Samuel Eto’o s’invite au sommet du football africain. Élu au comité exécutif de la CAF, l’ex-buteur camerounais inquiète par son profil moins conciliant.
Samuel Eto’o franchit une nouvelle étape dans son ascension. Ce mercredi 12 mars, à l’occasion de la 14e Assemblée générale extraordinaire de la CAF au Caire, l’ancien attaquant du FC Barcelone a officiellement intégré le comité exécutif de l’instance. Unique candidat pour représenter la zone UNIFFAC (Union des Fédérations de Football d'Afrique Centrale), il a été élu sans opposition. Une victoire attendue, mais qui fait grincer des dents en coulisses.
Félicitations à Monsieur @SamuelEtoo, président de la #FECAFOOT désormais membre du Comité Exécutif de la #CAF. pic.twitter.com/G3hjMJovtr
— Fecafoot-Officiel (@FecafootOfficie) March 12, 2025
L’élection d’Eto’o intervient après un âpre bras de fer juridique. D’abord recalé par la CAF en raison de sa sanction consécutive à son partenariat avec un opérateur de paris sportifs, le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) a obtenu gain de cause auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS). La décision du TAS, ordonnant sa réintégration dans la course, a forcé la main de l’instance panafricaine. Un premier signal envoyé : Eto’o n’entend pas se laisser dicter les règles.
Profil difficile à manœuvrer
Sa présence au sein du comité exécutif inquiète autant qu’elle intrigue.
“Son ambition d’intégrer la CAF a suscité une certaine crainte, signale Hervé Penot, journaliste à L’Équipe et spécialiste du football africain. Eto’o n’est pas une personnalité facile à gérer, loin de là. Son caractère bien trempé fait penser à un Caterpillar : il avance sans relâche, quelles que soient les oppositions”. Là où d’autres manœuvrent dans la discrétion, l’ancien buteur impose son style frontal, parfois abrasif.
Depuis son arrivée à la tête de la Fecafoot en 2021, son mandat a été ponctué de décisions tranchées, de réformes ambitieuses mais aussi de polémiques incessantes. Son rapport de force avec le ministère des Sports du Cameroun et les tensions internes ont façonné l’image d’un homme qui ne recule devant rien.
“Il fait peur”
“Eto’o n’est pas du genre à suivre aveuglément le mouvement, et c’est précisément ce qui inquiète. Une chose est certaine : il fait peur”, poursuit Hervé Penot.
Face à ce profil difficile à manœuvrer, la réaction de Patrice Motsepe était attendue. Le président de la CAF, fraîchement reconduit pour un second mandat, a choisi l’apaisement. Officiellement, il tend la main au Camerounais, évitant toute confrontation ouverte. Mais derrière les sourires de circonstance, Eto’o saura-t-il se faire une place dans une institution où les équilibres politiques sont précaires ?
Son arrivée au comité exécutif marque en tout cas un tournant. Difficile d’imaginer Eto’o se contenter d’un rôle symbolique. Reste à savoir si, cette fois, le mur sera plus solide que la machine lancée à pleine vitesse.