, je coache des Marocains d’abord. C’est ce que je leur dis quand ils viennent. Je fais toutes mes causeries, d’abord, en Darija (arabe dialectal, ndlr). Même si ma Darija n’est pas parfaite. Je fais ça pour qu’on ait un socle commun, après, par le biais des traductions ou autre, on fait passer les messages. »
Avec des joueurs nés en France, Belgique, Espagne, Pays-Bas, Allemagne, Italie et même Norvège, la diversité culturelle est un atout, mais aussi un défi de taille.
« On a une double culture. On a une diaspora qui est partout dans le monde, contrairement à d'autres pays. Nous, on a des Marocains issus d'Espagne, de France, de Belgique, des Pays-Bas, d’Allemagne, d'Italie. Et dans les catégories de jeunes, on commence même à avoir des Marocains venant d'Angleterre. On a Sahraoui qui vient de Norvège. Et toute cette double culture, c'est une force, mais en même temps, chacun a sa culture propre. »
Un discours adapté à chaque joueur
Face à cette diversité, Walid Regragui et son staff doivent sans cesse s’adapter, car chaque joueur possède un rapport différent au Maroc selon son pays d’origine et son éducation :
« Alors oui, le socle est Marocain, mais ils ont quand même été éduqués différemment. Ils ont, chacun, grandi dans une mentalité qui est différente. Un Espagnol, ce n’est pas un Français, un Français, ce n’est pas Néerlandophone, un Italien, ce n’est pas un Norvégien. Et dans tout ça, moi, mon métier, c'est de leur faire comprendre que le Maroc est la priorité et qu'ils sont là pour défendre ce drapeau, peu importe d'où ils viennent. »
Pour cela, Walid Regragui adapte son discours en fonction de ses interlocuteurs :
« Le discours est différent quand tu parles à un Français, pareil, quand tu parles à un Espagnol, un Germano-Marocain, un Franco-Marocain ou un Norvégo-Marocain, ce n’est pas pareil. Et je dois m'adapter avec mon staff à chaque moment. »
Le sentiment d’appartenance et l’amour du pays restent le point commun de tous les joueurs, peu importe leur parcours. “La plus belle” des expériences de Regragui.