André Biyogo Poko : “le Gabon peut être la surprise de la CAN au Maroc” [Exclu]

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Cadre des Panthères du Gabon qui défient la Gambie vendredi dans un match décisif des éliminatoires de la Coupe du monde 2026, André Biyogo Poko (32 ans) a accordé une interview à Afrik-Foot. L’occasion pour le milieu défensif d’Amedspor en Turquie de revenir sur le récent choc contre la Côte d’Ivoire et ses ambitions pour la CAN 2025.

Entretien réalisé par A.P.

André Biyogo Poko, comment se passe votre aventure à Amedspor, votre quatrième club en Turquie après Karabükspor, Göztepe et Altay ? Comment décririez-vous votre lien avec ce pays ? 

La Turquie c’est un peu comme la France, à savoir un deuxième pays pour moi. C’est le pays où je suis arrivé après Bordeaux et dans lequel j’ai déjà joué 6 saisons avant de revenir en janvier dernier. J’ai signé à Amed Spor qui est le club phare de la grande ville de l’est du pays, Diyarbakir. L’objectif du club est clairement affiché : rejoindre la SuperLig la saison prochaine. Il y a une grosse attente populaire et donc une pression quotidienne qui est très motivante.

Durant votre parcours professionnel, vous avez également connu l’Arabie Saoudite, en 2022/23, du côté d’Al-Khaleej. Qu’avez-vous pensé de cette expérience ? 

J’ai vécu une très belle expérience dans la Super League d’Arabie Saoudite puisque nous avions réussi à nous maintenir avec mon club ce qui était l’objectif de la saison. Malheureusement, je ne disposais d’un contrat que d’une saison et je n’ai pas pu poursuivre mon aventure dans ce pays dont le championnat a bien progressé ces dernières années.  

“Voir Bordeaux au quatrième échelon national, cela me fait très mal, ça semble irréel”

Vous avez également évolué en Israël, à l’Hapoel Beer Sheva. Vous étiez là-bas lors des terribles évènements du 7 octobre 2023. Comment cela s’est-il passé pour vous là-bas dans ce contexte très particulier ? A-t-on vraiment la tête au football dans ces conditions ?

Je me souviens encore très clairement de ce matin du 7 octobre 2023. J'ai immédiatement contacté mon avocat pour lui faire part des premiers bombardements que j'avais entendus dans la ville, et je n'ai pas caché mon inquiétude car, bien sûr, c'était une première pour moi. J'ai apprécié le calme, le sang-froid et l'organisation des autorités israéliennes qui ont su assurer notre sécurité. Cela a été important pour rassurer ma famille et mes proches au Gabon. Même si les circonstances étaient inhabituelles en raison des mesures de sécurité mises en place en temps de guerre pour accéder aux stades, j'ai particulièrement retenu la ferveur et la chaleur des supporters, qui sont également de véritables experts du football.

Comment ne pas évoquer les Girondins de Bordeaux, le club où vous avez fait vos débuts en Europe et dans lequel vous avez disputé 100 matches toutes compétitions confondues. Suivez-vous toujours l’actualité du club, actuellement en National 2 ? Quel regard portez-vous sur ce qui arrive là-bas ? 

Bordeaux c’est mon premier club en Europe, celui qui m’a accueilli et où j’ai notamment acquis au fil des 5 années sur place la culture tactique nécessaire au plus haut niveau. C’est aussi un club qui m’a permis de gagner la Coupe de France en 2013. Alors, bien sûr, voir le club aujourd’hui au quatrième échelon national cela me fait très mal et cela semble même irréel car l’on parle d’un monument du football français. Et j’ai une pensée particulière pour tous les supporters du club car je sais qu’ils vivent des moments difficiles à accepter. 

“J’espère que ma meilleure CAN est celle à venir !”

Quelques mots sur la sélection du Gabon. Bravo pour le nul récent contre la Côte d’Ivoire, championne d’Afrique en titre (0-0). Comment sentez-vous la CAN à venir en fin d’année au Maroc, avec un tirage relevé, avec le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Mozambique ? 

Nous avons vraiment fait un match très sérieux contre cette excellente équipe de Côte d’Ivoire, malheureusement nous n’avons pas réussi à arracher cette victoire qui nous aurait ouvert la porte vers la Coupe du monde. Concernant la prochaine CAN, j’ai par expérience appris que les phases finales peuvent toujours réserver une surprise. J’espère que le Gabon sera la surprise de cette édition au Maroc. 

André Biyogo Poko, Gabon
© Iconsport

Vous avez disputé 4 CAN (2012, 2015, 2022) dont l’édition à domicile en 2017. Quel est votre pire et votre meilleur souvenir de CAN ? 

J’espère que ma meilleure CAN est celle à venir ! Car le quart de finale perdu aux tirs aux buts contre le Mali en 2012 reste une vraie blessure, d’autant que j’étais très jeune à l’époque et que cette défaite m’avait beaucoup marqué. Sans oublier que 10 ans plus tard, en 2022, nous allions encore perdre aux tirs aux buts en huitième de finale contre le Burkina Faso.

Vous êtes international depuis 2010. Vous comptez 77 sélections pour 4 buts et 4 passes décisives. Quel regard portez-vous sur votre carrière avec les Panthères ? Si vous ne deviez garder qu’un seul moment de votre parcours en sélection, quel serait-il ?

Je garde tant de grands souvenirs et d'émotions de chacun des rassemblements et matchs auxquels j’ai eu la chance et l’honneur de participer depuis de nombreuses années avec les Panthères qu’il m’est impossible de ressortir un moment particulier si ce n’est peut-être le jour de ma première titularisation. L’équipe nationale sera toujours avec moi car comme on le dit au pays : Panthère un jour, Panthère toujours !

Entretien réalisé par A.P.

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Lantheaume Romain

Je suis tombé amoureux du foot africain avec Didier Drogba, puis j’ai découvert Afrik-Foot en 2013. Depuis, nous ne nous sommes plus lâchés !