Après le match nul entre la Libye et le Rwanda (1-1, le 4 septembre), le Nigeria et le Bénin vont s’affronter ce samedi à Uyo dans le Groupe D des éliminatoires de la CAN 2025. Gernot Rohr, le sélectionneur franco-allemand des Guépards béninois, retrouvera une de ses anciennes équipes.
Entretien réalisé par Alexis Billebault,
Le Nigeria a vécu ces derniers jours des moments confus, puisque votre compatriote allemand Bruno Labbadia, qui devait s’installer sur le banc des Super Eagles, n’est finalement pas venu. Cet évènement pourrait-il perturber les joueurs nigérians ?
J’ai appris que Bruno Labbadia avait décidé de ne pas venir, en raison d’un désaccord avec la fédération nigériane. Celle-ci a décidé de nommer Augustine Eguavoen en intérim. Ce n’est pas la première fois qu’il dirige l’équipe (2021-2022 et en mars 2024, ndlr), il connaît bien les joueurs, donc je ne pense pas que ceux-ci soient perturbés, ce sont des professionnels. Mais je n’ai pas accordé plus d’importance que cela à la situation au Nigeria. Avec le staff, les joueurs, nous avons surtout pris le temps de nous concentrer sur notre match.
Pour le premier match de ces éliminatoires, le Bénin va affronter le Nigeria à Uyo. Un adversaire qu’il a battu (2-1), au mois de juin dernier, lors des qualifications pour la Coupe du monde 2026, et qui voudra prendre une revanche…
Le Nigeria n’a pas très bien débuté lors des ces éliminatoires (trois points en quatre journées), mais il reste une des meilleures sélections d’Afrique. Il dispose d’un effectif de très grande qualité, et pas uniquement dans le secteur offensif. Son objectif à court terme sera de se qualifier pour la phase finale de la Coupe d’Afrique 2025 au Maroc. Sur le papier, c’est le favori. Mais dans ce groupe D, c’est très ouvert. Et nous allons affronter également le Rwanda, qui figure aussi dans notre groupe qualificatif pour le Mondial, au mois d’octobre.
“Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela s’est bien passé à Abidjan”
Après le Nigeria, il y aura donc la Libye, à Abidjan (Stade Félix Houphouët-Boigny), le 10 septembre. Que savez-vous de cette formation libyenne ?
Elle peut prétendre à la qualification pour la CAN. La Libye est une équipe redoutable, surtout à domicile, et qui est difficile à jouer, accrocheuse. Elle est en lice pour se qualifier pour la Coupe du monde, et ses résultats sont en hausse depuis la nomination l’année dernière du serbe Milutin Sredojevic au poste de sélectionneur.
Une équipe que vous devrez recevoir à Abidjan, puisqu’aucun stade au Bénin n’est homologué par la Confédération Africaine de Football (CAF)…
C’est vrai, mais nous allons accueillir les Libyens à Abidjan, et ce ne sera pas la première fois que nous y jouerons. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela s’est plutôt bien passé lors des matches précédents, puisque c’est là que nous avions battu le Nigeria mais aussi le Rwanda (1-0) en juin dernier en qualifications pour la Coupe du monde. Mais nous aurions bien sûr préféré jouer à Cotonou, devant nos supporters, car nous savons qu’ils seront beaucoup moins nombreux à Abidjan. Le soutien de notre public est important, et c’est pour cela que nous espérons y rejouer le plus vite possible.
Après une fin d’année 2023 compliquée, marquée par des débuts difficiles lors des qualifications pour le Mondial, avec une défaite en Afrique du Sud (1-2) et un match nul contre le Lesotho (0-0), le Bénin s’est très bien repris cette année, avec, outre les succès de juin, un bon résultat en amical en mars face à la Côte d’Ivoire (2-2), alors toute fraîche championne d’Afrique. Y-a-t-il une nouvelle dynamique ?
Oui, tout à fait. La sélection est dans une dynamique positive, et il faut la conserver. Les deux matches de mars, puisque nous avions également réalisé une performance intéressante contre le Sénégal malgré la défaite (0-1) ont fait du bien à tout le monde. L’équipe a connu des évolutions, de nouveaux joueurs sont arrivés. La moyenne d’âge à baissé, puisqu’elle est de 24 ans et 9 mois actuellement, contre 30 ans à mon arrivée. Les nouveaux ont pris leurs marques, le groupe se comporte bien, les joueurs sont heureux de se retrouver lors des dates FIFA, j’observe qu’il y a une vraie complicité entre eux. Mais l’idée n’est pas de tout changer, de tout révolutionner. Il faut le faire par étape, dans une forme de continuité. Tout bouleverser n’aurait eu aucun sens.
“Tout se jouera probablement lors de la dernière journée”
Le Bénin a donc de l’ambition…
Bien sûr. Nous sommes toujours en course pour nous qualifier pour la Coupe du monde, puisque nous comptons sept points, autant que le Rwanda et l’Afrique du Sud. Et nous avons l’ambition également de nous qualifier pour la CAN au Maroc, dans un groupe ouvert et qui sera très disputé, où tout se jouera probablement lors de la dernière journée. Nous allons essayer de prendre un bon départ.
Les matches de septembre sont-ils toujours un peu particuliers à préparer ?
Absolument, car c’est une période où certains joueurs n’ont pas de club. C’est le cas pour notre gardien Saturnin Allagbé, qui a quitté Dijon (National) et notre attaquant Jodel Dossou, sans club depuis son départ de Sochaux (National). Ils n’ont pas la même condition physique que ceux qui jouent. Et encore faut-il tenir compte de la situation de ceux qui ont un club. Par exemple, Olivier Verdon a déjà joué neuf matches officiels avec Ludogorets Razgrad (Bulgarie), alors que David Kiki (Steaua Bucarest) a un temps de jeu beaucoup moins important. Il faut gérer selon les cas. C’est notre travail, nous sommes habitués, car presque toutes les sélections sont confrontées à cette situation…