Samedi dernier, Patrice Motsepe, le président de la Confédération africaine de football (CAF), et Yasser Al Misehal, patron de la Fédération Saoudienne de Football (SAFF), ont annoncé leur collaboration sous la forme d'un accord de coopération et de développement d'une durée de cinq ans.
Mais cette initiative, qui selon les déclarations des signataires, vise à ouvrir de nouvelles perspectives de croissance pour le football africain et saoudien, n'est visiblement pas aussi clair que l'eau de roche. Ed Aarons et Romain Molina, journalistes indépendants réputés, ont rédigé un article pour le journal d'information britannique The Guardian, dans lequel ils soulignent que cette collaboration soulève plusieurs préoccupations.
Tout d'abord, ils remettent en cause l'intégrité de la Confédération africaine de football (CAF) en raison de ses difficultés financières et de ses controverses passées. L'implication de l'Arabie saoudite, un pays qui fait face à des critiques pour ses violations des droits de l'homme et ses restrictions sur la liberté d'expression, soulève des inquiétudes quant à l'influence qu'elle pourrait exercer sur le football africain.
Ils mentionnent également le fait que l'Arabie saoudite est en pourparlers pour parrainer la Super League africaine avec un montant important, ce qui soulève légitimement des interrogations sur les motivations réelles sous-jacentes à cet accord. Certains craignent que cela ne soit qu'un moyen pour l'Arabie saoudite d'accroître son influence politique et économique dans la région.
Ils précisent aussi que cet accord de partenariat intervient à un moment où l'Arabie saoudite envisage de présenter une candidature conjointe avec la Grèce et l'Égypte pour l'organisation de la Coupe du monde 2030. Cette perspective soulève des questions sur d'éventuelles implications politiques et sur l'impartialité de la CAF dans le processus de sélection des pays hôtes du Mondial.
Two members of the @CAF_Online executive committee – one to me, and another to @RealMamadouGaye – that Patrice Motsepe did not consult or seek the consent of the CAF executive committee before signing the five-year co-operation agreement with the @saudiFF. pic.twitter.com/LdqqtaPFRd
— Osasu Obayiuwana (@osasuo) May 19, 2023
A la seule initiative de Motsepe ?
Osasu Obayiuwana, journaliste nigérian de la BBC qui a d'ailleurs réagi à cet article dans The Guardian en disant qu'il n'était pas surpris des révélations émises, s'était également exprimé sur Twitter il y a quelques jours sitôt l'accord dévoilé : “Je me demande comment la CAF peut signer un accord de coopération de 5 ans avec la Fédération d’Arabie Saoudite, sachant parfaitement que les Saoudiens seront en concurrence avec le Maroc – une nation membre de la CAF – pour reporter le droit d’accueillir la Coupe du monde 2030. Comment ça peut vouloir dire quelque chose ?” Le journaliste suspecte par ailleurs Motsepe d'avoir noué cet accord sans avoir consulté le comité exécutif de la CAF au préalable.
Les préoccupations soulevées par Obayiuwana et nombre de ses confrères mettent en évidence la nécessité d'une surveillance attentive de cette collaboration entre la CAF et la Fédération saoudienne de football. La transparence et l'intégrité doivent être des priorités absolues pour préserver l'indépendance du football africain et maintenir la confiance de ses principaux protagonistes et des fans.
