Au cours d'un entretien accordé à RFI, le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), Samuel Eto'o, s'est étendu sur les dossiers chauds de l'instance, sans oublier, au passage, le sélectionneur Marc Brys…
Dans un contexte très agité pour le football camerounais, la relation Eto'o-Brys est particulièrement scrutée. Depuis leur houleuse entrevue filmée dans les locaux de la Fédération il y a six mois, les deux hommes se livrent une bataille à distance. Le sélectionneur belge, nommé par le Ministère, contre l'avis de l'ancienne gloire du Barça, avait notamment déclaré que ce dernier avait “échoué partout sauf dans le football“. Mais du côté d'Eto'o, la partie d'échecs semble avoir succédé aux joutes verbales.
« Je vais rester à mon niveau de président », a-t-il déclaré avec un sourire en coin, minimisant les propos de Brys. Avant d'ajouter, non sans ironie : « Je ne vais pas répondre à un employé, cela ferait descendre le niveau qui est le mien. » Eto’o a poursuivi, sans jamais mentionner directement le nom de Brys : « Mais juste une parenthèse, je ne pense pas que toutes ces personnes qui parlent auraient votre attention si elles n’étaient pas employées de la Fédération ou de l’État du Cameroun à travers la Fédération. » Une allusion directe au maigre palmarès du technicien flamand avant son arrivée à la tête des Lions Indomptables.
“Je n’ai jamais dit qu’il n’était pas bon“
Malgré la tension ambiante et cette réponse cinglante, Samuel Eto’o semble vouloir adopter une posture plus apaisante. Refusant de critiquer directement les compétences du sélectionneur belge, il a préféré insister sur leurs objectifs communs :
« Le débat n’a jamais été de savoir s’il est bon ou pas. Je n’ai jamais dit qu’il n’était pas bon », a-t-il affirmé. « Ce monsieur est arrivé, je ne le connaissais pas. Quand on dit que la Fédération est contre lui, cela me fait sourire, car nous avons des intérêts communs. »
🔴 Samuel Eto’o au sujet de sa relation et des compétences de Marc Brys :
« Le débat n’a jamais été de savoir s'il est bon ou pas. Moi je n’ai personnellement jamais dit qu’il n’est pas bon. On voulait seulement qu’on respecte les règles et les textes qui encadrent le… pic.twitter.com/QQz044pvxL
— AllezLesLions (@AllezLesLions) December 20, 2024
Reste à savoir si Marc Brys prendra ces paroles pour un véritable geste d’apaisement. D’autant que le Belge a récemment été privé de vote pour le trophée “FIFA The Best”. La Fédération a préféré Martin Ndtoungou Mpilé, l’adjoint choisi par Eto’o, pour la représenter. Par ailleurs, Brys demeure contrarié par la situation de son propre adjoint, le Belgo-Congolais Joachim Mununga, systématiquement écarté de la feuille de match.
L’hommage à Rigobert Song
Samuel Eto’o a également tenu à saluer le travail de son ancien capitaine en sélection, Rigobert Song, qu’il avait nommé sélectionneur lors de son arrivée à la présidence avant d'entériner son départ après la dernière CAN :
« Au-delà des commentaires, Rigobert Song a accompli ses missions dans des conditions particulières », a-t-il déclaré. Il a rappelé les réussites de Song, notamment la qualification in extremis du Cameroun en Algérie pour la Coupe du monde, et celle pour la CAN. « Nous avons eu une CAN difficile, mais c’est la vérité. On estimait que, parce que c’était un Camerounais, certaines choses n’étaient pas possibles. »
Quelle évolution pour les Lions ?
Revenant sur la situation de Brys, Eto’o a réitéré son engagement à respecter les règles et les textes qui encadrent le recrutement d’un sélectionneur.
« Nous ferons tout pour qu’il réussisse, car ses victoires sont celles de la Fédération, et ses défaites aussi », a-t-il affirmé.
Malgré ce contexte particulièrement tendu, le bilan de Brys après huit matchs reste positif : cinq victoires, trois matchs nuls, aucune défaite. Il reste d'ailleurs soutenu par les joueurs.
Samuel Eto’o, conscient des défis qu’il doit relever depuis son élection, continue d’affirmer sa détermination à moderniser le football camerounais, malgré les critiques parfois acerbes. Pour le bien du football national, espérons que cette tentative d’apaisement portera ses fruits.
