Après avoir porté le maillot de la Côte d’Ivoire, puis être devenue sélectionneuse de la Guinée Equatoriale avec un titre de championne d’Afrique en 2008, et des Eléphantes, Clémentine Touré a rejoint les groupes techniques consacrés au football féminin de la CAF et la FIFA. La technicienne de 48 ans profite de la CAN au Maroc pour évoquer différents sujets en exclusivité pour Afrik-Foot.
La CAN féminine a commencé le 5 juillet. Constatez-vous un réel engouement pour la compétition ?
Oui. Je suis arrivée sur place quelques jours avant et il y a de l’intérêt pour ce tournoi. Les gens en parlent, les médias également. Il y a plusieurs villes qui vont accueillir des matchs : Casablanca, Rabat, Berkane, Mohammedia, Oujda.
En 2022, la CAN s’était déjà déroulée au Maroc, et il y avait eu de l’engouement. La finale à Casablanca entre l’Afrique du Sud et le Maroc (2-1) s’était déroulée devant près de 50 000 spectateurs. Je pense que nous aurons encore une fois une très belle CAN, avec des favoris comme l’Afrique du Sud, le Maroc, le Nigeria. Il y a aussi le Ghana, la Zambie, mais pas la Côte d’Ivoire, qui ne s’est hélas pas qualifiée.
2 games. 11 goals! ⚽️
— CAF Women’s Football (@CAFwomen) July 9, 2025
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“En Afrique, il y a eu des progrès spectaculaires pour le foot féminin”
Comment évaluez-vous l’évolution du football féminin en Afrique ?
Elle est très positive. Le niveau ne cesse de s’améliorer. En Afrique, il y a cinquante-quatre fédérations. Quarante-sept ont une sélection nationale senior A, et quarante-neuf organisent un championnat. C’est beaucoup plus qu’avant. Certains de ces championnats sont professionnels. Cela signifie que des femmes gagnent leur vie grâce à leur passion. Bien sûr, dans certains cas, les salaires sont modestes, mais c’est un pas en avant important.

Il y a des pays qui font beaucoup pour faire avancer le football féminin, comme l’Afrique du Sud et le Maroc. Et il faut aussi noter que le niveau des joueuses s’améliore : techniquement, physiquement, techniquement. Et la qualité de jeu s’améliore.
Il existe évidemment des disparités selon les pays, comme cela peut-être le cas sur d’autres continents…
Bien sûr. Et c’est aussi le cas pour le football masculin. Mais en Afrique, il y a eu des progrès spectaculaires. La CAF a fait des choses intéressantes : il y a davantage de compétitions, comme la Ligue des Champions féminine notamment, mais également pour les sélections dans les différentes zones régionales.
L’ivoirienne Clémentine Touré , ancienne sélectionneuse nationale de la Guinée Équatoriale 🇬🇶 intègre la FIFA, une nouvelle nomination comme #FFCED (FIFA Female Coach Educator Developer). pic.twitter.com/0chAyhfld9
— Lassana Camara (@mauritaniefoot) May 14, 2025
Il y a aussi des compétitions pour les jeunes, le Programme scolaire, etc. L’accent est mis sur la détection et la formation. Et on peut aussi évoquer la formation des cadres techniques, des arbitres, des administratifs. Cela prend forcément du temps, mais nous sommes sur la bonne voie.
“Le rôle des Etats est important“
Quel est le rôle des Etats dans l’évolution du football féminin ?
Il est important. En Afrique, il y a un nombre important de fédérations qui dépendent beaucoup de l’Etat d’un point de vue économique, même si elles bénéficient des subventions de la FIFA et de la CAF. Les Etats ont seuls les capacités pour améliorer les structures, par exemple.
Les codes sociaux et culturels peuvent-ils être un frein au développement du football féminin en Afrique ?
Cela peut en effet être le cas. Il existe quelques sociétés encore patriarcales. Dans un même pays, la pratique du football par les femmes peut être encouragée ou assez mal perçue. Or, le football peut permettre à des femmes de gagner de l’argent, d’aider leurs familles, grâce à la pratique de leur passion. Il faudra dans certains cas du temps pour faire évoluer des mentalités, mais je suis optimiste.
