L’élimination des Lions A’ du Cameroun par la République centrafricaine à Bafoussam crée une onde de choc au pays. Ce revers, synonyme de non-participation au CHAN 2024, intensifie les débats sur la gestion de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) sous la présidence de Samuel Eto'o.
Une gestion sous le feu des critiques
Depuis son élection en décembre 2021, Samuel Eto'o a promis de révolutionner le football camerounais. Cependant, le bilan sportif est pour l'instant mitigé. À des débuts prometteurs, marqués par une qualification épique des Lions Indomptables à la Coupe du monde 2022, se sont succédés plusieurs échecs. Une CAN décevante, mais également des résultats en berne pour les équipes de jeunes (U17, U20, U23) et désormais des locaux. Pour beaucoup, la défaite face à la RCA n’est que le symptôme d’une crise plus profonde.
Le consultant sportif Yvan Kamwa décrit notamment un « constat d’échec » :
« Trois ans après les annonces d’améliorations, le bilan est négatif. Les équipes locales et les sélections nationales continuent de souffrir de défauts structurels majeurs. » Il pointe notamment l’absence de professionnalisme dans les ligues nationales et un manque de vision claire pour redresser le niveau global du football camerounais.
Bouc émissaire ou principal responsable ?
Au centre des polémiques : Samuel Eto'o, toujours aussi clivant après 3 ans au pouvoir et qui ambitionnait ouvertement en début de mois vouloir faire du Cameroun “le meilleur championnat du continent” dès cette année.
Venant Mboua, journaliste, dénonce une également une transparence douteuse sur les financements :
« La FECAFOOT doit clarifier les déclarations de son président sur les financements personnels qu’il revendique. Cette opacité nuit à sa crédibilité. »
Néanmoins, certains journalistes et internautes défendent le président de la FECAFOOT, affirmant qu’il est injuste de le rendre responsable de chaque défaite. Radio Sport Info (RSI) note :
« Comme joueur, il a tout donné. Comme dirigeant, chaque fois qu’une sélection joue, tout est préparé. Mais en cas de défaite, il devient l’homme à abattre. »
De plus, l'ancien buteur du Barça a accédé à la tête d'une institution à la réputation ancrée de “magouilles” et entachée depuis de longues décennies par des affaires de corruption et de mauvaise gestion. Lui faire porter le chapeau, au bout de trois ans de présidence, de profonds dysfonctionnements structurels peut apparaître abusif.
Entre dysfonctionnements et perspectives
Le cas des Lions locaux met en évidence plusieurs problèmes structurels, à commencer par la situation du championnat. Le démarrage tardif de l'Elite One, dans des conditions loin d'être idéales a laissé les joueurs sans compétition régulière pendant de longs mois, affectant leur préparation.
Par ailleurs, La nomination des entraîneurs est vivement critiquée, certains ayant échoué à atteindre leurs objectifs. Et paradoxalement, c'est Marc Brys qui sort du lot. Le technicien belge, en conflit ouvert avec l'ancien Pichichi et nommé contre son gré par le Ministère des Sports, présente un bilan jusqu'à présent prometteur, avec une qualification à la CAN sans aucune défaite subie.
Le football de jeunes, clé dans la progression pérenne d'une équipe nationale, manque quant à lui de ressources. Un problème, encore une fois, bien antérieur à l'arrivée de Samuel Eto'o, mais qui est toujours d'actualité.
Rôle de l’État : la presse relance le débat !
Face à cette élimination qui a du mal à être digérée au Cameroun après 4 participations consécutives au CHAN, la presse nationale en est venue à relance le débat sur le rôle polémique de l'État dans le football national… en se prononçant en faveur de ce dernier ! Actu Cameroun s'appuie sur l'exemple de Marc Brys pour valider le rôle du gouvernement en mettant les pieds dans le plat dans un article au titre évocateur, “Faut-il confier toutes les sélections nationales camerounaises à l’État ?” :
“Les supporters, lassés par les échecs répétés, plaident pour une intervention directe. L’expérience de Marc Brys prouve qu’une gestion sous l’égide ministérielle peut produire des résultats concrets” ose le quotidien.
Un avis qui ne sera pas partagé par tout le monde, mais qui est significatif de la perte de crédibilité de la FECAFOOT, et des défis auxquels Samuel Eto'o devra faire face pour retrouver la confiance du public…