Ancien international algérien (22 capes entre 2003 et 2009), Abderaouf Zarabi a évolué notamment du côté de l’AC Ajaccio, de Gueugnon ou encore de Nîmes en France, mais aussi au NA Hussein Dey, à la JS Kabylie et au CS Constantine au pays. Autant dire que l’homme de 44 ans ne manque pas d’anecdotes à raconter, notamment au sujet de son ex-coéquipier en Corse, un certain… Walid Regragui ! Découvrez sans plus attendre la deuxième et dernière partie de notre interview.
Par Nacym Djender,
On va maintenant parler de votre ami Djamel Belmadi avec qui vous avez joué en sélection et qui fait face à des détracteurs qui voudraient le voir quitter la tête des Fennecs. Vous en pensez quoi ? (interview réalisée avant les dates FIFA d’octobre, ndlr)
Djamel Belmadi a ramené beaucoup de rigueur à la sélection nationale. Il a fait gagner à l’Algérie un titre de champion d’Afrique en Égypte. Certes, on a raté la qualification au Mondial du Qatar, à domicile dans les ultimes souffles du match, mais c’est le destin qui a voulu que ça se passe ainsi. Tout cela se discute bien sûr. Mais Belmadi reste un homme qui aime beaucoup son pays et qui travaille avec cœur. Je lui souhaite encore plus de succès.
Vous avez été déçu après la décision de la FAF de retirer la candidature de l’Algérie à l’organisation de la CAN ?
Je ne dirai pas que j’ai été déçu, parce qu’il faut être dedans pour cerner tous les points qui ont poussé les responsables à prendre cette décision de retrait. C’est sûr que nous, en tant qu’ancien joueurs, on aime toujours quand les grands évènements sont organisés à domicile. Mais en Algérie, il y a des hommes responsables qui savent parfaitement pourquoi il fallait retirer notre candidature d’organiser la CAN. Personnellement, je suis très solidaire avec cette décision de retrait.
« Mon favori pour la CAN ? L’Algérie sans la moindre hésitation »
Les Algériens se consoleront en se rappelant qu'ils ont gagné la CAN 2019 alors qu’elle était organisée en terre égyptienne…
C’est ça, on a cela à notre actif. On peut gagner la CAN même en dehors de notre sol, sans avoir à l’organiser.
Comment voyez-vous les chances des Verts lors de la CAN 2024 ?
Franchement, sans jeter de fleurs gratuitement à notre équipe, nous avons un groupe composé de jeunes talents, entouré de joueurs d’expérience qui sont de retour, à l’image de Sofiane Feghouli et nous avons toutes les chances de faire de bons résultats en Côte d’Ivoire. Il y a également l’arrivée d’Amine Gouiri qui va donner un plus en attaque, sans oublier les jeunes comme Bouanani et Chaïbi qui auront leur mot à dire désormais. Djamel a un choix encore plus grand dans son effectif. J’espère que la mayonnaise va prendre rapidement entre les nouveaux et les anciens afin d’être prêts dès le début de la CAN afin de réaliser quelque chose de grand en Côte d’Ivoire.
Votre favori pour cette CAN ?
L’Algérie ! Sans la moindre hésitation.
Et qui voyez-vous comme adversaire en finale ?
En fait, il y a beaucoup d’équipe de grande qualité. Et c’est une excellente chose pour l’image du football africain. Il y a plusieurs nations qui mériteraient d’être en finale. A part l’Algérie, il y a le Maroc, la Tunisie, la Côte d‘Ivoire, le Sénégal bien sûr ! Il y a aussi l’Égypte, le Nigeria… En fait, il y a de la qualité chez une bonne dizaine d’équipes. Après, c’est à celui qui aura le mental solide comme ce fût le cas du Maroc lors de la Coupe du monde au Qatar. Les Marocains ont joué avec une gros mental et sans complexe, insufflé par un entraîneur de grande qualité, en la personne de mon ami Walid Regragui avec qui j’ai joué en club à Ajaccio et que je salue chaleureusement à l’occasion. Je suis très content de le voir réaliser un aussi bon parcours avec les Lions de l’Atlas.
