Le Tunisien Nabil Maâloul (62 ans) n’est plus l’entraîneur de l’USM Alger (Ligue 1 algérienne). Il a été démis de ses fonctions, alors que son équipe occupait la troisième place du classement et s’était qualifiée pour les quarts de finale de la Coupe de la CAF et les 8e de finale de la Coupe d’Algérie. Une issue qu’il regrette, sans toutefois vraiment le surprendre, comme il l'a confié dans cet entretien accordé en exclusivité à Afrik-Foot.
Comment peut-on être viré alors que les résultats sont positifs ?
C’est hélas assez fréquent en Afrique du Nord. Si vous regardez la situation dans les championnats algérien, tunisien et marocain, vous pouvez constater que beaucoup de clubs changent souvent d’entraîneurs, parfois à plusieurs occasions dans la saison.
En Algérie, puisque j’y travaillais il y a encore quelques jours, il y a seize clubs de Ligue 1, et nous en sommes à ce jour à vingt changements d’entraîneurs. Et la saison est loin d’être terminée… Pour moi, cela a été quelque part une déception, une frustration, car les résultats étaient positifs. Mais quand sait comment les choses fonctionnent au Maghreb, il ne faut pas s’étonner plus que ça.
A quel moment avez-vous compris que votre situation devenait précaire ?
Je crois que la défaite (0-3) face au Mouloudia, lors du grand derby d’Alger le 24 janvier dernier, est la principale explication. C’est un match très attendu dans la capitale, c’est le match qu’il ne faut pas perdre et nous l’avons perdu. Mais on ne m’a rien dit. C’est après un nul (0-0) sur la pelouse de l’Olympique Akbou que le directeur sportif est venu me voir pour me faire comprendre que la situation devenait compliquée. Qu’il y avait une pression très forte de la part d’une partie des supporters.
“C’est la rue qui décide et gouverne indirectement les clubs”
Etiez-vous la cible de critique ?
Oui, après la défaite contre le Mouloudia. Encore une fois, il ne s’agit, parmi les supporters de l’USMA, que d’une frange, mais une frange influente, notamment sur les réseaux sociaux. Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu’en Afrique du Nord, c’est souvent la rue qui décide et gouverne indirectement les clubs. Quand la pression devient trop forte, les dirigeants décident de changer d’entraîneur, pour avoir un peu de tranquillité.
Si les résultats sont négatifs, cela s’entend, mais quand ils sont bons, c’est assez difficile à comprendre. Mais c'est comme ça et c’est bien dommage, mais que pouvons-nous y faire ? L’instabilité technique n’est jamais bonne. Si on ne peut pas travailler sur la durée, on ne peut pas progresser. Si, dans la même saison, un club change trois fois d’entraîneur, ce n’est pas non plus facile pour les joueurs.
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تتقدم إدارة اتحاد العاصمة بخالص الشكر والتقدير للمدرب نبيل معلول وطاقمه الفني على العمل الكبير الذي قدموه خلال فترة إشرافهم على الفريق. ورغم انتهاء العلاقة بالتراضي، لا يمكننا إلا أن نشيد بالإيجابيات التي حققها الفريق تحت قيادتهم، حيث نجحوا في التأهل إلى الدور ربع نهائي من… pic.twitter.com/3FNj2piWnn
— USM Alger (@USMAofficiel) February 12, 2025
Justement, comment vois joueurs ont-ils réagi à votre limogeage ?
Ils ont été surpris, bien sûr. On travaillait bien ensemble, on avait mis quelque chose en place. Les résultats étaient positifs. A mon départ, l’équipe (désormais entraînée par le Brésilien Marcos Paqueta, ndlr) était troisième. En Coupe d’Algérie, on venait d’éliminer Magra (1-0). Et en phase de groupes de la Coupe de la CAF, nous avions terminé à la première place, sans perdre un match (quatre victoires, deux nuls). J’aurais aimé continuer l’aventure avec cet effectif. Mais c’est ainsi.
“Je n’ai pas été approché par la fédération tunisienne”
Avez-vous trouvé un accord financier avec le club ?
Oui. Il y a eu des discussions. J’étais sous contrat jusqu’au 30 juin 2026, puisque j’avais signé deux ans. Il y avait des clauses. Nous avons trouvé un terrain d’entente. Financièrement, l’USMA est un club solide, avec un actionnaire puissant (SERPORT). C’est aussi un club très bien structuré. J’ai pu travailler dans de très bonnes conditions matérielles. Il s’agissait de ma première expérience en Algérie.
J’ai passé sept mois très intéressants, dans un très bon club. Dommage que cela se soit achevé trop tôt, alors qu’il y avait d’autres choses à vivre. Le niveau du championnat s’améliore : il y a plusieurs clubs qui ont des actionnaires puissants, capables de recruter de bons joueurs. Il y a des stades modernes dans de nombreuses villes. C’est une Ligue 1 ouverte, avec au moins cinq clubs qui peuvent rivaliser pour le titre.

Avez-vous été sollicité pour le poste de sélectionneur de la Tunisie, que vous avez occupé à deux reprises (2013 et 2017-2018), et qui a finalement été attribué à Sami Trabelsi ?
Non, pas du tout, je n’ai pas été approché par la fédération tunisienne.
Avez-vous des projets à court terme ?
Je vais d’abord me reposer quelques jours, sauf si bien sûr je reçois une belle proposition. Et puis, nous allons dans quelques jours entrer dans la période du ramadan, et en général, les choses sont plus calmes pendant ces quatre semaines. Nous verrons bien. Je suis rentré à Tunis il y a quelques jours, laissons faire les choses…