CAN 2021 : le Cameroun veut s’éviter des « Éléphants blancs »

Publié le par Yoro Mangara, actualisé le

Auteur d’une belle organisation de la dernière CAN en 2022, le Cameroun avait consenti à d’importants investissements pour la construction et la rénovation de 6 stades. Un an après cet événement, la pérennité de ces enceintes a conduit Joseph-Antoine Bell à la tête du tout nouvel office national des infrastructures et équipements sportifs (ONIES). L’ancien gardien de but international camerounais aura la lourde tâche de définir des stratégies pour la valorisation et la promotion de ces infrastructures pour ne pas subir le phénomène des « Éléphants blancs ».

Par Yoro Mangara,

Les stades d’Ahmadou-Ahidjo et d’Olembe à Yaoundé, de Japoma à Douala, de Limbé, de Kouekong à Bafoussam et de Roumdé Adjia à Garoua ont été au cœur des débats entre 2018 et 2022. Les retards dans la livraison de leur construction ou rénovation ont d’abord poussé la CAF à retirer au Cameroun l’organisation de la CAN 2019. Avant d’accueillir en 2022, la grand-messe du football continental, remportée par le Sénégal. En août 2022, soit 6 mois après la coupe d’Afrique, le gouvernement camerounais crée l’office national des infrastructures et équipements sportifs (ONIES).

Un double champion d’Afrique pour diriger l’ONIES

La création de l’office national des infrastructures intervient dans un contexte de rentabilité et de préservation de ces infrastructures qui ont nécessité un lourd investissement. Plus d’un milliard d’euros (700 millions FCFA) ont été mobilisés pour la création et ou la rénovation de ces six stades d’envergure, et une douzaine de terrains d’entraînement. Les routes et accès ont été améliorés à cet effet. En février 2023, Joseph-Antoine Bell est porté à la tête de l’ONIES en qualité de président du conseil d’orientation de cette nouvelle institution chargée de la gestion et la valorisation de ces infrastructures.

Une initiative saluée par le champion d’Afrique 1984 et 1988, interrogé par Afrik-Foot.com à l’occasion du Sport Impact Summit tenu à Dakar (5 -7 novembre). « Je suis heureux que mon pays et le président Paul Biya aient pensé à non seulement construire ces infrastructures mais surtout pensé à leur durabilité, souligne Joseph-Antoine Bell. C’est un peu trop habituel qu’en Afrique on construit puis on tourne le dos. Or, le sport a besoin de ces infrastructures. Ne serait-ce que sur l’aspect économique. Lorsque vous dépensez autant d’argent, il faut que cela soit amorti dans le temps », a rappelé l’ancien gardien de but de l’Olympique de Marseille.

Joseph Antoine Bell, Cameroun
© Iconsport

L’organisation de la Coupe d’Afrique des nations a permis au Cameroun de résoudre son déficit d’infrastructures. Au moment où le championnat camerounais prenait un nouvel élan sous l’impulsion de Samuel Eto’o, président de la Fédération de football depuis décembre 2021. Les complexes sportifs d’Olembe, de Japoma, de Mbappé Leppé, l'annexe du gymnase multisport et le stade de Bonamoussadi qui ont constitué un même lot avec les stades de Bandjoun et de Mbouda figurent entre autres infrastructures qui doivent profiter aux sportifs camerounais. « Il faut que ces stades puissent être utilisés longtemps, dans la durée pour pouvoir justifier leur construction et remplir leurs véritables rôles. Ces infrastructures n’ont pas été construites pour la CAN, mais à l’occasion de la CAN, pour les Camerounais. La CAN en a profité. Mais les stades sont construits pour être utilisés », a précisé Bell.

Une stratégie d’ouverture aux activités extra sportifs

Pour leur viabilité, ces infrastructures ne doivent pas se limiter à accueillir les matchs des championnats de football camerounais. Même si c’est en priorité pour la pratique du ballon rond. L’ONIES pense à les ouvrir davantage pour maximiser leur utilisation. « Ce ne sont pas juste des infrastructures pour le football, précise Joseph-Antoine Bell. Ça appartient à tous les Camerounais. Au-delà du football, ces infrastructures sont ouvertes aux autres disciplines et surtout aux autres activités socio-culturelles. Même ceux qui n’ont rien à voir avec le sport peuvent les utiliser parce que ce sont des infrastructures qui sont précisément utilisables pour d’autres types de manifestations. Il faudra faire en sorte que tout le monde le comprenne et faciliter l’accès à tous », a-t-il insisté.

Le président du conseil d’orientation de l’office national des infrastructures et équipements sportifs invite le secteur privé camerounais à tenir ses manifestations dans ces édifices. Tout en précisant son adaptabilité à tous types d’événements. « Le secteur privé et surtout les particuliers, je pense à l’art, je pense aux expositions, je pense à la musique et à la culture. On a déjà commencé avec des rallyes religieux qui tiennent leur meeting dans ces stades. On les adapte. Il ne faut pas voir les stades dans une fonction unique avec la pelouse. On est capable de les adapter pour que d’autres puissent utiliser cet espace », a-t-il ajouté.

CAN 2021 : le Cameroun veut s’éviter des « Éléphants blancs »
Yoro Mangara

Journaliste, passionné de foot et grand défenseur du football africain.