Loin des gros transferts et des sommes astronomiques du mercato estival, le FC Nantes s’est offert dans la plus grande discrétion le prometteur Lamine Diack en provenance d’Ankaragücü (D1 Turquie). Un transfert estimé à 2 millions d’euros pour s’attacher les services de l’ancien international sénégalais U20. Une belle promesse pour les Canaris qui ont accueilli un joueur talentueux au parcours atypique.
Après Shkupi (D1 Macédoine), Tuzlaspor, Fenerbahçe puis Ankaragücü en Turquie, Lamine Diack a donc atterri en juillet 2023 au FC Nantes (France). La trajectoire cahoteuse du joueur de 22 ans semble s’être rééquilibrée avec cette découverte de la Ligue 1 française, un des 5 plus importants championnats en Europe. Né le 15 novembre 2000 au Sénégal, Lamine Diack n’a pas encore disputé ses premières dans l’élite française. Une première qui ne devrait plus tarder, même si ce ne sera pas ce dimanche puisqu’il ne figure pas dans le groupe retenu contre Clermont.
Pépite d’Oslo FA, sur les pas de Krépin et Dion Lopy
C’est en 2017 que le petit Lamine Diack, alors âgé de 15 ans, débarque chez les cadets de l’académie Oslo FA. Doué et précoce, il sort du lot dans cette fabrique à champions où sont passés Krépin Diatta, Faustino Manga, Dominique Mikilan ou encore Dion Lopy. Grâce à sa technicité et sa clairvoyance dans le jeu, il est surclassé dès la saison suivante en juniors. Un an plus tard, Oslo FA lance une section séniors que Lamine Diack intègre dans la foulée. L’académie dispute le National 2 et réussit la montée sans la moindre défaite.
Avec Oslo, il est surclassé dans l’équipe séniors qui réussit la montée. À l’été 2019, il s’envole pour Shkupi en première division macédonienne. Un transfert facilité par le renoncement d’indemnité de transfert de la part d’Oslo FA. L’académie avait alors introduit une clause pour recevoir des dividendes sur le prochain transfert. Jusqu’ici, son club formateur n’a jamais reçu cet argent. Un manque de reconnaissance qui constitue aujourd’hui la pomme de discorde entre Diack et Oslo FA.
Ce triste épisode n’entame pourtant pas son capital sympathie. Ceux qui l’ont formé le décrivent comme une belle personne. « Humainement c’est une personne très correcte. D’ailleurs ses coéquipiers l’ont surnommé ‘Baye Faal’ (disciples du Mouridisme) parce que c’est quelqu’un qui est tout le temps en train d’écouter et lire les ‘Khassida’ (écrits de la confrérie mouride). Il est très pieux », nous décrit l’ancien sélectionneur du Sénégal U20, Youssouph Dabo joint au téléphone par Afrik-Foot.com.
La confirmation en équipe nationale U20
Malgré son jeune âge, Lamine Diack impressionne par « un volume de jeu hors du commun qu’il allie avec une technique balle au pied remarquable », décrit un de ses anciens entraîneurs. Une technique individuelle au-dessus de la moyenne avec de bonnes prises de balle, des relances précises et par-dessus tout, une générosité dans l’effort. Ce qui lui a permis d’intégrer la sélection U20 à l’âge de 17 ans.
💬 Lamine Diack : “Je préfère jouer six. J'aime beaucoup les duels. Mes coéquipiers m'ont très bien accueilli. Il y a vraiment une bonne ambiance au sein du groupe !” pic.twitter.com/cmVY9ub6RR
— FC Nantes (@FCNantes) August 4, 2023
C’est au cours d’un match de Coupe du Sénégal cadets entre Oslo et Darou Salam qu’il est repéré par Youssouph Dabo, alors sélectionneur du Sénégal des moins de 20 ans. À l’époque, Lamine Diack compose une paire de milieux de terrain talentueux avec Dion Lopy. Capitaine en cadets puis chez les juniors de l’académie Oslo FA, il est appelé pour la première fois chez les Lionceaux lors du dernier match de préparation à la CAN.
« Quand je l’ai vu la première fois, il jouait avec Dion Lopy à Oslo FA contre Darou Salam en match de Coupe du Sénégal, se souvient Youssouph Dabo. Il jouait devant la défense. Techniquement très à l’aise, très confortable avec le ballon, il dégageait une certaine lenteur dans la vitesse d’exécution. J’ai vu qu’il l’a corrigée. Il a beaucoup progressé sur cet aspect. C’est un joueur qui a des bases très solides sur les plans technique et athlétique avec un gros VMA (Vitesse maximale aérobie, ndlr). C’est un joueur capable de répéter les courses sur le terrain », explique le nouveau coach d’Azam FC en Tanzanie.
À Nantes pour franchir un palier
Même s’il n’a jusqu’ici pas disputé la moindre minute avec le FC Nantes, Lamine Diack a fait deux apparitions dans le groupe nantais face à Toulouse (défaite 1-2, J.1) et Lille (défaite 2-0, J.2). Après la Turquie, il devra sans doute hausser son niveau pour inciter le coach Pierre Aristouy à lui donner sa chance. « Avec lui, j’insistais plus sur sa vitesse d’exécution et sa capacité à casser des lignes avec le ballon, rappelle Coach Dabo. On voyait qu’il avait une habileté dans cet aspect mais ne l’exploitait pas assez. Quand il avait le ballon, il déclenche les passes de là où il était. Il ne le portait pas pour venir fixer ou casser des lignes. Là, il le fait très bien. »
Pour l’ancien entraîneur du Jaraaf et de Teungueth FC, c’est une suite logique de voir son ancien protégé intégrer une équipe de l’élite française. « Ce n’est pas une surprise pour moi de le voir à ce niveau. Il n’a pas eu le même parcours que les autres. Ça a été plus difficile pour lui mais il s’est accroché parce qu’il a toujours été solide mentalement. Pendant la CAN 2019 (U20), il a disputé quelques matchs notamment la finale contre le Mali. C’est quelqu’un qui est très tourné vers le collectif. Il a une très grosse frappe même si je trouve qu’il ne l’exploite pas assez. S’il est régulier avec Nantes, il peut aller beaucoup plus haut que ça parce qu’il a les qualités pour », prédit-il.