Coup de tonnerre au sommet du football sénégalais !

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C’est un véritable tremblement de terre politique que vient de vivre le football sénégalais samedi et dimanche à l'occasion des élections pour la présidence de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF).

En poste depuis 2009, Augustin Senghor, président historique de la FSF, a été éjecté dès le premier tour de l’élection présidentielle de l’instance. Battu sèchement, sans appel, celui qui a incarné la stabilité pendant 16 ans quitte la scène sans avoir pu défendre ses chances jusqu’au bout. Un effondrement inattendu au terme d’un scrutin sous très haute tension.

20h de débats, la gendarmerie intervient… Une élection sous tension maximale

Démarrée samedi à 14h GMT au Centre International de Conférences Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio, l’assemblée générale élective s’est transformée en un long marathon. Plus de vingt heures de débats, votes, contestations et tractations ont été nécessaires pour aboutir au résultat final, proclamé seulement ce dimanche matin. Jamais une élection fédérale n’avait duré aussi longtemps dans l’histoire du football sénégalais.

Et pour cause, sur fond de désaccord sur les modalités du scrutin, l’ambiance est vite devenue délétère. Selon de nombreux témoins présents sur place, des altercations verbales ont éclaté dans les couloirs du CICAD. La tension atteint un tel niveau que la gendarmerie nationale a été appelée en renfort samedi en fin d'après-midi pour sécuriser le périmètre et permettre au vote d'avoir lieu. Une scène ubuesque.

Finalement, le premier tour a enfin lieu dans la nuit, et la surprise est immédiate : Abdoulaye Fall, président de Bambey FC et visage d’une coalition présentée comme réformatrice, prend une avance écrasante avec 301 voix sur 461, reléguant loin derrière Mady Touré (116 voix), patron de Génération Foot, et un Augustin Senghor quasi absent des débats avec seulement 92 voix. Les candidatures d’Oumar Ndiaye (1 voix) et d’Aliou Goloko (0 voix) sont anecdotiques. L’ancien homme fort de la FSF, artisan du sacre historique à la CAN 2021, voit son règne s’achever brutalement. Un deuxième échec, après celui du Conseil de la FIFA, dont il avait le projet d'intégrer les rangs au printemps.

Mady Touré crie à la fraude et saisit la justice

Mais ce séisme électoral ne fait que raviver les tensions. Dès la fin du premier tour, Mady Touré dégaine et annonce son retrait. Il dénonce publiquement « des cas avérés de corruption » au sein des délégués électeurs, accusant plusieurs représentants d’avoir été achetés ou influencés dans leur vote. Sans attendre la fin du processus, il annonce avoir saisi la justice sénégalaise, déposant un recours formel pour contester la validité du scrutin.

Abdoulaye Fall, la victoire d’un outsider devenu président

Malgré ce climat explosif, le second tour a bien lieu. Abdoulaye Fall l’emporte, avec 321 voix, contre 30 pour Mady Touré et 16 bulletins nuls, confirmant son leadership et devenant officiellement le nouveau président de la FSF. Une victoire nette et sans bavure, qui consacre un nouveau visage du football sénégalais. À peine élu, Fall lance un appel à « l’unité » et à « la responsabilité collective » dans un contexte fragilisé par les accusations de fraude et les divisions internes.

Le recours en justice de Mady Touré pourrait d’ailleurs continuer à alimenter les polémiques dans les jours à venir. Et le verdict final de cette élection pourrait bien se jouer… devant les tribunaux.

Coup de tonnerre au sommet du football sénégalais !

Hicham Bennis

Couteau suisse adepte du sport africain. De la TV chez La Chaîne L'Équipe, et beaucoup de presse écrite chez Befoot, Libé, La Depêche du Midi...