Défait 0-1 en amical mardi par l’Algérie, le Sénégal a vu certaines de ses failles mises à nu à 4 mois de la CAN 2023. Ce revers, le 3ème de rang des champions d’Afrique en titre face aux Fennecs, suscite quelques interrogations chez d’anciens internationaux sondés par Afrik-Foot.com. À quelques semaines du tirage au sort de la phase de groupes de la prochaine CAN, les Lions ont encore du pain sur la planche avant de remettre leur titre en jeu en Côte d’Ivoire.
Séduisante en juin face au Brésil (victoire 4-2), l’équipe du Sénégal est redescendue de son nuage suite à sa défaite mardi à domicile contre l’Algérie (0-1). Les Fennecs mettent ainsi fin à la série d’invincibilité sénégalaise à domicile, qui datait de 2012. C’est aussi la première fois que les Lions perdent dans leur nouvel antre du stade Abdoulaye Wade de Diamniadio. De quoi remettre en perspective cette ambition de défendre le titre en Côte d’Ivoire lors de la prochaine CAN (13 janvier – 11 février).
Les enseignements de la défaite contre l’Algérie
La rencontre amicale entre les deux derniers champions d’Afrique, tenue mardi à Dakar, a tenu toutes ses promesses. Entre l’enthousiasme et l’agressivité débordantes du Sénégal et la malice et l’engagement de l’Algérie, l’Afrique du football a été servie. Ce sont une fois de plus les Fennecs qui s’en sortent victorieux face aux Lions du Sénégal. « Perdre à domicile ce n’est pas plaisant, surtout après 11 ans d’invincibilité. J’étais présent d’ailleurs quand on a perdu la dernière fois à domicile et que les supporters ont saccagé le stade. Ce n’était pas beau à voir », se souvient l’ancien international sénégalais, Ferdinand Coly.
Pour l’ancien arrière droit du Sénégal, finaliste de la CAN et quart finaliste de la Coupe du monde en 2002, cette défaite est la conséquence du manque de réalisme des Lions. « Je n’ai pas forcément d’inquiétudes après ce match. C’était une belle confrontation entre deux équipes qui avaient des choses à régler. L’Algérie a fait le dos rond pour contenir l’attaque sénégalaise. Ils ont eu les occasions mais ont pêché dans la finition. À nous de rehausser le niveau et travailler sur la finition », a-t-il suggéré au micro d'Afrik-Foot.com.
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Le Sénégal s’est procuré plusieurs occasions dangereuses devant le but algérien, sans les concrétiser. Une inefficacité qui n’inquiète pas tant que ça Cheikh Sidy Ba. « Il faut prendre en compte les absences de Boulaye Dia et d’Ismaïla Sarr, tempère-t-il. Ils avaient commencé à créer des automatismes après le match face au Brésil. On a senti cette absence sur le côté droit où Iliman Ndiaye n’a pu faire de différences. Nicolas Jackson cherche ses repères dans cette sélection. Il lui faut plus de temps. La liaison entre le milieu et l’attaque était déficiente. C’est aussi dû à la tactique algérienne qui était de faire des fautes quand il le faut pour casser la dynamique sénégalaise », a expliqué l’ancien international sénégalais (17 sélections, 1 but).
Un milieu et une défense à renforcer
Depuis qu’il est installé sur le banc de l’équipe du Sénégal, Aliou Cissé a affronté l’Algérie à 5 reprises. Pour un bilan famélique de 1 nul et 4 défaites. Le technicien de 47 ans a perdu ses trois duels face à son ami Djamel Belmadi depuis 2019. « L’Algérie a trouvé la recette pour battre le Sénégal. Ils ont un plan de jeu bien défini comme l’a rappelé Belmadi. Ils nous ont épiés grâce à la vidéo, la presse. Dans le football d’aujourd’hui les équipes ont développé ‘l’espionnage’. Ils connaissent nos points forts. C’est normal aussi, on est les champions d’Afrique », reconnaît Ferdinand Coly.
