Algérie : les 2 Medhi Fennecs de France du CHAN 2025

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Le CHAN 2025, compétition réservée aux joueurs évoluant dans les championnats nationaux africains, accueille dans les rangs algériens deux profils atypiques : Mehdi Boudjemaa et Mehdi Merghem, tous deux nés et formés en France.

Alors que le Championnat d'Afrique des Nations est présenté comme une vitrine des talents locaux, leur présence illustre un petit paradoxe : arrivés en Algérie seulement en janvier, les deux « Mehdi » pourraient avoir rejoint le championnat algérien qu’en vue de cette édition, incarnant un mélange entre football de diaspora et réalité des règlements.

Un contraste assumé par le règlement

Le règlement du CHAN est clair : seuls peuvent participer les joueurs inscrits dans un championnat national du pays qu’ils représentent. Il ne précise toutefois pas que ces joueurs doivent y avoir été formés. Conséquence, un binational peut intégrer le tournoi dès lors qu’il évolue dans le pays au moment de la compétition. C’est précisément ce qui a permis à Boudjemaa, désormais à la JS Kabylie, et à Merghem, recruté par l’USM Alger, d’être appelés par Madjid Bougherra.

Tous deux repérés en Ligue 2 française, ils ont effectué un transfert express début 2025, rendant leur éligibilité officielle. Cette situation a suscité quelques critiques de puristes défendant l’esprit initial du CHAN : mettre en avant les purs produits des championnats locaux. Mais côté staff, le choix est assumé.

Mehdi Boudjemaa, le métronome discret

Né en 1998 à Paris, Mehdi Boudjemaa est un milieu moderne, capable d’évoluer en sentinelle comme en relayeur. Formé en France, il a fait ses armes à Guingamp et Chambly en Ligue 2, où il s’est forgé une réputation de joueur fin techniquement, doté d’une belle vision et d’une capacité à anticiper les actions adverses. En janvier 2025, il rejoint la JS Kabylie avec un double objectif : renforcer l’entrejeu kabyle et se positionner dans la liste élargie pour le CHAN.

Adaptation express : placement impeccable, relances propres, impact dans le pressing. Son vécu en France apporte une maîtrise du tempo rare dans le championnat local. En coulisses, son sérieux et sa personnalité posée séduisent aussi bien le vestiaire que le staff. Pourtant, au CHAN, il a dû se contenter du banc face à l’Ouganda (3-0) et à l’Afrique du Sud (1-1), signe que la concurrence au milieu reste rude malgré son profil européen.

Mehdi Merghem, l’atout créatif

Comme son homonyme, Mehdi Merghem est né en région parisienne, en 1997. Passé par le centre de formation de Châteauroux, il a évolué en Ligue 2 et s’est bâti une réputation de milieu offensif créatif, polyvalent, capable de jouer sur tout le front de l’attaque. Dribble court, passes lumineuses, sens du décalage : ses qualités sont indéniables. En rejoignant l’USM Alger en janvier 2025, il visait un double défi : briller dans un grand club algérien et convaincre Bougherra pour le CHAN.

Sa vivacité balle au pied et sa faculté à provoquer dans les petits espaces tranchent dans le championnat local. Contrairement à Boudjemaa, Merghem a eu du temps de jeu au CHAN : deux entrées, face à l’Ouganda (2 minutes) et contre l’Afrique du Sud (8 minutes), où il a apporté percussion et disponibilité entre les lignes.

Si leur présence bouscule quelque peu la philosophie initiale du CHAN, elle traduit une ambition claire de la FAF : élargir le vivier aux joueurs de la diaspora prêts à s’investir dans le championnat local. Les puristes y verront une entorse à l’esprit du tournoi, mais les pragmatiques y liront une opportunité : tirer parti des meilleurs talents disponibles, quelle que soit leur trajectoire, tant qu’ils respectent les critères réglementaires.

Algérie : les 2 Medhi Fennecs de France du CHAN 2025

Hicham Bennis

Couteau suisse adepte du sport africain. De la TV chez La Chaîne L'Équipe, et beaucoup de presse écrite chez Befoot, Libé, La Depêche du Midi...