“Regardez le Maroc”, la sortie forte de Thomas Meunier sur les binationaux

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Le sujet des binationaux n'a pas fini de déchaîner les passions. Moins flamboyante sportivement depuis la fin de sa “génération dorée”, la Belgique se retrouve frappée de plein fouet par la problématique, avec des talents qui choisissent de plus en plus jeunes le pays de leurs parents au détriment des Diables Rouges. Le latéral Thomas Meunier s'est exprimé sur le sujet, devenu épineux au “Plat pays”.

“On va encore en perdre d’autres”

Interrogé par le journal Le Soir sur les nombreux cas récents de binationaux préférant défendre le pays de leurs parents, le latéral de Lille a livré une analyse nuancée sur un sujet qui inquiète en haut lieu et provoque la colère en Belgique. Il reconnaît que ces choix relèvent davantage d’une identité culturelle profondément ancrée :

“Je pense que c’est très facile d’influencer de jeunes joueurs, et pour moi, ce n’est pas une question sportive. Tout dépend de l’éducation reçue. Ayant côtoyé de nombreux joueurs binationaux ou trinationaux, je vois à quel point la culture familiale est souvent bien plus forte que l’opportunisme sportif.” déclare-t-il, avant de reconnaître :

À choix égal, à équipes égales, tu te tourneras toujours vers ce qui te représente : ton nom de famille, les valeurs transmises par tes parents et grands-parents. C’est ancré en toi, comme la religion. Au final, on se rapproche toujours de ce qui nous ressemble.”

Contrairement a beaucoup d'analyses venant d'Europe sur le sujet, celle de l'ancien Parisien ne juge pas les joueurs en question, reconnaissant la difficulté de leur dilemme. Il cite en exemple le Maroc, qui attire de nombreux talents issus de la diaspora, avec des arguments désormais autant sportifs qu’émotionnels.

“Regardez le Maroc : c’est une nation capable de rivaliser avec les meilleures équipes européennes. Aujourd’hui, il n’y a plus vraiment d’opportunisme dans ces choix : on suit son cœur et son éducation. (…) Je peux comprendre en fin de compte qu’entre deux équipes nationales de même calibre, tu te tournes vers tes racines.”

En effet, depuis la Coupe du monde 2022 qui a vu les Lions de l'Atlas finir troisièmes, le Maroc a un argument sportif à faire valoir, qui le place en position d'égalité, voire de force, par rapport aux équipes européennes.

Un phénomène qui s’accélère

En Belgique, les cas se multiplient. Le dernier en date est celui de Chemsdine Talbi. L'ailier prometteur du FC Bruges a décidé de représenter le Maroc, malgré un parcours complet dans les équipes de jeunes belges, des U15 aux U18. Une décision qui a crispé la Fédération belge, d’autant plus qu’elle intervient juste après le choix de Konstantinos Karetsas, milieu de terrain du KRC Genk, de jouer pour la Grèce.

Mais cette tendance ne concerne pas que les joueurs d’origine marocaine. Noah Sadiki et Ngal’ayel Mukau ont par exemple récemment opté pour la République Démocratique du Congo avant leurs 20 ans, après des premiers pas avec les jeunes belges. Mukau, coéquipier de Meunier en club, avait même été conseillé par le latéral belge d'attendre la Belgique. En vain.

“Après, c’est ambivalent pour moi. Parce que, quelque part, je me dis ‘tu es né ici, tu as grandi ici, tu as été à l’école ici… pourquoi tu choisis un pays où tu n’as peut-être été que quatre fois en vacances ?'. C’est là qu’on voit que ces attaches sont profondément ancrées, parfois avec peut-être une pression parentale en plus.”

Meunier met ici le doigt sur un aspect souvent mentionné dans ces débats : la question de l’influence familiale. S’il reconnaît que cet attachement aux origines est naturel, il sous-entend aussi que certains joueurs pourraient ressentir une pression de leur entourage. Cet aspect, s'il existe, ne représente pas nécessairement la majorité des cas. Bien souvent, il s’agit d’un véritable choix du cœur de la part des joueurs eux-mêmes.

La Belgique peut-elle lutter ?

Pour enrayer cette fuite des talents, la Fédération belge a récemment annoncé par le biais de son DTN vouloir durcir sa politique de binationaux, en exigeant très tôt des joueurs concernés qu'ils choisissent définitivement leur sélection. Mais en a-t-elle vraiment les moyens ?

Le cas Chemsdine Talbi n’est sans doute que le début d’un exode plus large. Et Thomas Meunier ne s'est pas voilé la face…

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Louis Mukoma Fargues