Tout comme Aliou Cissé avec qui vous avez joué aussi à Nîmes Olympique…
J’allais y venir justement. Il réalise également d’excellentes choses à la tête de la sélection du Sénégal, avec un titre de champion d’Afrique très mérité. Avec Aliou, on partageait la même chambre quand on était à Nîmes. Il était en fin de carrière, donc plus âgé que nous, mais c’était un vrai leader au sein de l’équipe. Il était très respecté et il a apporté beaucoup aux jeunes.
« L’épouse de Regragui, algérienne, nous accueillait comme notre propre sœur »
Pouvez-vous nous en dire en plus sur le Walid Regragui que vous avez connu à Ajaccio ?
C’est une relation très fraternelle qui me lie à Walid. Avec mon ami Yacine Bezzaz qui jouait également avec nous à Ajaccio, on était invités tous les week-ends chez Walid Regragui pour passer quelques heures ensemble. De plus, son épouse est algérienne et elle nous accueillait vraiment comme si on était sa propre famille.
Ah bon ? La femme du sélectionneur du Maroc Walid Regragui est algérienne ?
Oui, oui, c’est une Algérienne et c’est une dame qui a de très grandes valeurs. Elle nous recevait comme si c’était notre propre sœur. Je ne la remercierai jamais assez, tout comme Walid. Il nous donnait beaucoup de conseils que ce soit dans le football ou dans la vie de tous les jours. Yacine Bezzaz avait signé un an avant moi et, de mon côté, je venais d’arriver en France. C’est dire que je buvais ses conseils comme un grand frère. Et depuis cette époque, nous sommes restés amis et frères à ce jour. Même lorsqu’il était au Qatar, en pleine Coupe du monde. Il m’appelait au lendemain des matchs pour lui dire comment j’ai vu le match contre la Croatie par exemple de mon côté etc. C’est dire l’humilité de l’homme et du coach qu’il est. Je peux vous dire que Walid occupe la place d’un frère dans mon cœur !
Que pensez-vous de tout ce qu’il donne à cette équipe du Maroc ? Parlez-nous de la qualité de cet homme…
Walid a toujours été un gagneur. Il aime gagner par-dessus tout. Il sait transmettre sa grinta au groupe depuis qu’il était joueur. Il sait surtout comment parler aux jeunes joueurs. Comment transmettre ses idées sans heurter. Quand il avait eu la proposition de devenir sélectionneur du Maroc, je lui avais dit qu’il n’avait rien à perdre. Soit il devait échouer dans sa mission et tout le monde allait comprendre qu’il était venu dans la peau d’un pompier ; soit il allait réussir et il allait entrer dans l’histoire du football marocain et mondial. Et Dieu merci, il était allé jusqu’en demi-finale de la Coupe du monde ! Il pouvait même aller en finale de cette Coupe du monde. Je ne peux pas vous dire combien je suis fier de lui et fier aussi pour le peuple marocain et pour toute l’Afrique.
Que pensez-vous de votre ancien coéquipier Bernard Diomède à Ajaccio ?
Bernard Diomède était arrivé de Liverpool et avait un statut de champion du monde avec l’équipe de France. C’était un joueur qui parlait très peu mais quand il parlait, tout le monde l’écoutait. Ses conseils étaient précieux pour nous autres, ses coéquipiers. Ce n’est pas tous les jours que tu peux bénéficier des conseils d’un footballeur plus ancien avec une expérience comme la sienne. Diomède avait joué avec Zinedine Zidane, Didier Deschamps, Laurent Blanc, Thierry Henry et tous les grands champions du monde de l’équipe de France. Il avait du vécu dans le football de très haut niveau. Avec tant d’honneurs, tu ne le voyais jamais parler de sa carrière ou de son titre de champion du monde 98. Sa modestie était en soi, une leçon d’humilité et d’exemplarité. C’est un honneur pour moi d’avoir joué avec des hommes de cette qualité. Nous avons appris énormément auprès d’eux.