“Peut-être pas programmés pour ça”… Les confidences d’Alexandre Lafitte, plus jeune coach français du monde et champion de Côte d’Ivoire [Exclu]

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Cinquante-six ans après son dernier titre obtenu en 1969, le Stade d’Abidjan est devenu champion de Côte d’Ivoire pour la sixième fois de son histoire, et va affronter ce samedi le Racing d’Abidjan en demi-finale de la coupe nationale. Le club de la capitale économique ivoirienne doit en partie ce sacre à Alexandre Lafitte, 28 ans, plus jeune entraîneur français de D1 du monde, arrivé sur le banc des Yéyés en janvier 2023, et dont l’avenir va se dessiner dans les prochaines semaines. Entretien.

Alexandre Lafitte, le 18 mai, grâce à sa victoire face à Lys Sassandra (3-0), le Stade d’Abidjan a remporté son sixième titre de champion. Comment analysez-vous cette performance ?

Nous sommes vraiment très fiers. Car ce n’était pas forcément prévu. Il y a en Côte d’Ivoire de très bons clubs, ambitieux, et qui ont des moyens supérieurs aux nôtres, comme l’ASEC ou le FC San Pedro, le champion en titre. Il y a aussi l’AFAD Djekanou. Le Stade d’Abidjan avait remporté ses cinq précédents titres dans les années soixante (1962, 1964, 1965, 1966 et 1969), et même s’il avait gagné plusieurs fois la Coupe de Côte d’Ivoire depuis (5 fois) et la Coupe Félix Houphouët-Boigny (2 fois), il y avait une vraie attente.

Le titre était-il un des objectifs du club ?

Il y avait l’ambition de faire une belle saison, après la seconde place obtenue en 2024. Nous n’étions peut-être pas programmés pour remporter le titre, atteindre la phase de groupes de la Ligue des Champions et être toujours en lice en demi-finale de la Coupe, contre le Racing d’Abidjan (l’autre demi-finale opposera le FC San Pedro a SOL FC, ndlr). C’est aussi pour cela que nous avons fêté notre titre dimanche soir, qu’il y a eu beaucoup de sollicitations, notamment médiatiques, mais que dès mercredi, nous nous sommes remis au travail pour préparer cette demi-finale.

Avez-vous craint que la lourdeur du calendrier finisse par se retourner contre votre équipe ?

C’est vrai que nous avons beaucoup joué cette saison, avec toutes les compétitions. En Ligue des Champions, nous avons passé deux tours et disputé la phase de groupes, avec des adversaires de très haut niveau (Al-Ahly, Orlando Pirates et le CR Belouizdad, ndlr), avec de longs déplacements. Parfois, comme au mois de décembre, il fallait faire face à un calendrier surchargé, avec six matches en treize jours.

Mais j’ai un effectif de qualité, avec des joueurs sérieux, travailleurs. Il y a eu des moments compliqués, avec des défaites, de la fatigue, mais on voulait faire quelque chose lors de cette saison. En championnat, il y avait des équipes qui avaient aussi cette ambition, cela a donné lieu à un belle compétition, jusqu’au bout. 

« Mon avenir va se décider dans quelques semaines »

Quand vous avez été recruté en 2023, personne ne vous connaissait en Afrique. Vous aviez tout juste 25 ans, et une certaine forme de scepticisme entourait alors votre arrivée…

C’était tout à fait normal. J’avais été très bien accueilli au club et par les supporters, mais il fallait que je fasse mes preuves, que l’âge n’était pas la question la plus importante. Je devais montrer que j’étais compétent. Il y avait un projet porté par les dirigeants et notamment le président Souleymane Sidibé. Il s’agissait de disputer une coupe d’Afrique, d’avoir de bons résultats dans les compétitions domestiques. C’est ce que nous avons fait la saison dernière.

Vous serez en fin de contrat le 30 juin prochain. Quels sont vos projets ?

Je vais rencontrer prochainement mes dirigeants. Il y a une volonté de me conserver, une hypothèse qui fait partie de mon raisonnement. On va disputer la Ligue des Champions, c’est évidemment un programme intéressant. Mais je réfléchis également à d’autres hypothèses. J’ai un problème au niveau des diplômes, puisque je suis titulaire de l’UEFA A. Je ne peux par exemple pas entraîner en Europe, sauf par exemple en Ligue 2 en Autriche ou en Belgique. Mais je peux être adjoint, en France par exemple. Et je dois donc obtenir l’UEFA PRO. 

Dans ma situation actuelle, je peux bénéficier d’une dérogation pour entraîner le Stade d’Abidjan la saison prochaine, mais pas une autre équipe africaine qualifiée pour la Ligue des Champions. Je réfléchis à tout cela. Rester un an de plus et passer mon diplôme, ou aller ailleurs. Cela va se décider dans les prochaines semaines.

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Alexis Billebault

Journaliste spécialisé dans le football africain depuis le début des années 2000, j'ai travaillé sur les 11 dernières CAN.