Le Bénin comme à la maison en Côte d’Ivoire

Publié le par DOUCET PHILIPPE

Parmi les pays ne pouvant évoluer à domicile faute de stade homologué pour ces éliminatoires de la CAN 2025, le Bénin s’en sort plutôt bien à Abidjan. Il y dispose d’un vrai soutien populaire et… gagne ! 

Par Philippe Doucet, à Abidjan,

Le consul du Bénin en Côte d’Ivoire ouvre une sacoche et commence à sortir d’épaisses pochettes immédiatement glissées au sélectionneur Gernot Rohr. Celui-ci évente le « secret » sans réticence. « Notre défenseur Mohamed Tijani voulait inviter tout son quartier au stade. Il est de Treichville à Abidjan. Il voulait carrément 2000 billets. Le consul en a trouvé 300. » Et c’est déjà pas mal…

Né en Côte d’Ivoire d’un père béninois et d’une mère ivoirienne, ancien de l’Africa Sport, Tijani est un bon exemple du soutien populaire dont les Guépards disposent à Abidjan. Près d’un million et demi de Béninois vivent en Côte d’Ivoire. 800 000 sur Abidjan même où le Bénin accueille désormais ses matches « à domicile ». Si toute la délégation béninoise regrette cet exil forcé par la non-homologation du Stade Mathieu Kerekou à Cotonou, le conseiller sport du Bénin, Jimmy Adjovi-Boco, apprécie :

« Nous venons de gagner nos quatre matches dans ce stade Houphouët-Boigny ! Dont celui face au Nigeria en qualifications de Coupe du monde (2-1). Et l’on se sent comme chez nous à Abidjan ».

De fait, déjà 15 000 billets ont été réservés pour ce nouveau match essentiel contre le voisin nigérian. Le retour à la CAN passe par ce rendez-vous au Félicia. Le Bénin n’est pas le seul à user du « Akwaba » ivoirien. Quelques heures avant le Bénin-Nigéria, le Burundi défiera le Malawi sur la même pelouse. Et cette fenêtre internationale aura également vu le Tchad, la Guinée et, quand même, la Côte d’Ivoire elle-même, recevoir dans les deux stades d’Abidjan.     

Steve Mounie, Bénin
© IconSport

Le paradoxe béninois

Ensuite, il sera temps pour les Guépards de revenir jouer en territoire béninois, terre de paradoxe côté stades. Il est, en effet, étonnant de retrouver le Bénin parmi la vingtaine de pays africains sans stade. Dans un grand plan d’équipement, le Président Talon a, en effet, équipé toutes les régions de 22 stades neufs pour le championnat local et les sports de proximité. Mais les capitales Cotonou et Porto-Novo en ont été oubliées. 

Le rattrapage est en cours avec la réhabilitation du Stade René-Pleven en plein centre de Cotonou pour le championnat. Le Ministre des Sports Benoit Dato a également présenté un nouvel habillage du Stade Charles-de-Gaulle à Porto Novo. Sans oublier le Général Mathieu Kerekou en cours de lifting. En 2023, la Confédération africaine de football (CAF) avait pointé du doigt le concernant un problème de qualité de la pelouse ainsi que des améliorations nécessaires à effectuer dans les vestiaires, les installations médicales, la salle de conférence de presse et la tribune des médias.

Rendez-vous en mars 2025 ?

Depuis, les travaux ont démarré, lentement, et devraient durer 9 mois. Il semble bien que, pour mars et juin (les prochaines échéances dans les éliminatoires de la Coupe du monde), le stade ne sera toujours pas prêt. La lune de miel entre Abidjan et le Bénin pourrait durer encore quelques mois.

Il faut dire que les coéquipier du capitaine Steve Mounié ont trouvé une vraie terre d’accueil en Côte d’Ivoire. Bien loin de leurs exils impeccables au Maroc. Mais bien ennuyeux avec un public désespérément absent…

Bénin, supporters, fans
© Iconsport
Le Bénin comme à la maison en Côte d’Ivoire

DOUCET PHILIPPE

Journaliste ayant débuté à "Golf Magazine" puis le quotidien sportif "Le Sport".
Avant de plonger dans la télévision et Canal+ en 1989.
Commentateur de football et tennis.
Mais aussi créateur de la "palette" et des statistiques sur les grands directs et la Ligue des Champions.
Son engagement dans le sport africain remonte à la CAN 1992 et à toutes les CAN suivantes qu'il a suivi pour Canal+ Afrique.
Chroniqueur sur RFI dans "Radio Foot International".