Une impuissance qui a fini d’agacer les joueurs à l’image des plus expérimentés, Gana Gueye et Sadio Mané. Ce dernier peut s’estimer heureux de n’avoir pas été exclu pour plusieurs gestes d’humeur. « Au niveau de l’état d’esprit il faut qu’on garde notre calme. Contre l’Algérie on a vu beaucoup de nervosité. Surtout de la part de Sadio Mané, qui est passé à côté de son match. À la CAN, le Sénégal sera attendu et tous nos matchs seront à couteaux tirés. Ils vont les énerver et s’ils ne parviennent pas à garder leur calme, ils risquent de sortir de leurs matchs », a prévenu Cheikh Sidy Ba, aujourd’hui directeur sportif du Jaraaf (D1 – Sénégal).
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— ONZEALGERI_EN (@onzealgeriee) September 13, 2023
Le match face à l’Algérie a également révélé de réelles carences dans l’entrejeu et l’arrière-garde des hommes d’Aliou Cissé. « Au milieu de terrain, il y a eu beaucoup de pertes de balles. Sur le côté gauche de la défense on avait Jakobs et Abdallah Ndour sur le banc mais il (Aliou Cissé) a préféré mettre Abdou Diallo, un défenseur central. Pendant 90 minutes, il n’est pas monté une seule fois, aucun dédoublement, ni le moindre centre. Peut-être que c’était des consignes du coach. Il faut installer un titulaire au poste d’arrière gauche. Tantôt c’est Jakobs, parfois Abdallah Ndour, une fois c’est Niakhaté et mardi c’était Abdou Diallo », a invité Cheikh Sidy Ba.
Un renouvellement inévitable
Vainqueur de la CAN en 2022, cette équipe du Sénégal semble à la croisée des chemins. De quoi envisager une régénération de son effectif pour rester au sommet du football continental. « Il faut faire jouer la concurrence. On a vu certains joueurs qui sont plus proches de la fin que du début. Ils n’ont plus l’impact qu’ils avaient dans cette sélection et il faut faire tourner pour apporter de la fraîcheur à l’instar de Lamine Camara qui fait une bonne rentrée, sans complexe, plein d’audace et qui a imprimé sa patte sur le jeu. Il faudra le voir dans un autre environnement, sur 90 minutes mais il faut qu’on sache s’il peut être une bonne alternative pour les cadres en fin de cycle », a confié Cheikh Sidy Ba.
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Une perspective qui reste crédible avec un sélectionneur moins frigide qu’il y a quelques années. « Certains jeunes peuvent bousculer la hiérarchie dans cette sélection à l’image de Pathé Ciss qui enchaîne les titularisations au milieu. D’autres jeunes peuvent frapper à la porte du onze mais ça se fera doucement. Il ne faut pas tout bouleverser. Mais le cycle de cette génération touche à sa fin. Il faut renouveler avec les jeunes pour les mettre dans le bain le plus tôt possible », insiste Cheikh Sidy Ba. Une idée à laquelle adhère Coly, qui toutefois, préfère tempérer : « La relève est clairement là, en attente. Piocher dedans oui mais surtout pas déstabiliser une ossature qui a fait ses preuves et qui a donné satisfaction ».
Malgré cette défaite, quelques motifs de satisfaction ont été notés. « L’équipe est encore perfectible mais le fait d’affronter des adversaires de haut niveau comme l’Algérie permet à la sélection de rehausser son niveau d’exigence. On a joué le Brésil qu’on a battu, et l’Algérie. Il faut jouer des matchs amicaux contre des équipes qui peuvent vous faire mal et non pour se rassurer. Au moins on sait où on en est, la cohésion de groupe se renforce ainsi », insiste Ferdinand Coly.
Dans cette même dynamique, le Sénégal affrontera en match amical, le Mali, le 14 octobre à Dakar. Avant d'n découdre trois jours plus tard avec le Cameroun en France. De quoi rectifier le tir à moins de trois mois de la défense de son titre.
𝘿𝙐𝙀𝙇 𝘿𝙀 𝙇𝙄𝙊𝙉𝙎 | Le Sénégal 🇸🇳 et le Cameroun 🇨🇲 vont s’affronter le 16 octobre 2023 en France (20h30 heure locale) dans le cadre d’un match amical international. Ce sera au Stade Bollaert-Delélis à Lens. #FriendlyGame #MankoWutiNdamli pic.twitter.com/IqcwIXmxEw
— Equipe du Sénégal (@GaindeYi) September 15, 2023