Le Maroc affrontera l'Espagne ce lundi 5 août à Marseille pour le compte des demi-finales des Jeux Olympiques Paris 2024. Un match forcément à part pour Achraf Hakimi, sans doute à peine remis de l'émotion suscitée par le succès face aux Etats-Unis (4-0) vendredi, dans son antre habituelle du Parc-des-Princes…
Le latéral droit du Paris-Saint-Germain (25 ans), qui fait partie des jokers de plus de 23 ans autorisés au sein des rangs marocains, va donc tenter de prendre de nouveau le scalp de son pays de naissance. La dernière fois ? C'était avec la sélection A, à l'occasion des huitièmes de finale de la Coupe du monde 2022, et les Lions de l'Atlas l'avaient emporté aux tirs aux buts (0-0, 3 tab à 0) avec le dernier tir transformé par… Hakimi, d'une panenka.
Surtout que la poule de la mort qu’on avait Croatie – Belgique – Canada ! Tous le monde nous voyait sortir en poule on a fini 1er et derrière on élimine l’Espagne aux TAB sur une Panenka d’Hakimi pic.twitter.com/zYdpGfetwi
— Hossame 🇲🇦 (@HossameBen) July 21, 2024
En marge de cette rencontre, son père Hassan Hakimi avait
d'ailleurs fait quelques confidences à l'AFP.
“L'Espagne, c'est son deuxième pays, sa maison. C'est la
première maison contre la deuxième” avait-t-il déclaré.
“Maroc – Espagne, était-ce le match le plus spécial à vos yeux
?“, demandait à l'époque Marca, ce à quoi le Lion de
l'Atlas répondait sans détours : “Non. Ce sera la
finale“.
“J’ai un nom arabe et une tête de marocain“
Comme le prouve cette franche confidence, même s'il a vu le jour en Espagne, qu'il y a grandi et qu'il s'y rend régulièrement dès qu'il a droit à quelques jours de repos, tout n'a pas forcément toujours été idyllique pour le triple champion de France, qui souffre encore aujourd'hui de ce fléau mondial qu'est le racisme. “Bien sûr que j’ai souffert du racisme dans ma vie. Peu importe ma carte d’identité et mon passeport. J’ai un nom arabe et une tête de marocain“, confiait-il au quotidien espagnol El Mundo en novembre 2019.
En partageant même un exemple : “Je peux être à bord d’une belle voiture, avec une casquette sur la tête, quittant le Bernabeu ou un dîner entre amis. Systématiquement, la police nous arrête, pensant que nous sommes des voleurs. C’est toujours la même chose avec les étrangers. Sans mépriser personne, un Espagnol ou un Blanc ne se fait pas arrêter dans ce genre de situation“, déplorait-il.
📸 | Mbappé et Hakimi sont à Madrid ! 👀 pic.twitter.com/qKkf1nkpiZ
— DM SPORT (@dmsportma) May 9, 2022
“Je ne me sentais pas chez moi”
Les parents du piston droit, né à Getafe (banlieue sud de Madrid), dans le quartier de Las Margaritas, sont tous les deux marocains et installés en Espagne depuis les années 1980. Formé au Real Madrid, Hakimi débute même en pro avec les Merengue, avant de prendre son envol à l'été 2018 en direction du Borussia Dortmund en Allemagne, avec déjà une Ligue des champions et une Coupe du monde des clubs en poche. Loin des yeux, mais toujours près du coeur pour celui qui a toutefois toujours porté le maillot marocain même en jeunes. Même si la tentation de rejoindre la Roja a bel et bien été présente.
“Il y a eu des contacts, je suis aussi allé faire un essai dans l'équipe nationale espagnole, avec De la Fuente. J'ai passé quelques jours à Las Rozas et j'ai vu que ce n'était pas le bon endroit pour moi, je ne me sentais pas chez moi”, avait révélé Hakimi, pour le journal Marca. “Ce n'était pas à cause de quelque chose en particulier, mais à cause de ce que je ressentais, parce que ce n'était pas ce que j'avais appris et vécu chez moi, à savoir la culture arabe, le fait d'être marocain. Je voulais être ici”, avait-t-il aussi ajouté, réaffirmant ainsi au passage son amour pour le Maroc.
Lundi au Vélodrome, nul doute que celui qui arbore le numéro 2 sur son dossard sera une nouvelle fois fier de porter la liquette Rouge et Verte. Avec la possibilité de rendre fier également tout un peuple, qui attend depuis toujours de voir son équipe de football en finale d'un tournoi olympique, il n'y aura pas de place pour les sentiments. Au moins durant l'espace d'une heure et demie.