Cameroun : le gouvernement passe à la caisse pour Conceiçao… et désavoue la Fecafoot

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Accablée par une lourde sanction financière liée à la rupture abusive du contrat d’Antonio Conceiçao, la sélection du Cameroun a reçu un soutien de taille : l’État camerounais a décidé de régler l’ardoise à la place de la Fecafoot, pointée du doigt…

La Fédération Camerounaise de Football (Fecafoot) peut souffler. Le gouvernement camerounais a annoncé ce samedi qu’il s’acquitterait du paiement de 1,85 million d'euros, une somme due à l’ancien sélectionneur des Lions Indomptables Antonio Conceiçao et à son staff, suite aux condamnations successives de la Fecafoot par la FIFA, le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) et le Tribunal Fédéral Suisse. Dans un courrier révélé vendredi et datant de décembre, la FIFA menaçait de traîner le Cameroun devant sa commission de discipline dans ce dossier, laissant planer le spectre d'une éventuelle suspension des Lions Indomptables.

Dans un communiqué officiel, le gouvernement a justifié cette décision par la nécessité de protéger l’image du Cameroun sur la scène internationale :

« Il est porté à la connaissance de l'opinion publique que, dans l'optique de la préservation de l’image de marque du football camerounais et face aux menaces de suspension du Cameroun des compétitions FIFA et CAF, l'État a choisi de se substituer à la Fécafoot dans l'affaire l'opposant à l'ex entraîneur-sélectionneur des Lions Indomptables, Monsieur Antonio Conceiçao Da Silva Oliveira, grâce à la Haute Sollicitude du Président de la République à l'égard du Sport en général et des Lions Indomptables en particulier. »

Conceiçao prolongé, qui est le coupable ?

L’affaire Antonio Conceiçao a fait grand bruit ces derniers mois au Cameroun, notamment en raison du flou entourant les responsabilités quant à l'ardoise à régler. L’ancien sélectionneur portugais avait été maintenu en poste après la CAN 2021 sur décision ministérielle contre l'avis d'Eto'o, qui avait fini par le limoger pour le remplacer par Rigobert Song. Selon une partie de l'option, la responsabilité n'incombe toutefois pas à la Fecafoot. C'est notamment l'avis partagé par le coach camerounais Patrice Fotso sur Équinoxe Télévision :

« La Fecafoot n’y est pour rien dans cette affaire. C’est le ministre qui a renouvelé le contrat d’Antonio Conceiçao trois mois après la CAN chez nous ; c’est lui qui va assumer si le Cameroun est sanctionné. »

Un avertissement clair du gouvernement à la Fecafoot

Si le gouvernement a choisi d’éponger cette dette, il n’a pas manqué d’adresser un sérieux avertissement à la Fecafoot quant à sa gestion des affaires contractuelles. Dans son communiqué, il est rappelé que l’État a déjà investi des « moyens financiers colossaux » dans le football camerounais et que l’instance fédérale devra désormais faire preuve de plus de rigueur dans sa gestion :

« La Fecafoot est invitée à une gestion moins primesautière et plus responsable de ses rapports avec les encadreurs. Elle doit s'abstenir à l'avenir de toute décision hâtive et impulsive qui soit de nature à impacter négativement l'image de notre pays et à induire des dépenses supplémentaires inutiles au Trésor public, dans un contexte de raréfaction des ressources financières. »

La Fecafoot s'en voit donc appelé à son “sens des responsabilités“, et ce même si elle ne détient plus forcément les cordons de la bourse. Pour rappel, c'est le pouvoir politique qui a choisi le sélectionneur Marc Brys, les demandes de la Fecafoot étant jugées déraisonnables sur le plan salariale.

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Hicham Bennis

Couteau suisse adepte du sport africain. Un peu de TV chez L'Équipe, et beaucoup de presse écrite chez Befoot, Libé, La Depêche du Midi...