L’accalmie n’aura duré que quelques semaines. Impatients de recevoir une suite à leurs plaintes formulées contre Samuel Eto’o, les opposants au président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) ont pris les taureaux par les cornes et interpellé la FIFA et à la Confédération africaine de football (CAF).
En effet, dans une lettre ouverte adressée au président de la FIFA, Gianni Infantino, et au président de la CAF Patrice Motsepe, les 9 signataires, dont le président de la Ligue de Football Professionnel du Cameroun (LFPC) et son premier vice-président, ainsi que les anciens membres démissionnaires de la Fecafoot Henry Njalla Quan Junior et Joseph Feutcheu, ont dénoncé « une gestion à deux vitesses » entre les cas Samuel Eto’o et Luis Rubiales, son (ex-)homologue de la Fédération espagnole de football.
Ce dernier ayant récemment démissionné après le baiser polémique à la joueuse Jenni Hermoso, en finale de Coupe du monde féminine, le 20 août dernier à Sydney en Australie. Ce qui contraste, selon les détracteurs d’Eto’o, avec les passe-droits supposément accordés à l’ancien buteur des Lions Indomptables, malgré les allégations de violations des Code d'éthique et disciplinaire de la FIFA et de la CAF à son encontre.
Quand le silence de la FIFA enrage les anti-Eto’o
« Si l'action rapide et ferme de la FIFA dans le cas de Luis Rubiales a été appréciée, il est surprenant qu'elle soit restée silencieuse sur des cas similaires ou peut-être même plus graves impliquant d'autres fédérations, notamment la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) », peut-on lire dans le courrier en date du 25 septembre 2023. « Suite aux plaintes de plusieurs clubs et joueurs du football camerounais, la Confédération Africaine de Football (CAF) a décidé le 9 août 2023 d'ouvrir une enquête contre M. Samuel Eto'o Fils pour “comportement inapproprié”. La CAF a jugé les allégations portées à son attention “sérieuses à première vue”. Mais depuis, aucune suite n'a été donnée à cette affaire qui se situe au cœur même des questions d'intégrité, d'éthique et de fair-play du football. En revanche, la FIFA n'a pas pipé mot, malgré les nombreuses plaintes et relances des acteurs du football camerounais », poursuit la lettre.
Fire on the mountain at @FecafootOfficie, as key members of #Cameroon’s football community call for the removal of @SamuelEtoo as President of FECAFOOT, in an open letter to @CAF_Online & @FIFAcom. pic.twitter.com/3priAjrnks
— Osasu Obayiuwana (@osasuo) September 26, 2023
« Comment la FIFA peut-elle rester silencieuse face à tant de scandales qui compromettent la confiance du public dans l'éthique sportive et la sincérité des matchs ? Le Président de la FIFA, Gianni Infantino, aurait-il osé faire une apparition publique avec Luis Rubiales au plus fort du scandale du baiser ? Il est pourtant tout sourire et sans gêne avec M. Samuel Eto'o Fils, frappé par l'infamie des matchs truqués, qui se targue d'être sous la protection du Président de la FIFA, et donc intouchable quelles que soient ses attaques répétées contre les valeurs du sport. Et que dire du Dr Patrice Motsepe, Président de la Confédération Africaine de Football (CAF), en qui l'Afrique a placé ses espoirs d'une gouvernance du football basée sur l'éthique, la transparence et le respect de la loi ? », ont questionné les neuf acteurs.
Le pied de nez de l’ONU
Puis d’en remettre une couche : « La triste réalité de cette gestion à deux vitesses de situations quasi identiques est que l'Afrique reste une sorte d'enclave où l'on peut prendre des libertés avec l'éthique et l'exemplarité que doivent incarner les dirigeants sportifs. Imagine-t-on la FIFA et l'UEFA rester silencieuses lorsque le président d'une fédération européenne de football est soupçonné, enregistrements audios à l'appui, d'avoir truqué des matches ? Imagine-t-on la FIFA et l'UEFA se taire lorsque le président d'une fédération européenne de football a signé un contrat d'ambassadeur personnel avec un opérateur de paris sportifs ? »
Des questionnements restées pour l’instant sans réponse, alors que Samuel Eto’o a dans le même temps été décoré par l’ONU pour son implication dans la lutte contre l'exploitation et la traite des êtres humains dans le sport. Un joli pied de nez aux anti-Eto’o.