Le football féminin algérien traverse une zone de turbulences. Naïma Laouadi, entraîneuse de la JS Kabylie féminine, a vivement critiqué la sélection nationale et son sélectionneur Farid Benstiti. Selon elle, les convocations pour l’équipe nationale locale ne seraient pas basées sur l’observation des joueuses sur le terrain, mais simplement décidées “par téléphone”.
Une sélection injuste ?
Invitée sur le plateau de One TV, Laouadi n’a pas mâché ses mots. S’étonnant de ne voir aucune joueuse de la JSK retenue pour le prochain stage et la double confrontation face au Soudan du Sud, elle a dénoncé le manque de sérieux dans le processus de sélection :
“Cette équipe n'est pas une sélection A, mais bien une équipe de joueuses locales. Il faudrait que Benstiti bouge de Sidi Moussa et se déplace dans les stades pour voir les joueuses qu’il sélectionne, et non qu’il les prenne toutes prêtes au téléphone.”
Selon elle, la JS Kabylie féminine, pourtant l’un des clubs les plus populaires, est volontairement mise de côté parce qu’elle évolue en seconde division.
Des pressions sur certaines joueuses ?
Laouadi a également révélé que certaines joueuses seraient victimes de pressions pour ne pas rejoindre son équipe. Elle cite notamment une gardienne de l’équipe nationale A à qui l’on aurait fait comprendre qu’un transfert à la JSK signifierait la fin de ses convocations internationales :
“On a juré à la gardienne de l’équipe A qu’elle ne serait plus sélectionnée si elle rejoint la JSK.”
Un constat amer pour l’entraîneuse, qui regrette que des talents soient écartés pour des raisons extra-sportives.
Un appel à la transparence
Face à cette situation, Naïma Laouadi a interpellé les responsables du football féminin en Algérie, dénonçant une gestion opaque et injuste. Elle va même jusqu’à proposer de quitter son poste si elle est la raison de cette mise à l’écart :
“Si vous avez un problème avec moi, dites-le-moi que je me retire, ne brisez pas mes joueuses ! En deux ans, j’ai réalisé bien plus que d’autres en 20 ans.”
Un cri du cœur qui met en lumière les tensions existantes au sein du football féminin algérien. Reste à voir si la Fédération Algérienne de Football (FAF), déjà récemment cartonnée par une internationale, ou Farid Benstiti lui-même réagiront à ces propos.
Un entraîneur à l'armoire chargée
En poste depuis 2022, Benstiti présente un sacré palmarès dans le football féminin : quadruple champion de France avec l'Olympique Lyonnais, club de sa ville natale, entre 2004 et 2010. Il a également remporté quatre Coupes de France avec l'OL, souvent considéré comme ayant la meilleure équipe féminine du monde.
Parti ensuite entraîner en Russie, il était ensuite revenu en France, au PSG, où il avait connu moins de succès malgré une finale de Coupe de France (2014) puis de Ligue des Champions (2015).
Nommé en décembre 2022 à la tête de la sélection de son pays d'origine, il est également à la tête du département de développement du football féminin.
Si son CV et ses ambitions avec les “Vertes” parlent pour lui, il devra rapidement répondre de ses accusations…