Algérie : Rabah Saâdane – “D’autres sélections sont les grands favoris de la CAN 2025, on a encore besoin de Mahrez”

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L’Algérie, qui va effectuer ses débuts lors de la CAN 2025 mercredi à Rabat face au Soudan, reste sur deux éliminations au premier tour. Rabah Saâdane, l’ancien sélectionneur des Fennecs (1985-1986, 1999, 2003-2004, 2007-2010) et adjoint en 1981-1982, a accepté d’évoquer l’actualité de son ancienne équipe pour Afrik-Foot.

Il y a un peu moins de deux ans, l’Algérie avait quitté la Côte d’Ivoire au soir du premier tour, exactement comme au Cameroun en 2022. Djamel Belmadi, champion d’Afrique en 2019, avait payé au prix fort cette seconde désillusion consécutive. Son remplaçant, le Bosno-Suisse Vladimir Petkovic, a qualifié l’Algérie pour la CAN marocaine et la Coupe du monde 2026. Avant l’entrée en lice de la formation nord-africaine mercredi contre le Soudan, Rabah Saâdane, surnommé « le cheikh » dans son pays, fait le point sur différents sujets pour Afrik-Foot.

Quelles ambitions pour l’Algérie à la CAN 2025 ?

Si le Maroc, le Sénégal, l’Egypte ou encore la Côte d’Ivoire sont régulièrement cités comme les principaux favoris de la CAN, le nom de l’Algérie l’est aussi, mais dans une moindre mesure. Les deux échecs de 2022 et 2024 ont visiblement marqué les esprits, et Rabah Saâdane se montre lui aussi raisonnablement prudent.

« Je veux rester mesuré. Je pense que d’autres sélections, comme le Maroc ou le Sénégal, notamment sont les grands favoris. L’Algérie a une bonne équipe, il y a du talent, des arguments techniques. Mais certains joueurs vont découvrir la CAN, il y a aussi un manque d’expérience. Prenons les choses dans l’ordre et passons d’abord le premier tour. Le Burkina Faso, le Soudan et la Guinée Equatoriale sont de bonnes équipes, accrocheuses, difficiles à jouer. Si l’Algérie se qualifie pour les huitièmes de finale, on aura une idée un peu plus précise », préconise l’homme de 79 ans pour Afrik-Foot.

La liste de Vladimir Petkovic

Entre les absences d’Alexis Guendouz, d’Houssem Aouar, d’Amine Gouiri et de Youcef Belaïli, blessés, celle de Nabil Bentaleb, que Petkovic n’a finalement pas convoqué, la présence de certains joueurs ayant disputé la Coupe arabe de la FIFA (Atal, Tougai, Berkane, Boulbina) et celle d’Anthony Mandréa (Caen), la liste du sélectionneur de l’Algérie a été beaucoup commentée.

« Cette liste me semble assez cohérente. Petkovic a fait ses choix, en fonction de ce qu’il a vu ces derniers mois. Il y a la CAN, mais il faut aussi penser à la Coupe du monde. Le sélectionneur a fait appel à des joueurs ayant disputé la Coupe arabe, ils ont de l’expérience, il les connaît bien, cela me semble assez logique. Pour Mandréa, il avait effectivement dit qu’il ne convoquerait pas un joueur évoluant dans un championnat de troisième niveau, mais au vu des circonstances, il est revenu sur cela. Quant à Bentaleb, on sait ce qui lui est arrivé avec ses problèmes cardiaques, il s’est battu pour revenir. J’imagine que c’est difficile pour lui moralement », souligne Saâdane pour Afrik-Foot.

Le cas Mahrez

Le capitaine algérien avait traversé la CAN ivoirienne comme un fantôme. Totalement hors de forme, Riyad Mahrez (35 ans en février prochain) avait essuyé de lourdes critiques, certains supporters l’invitant même à prendre sa retraite internationale. Pourtant, l’ailier d’Al-Ahli (Arabie Saoudite), après un temps de réflexion et plusieurs échanges avec Vladimir Petkovic, est revenu en sélection quelques mois plus tard. Mais son cas, parfois, divise encore.

« Il n’est évidemment plus au même niveau qu’en 2019, où il avait joué un rôle majeur dans la conquête de la CAN en Egypte. Il a six ans de plus, il n’évolue plus dans le meilleur championnat du monde, mais il reste un joueur de haut niveau. Il faut savoir l’utiliser. On sait qu’il n’a plus forcément les jambes pour tenir quatre-vingt-dix minutes lors d’une compétition comme la CAN, mais il peut, grâce à sa grande qualité technique, beaucoup apporter. L’Algérie a besoin de lui. Sur une heure, Mahrez peut rendre de grands services s’il est en forme », nous assure Saâdane.

Riyad Mahrez, Algérie
© Iconsport

Le bilan de Petkovic avant la CAN

Nommé en février 2024, après le départ de Djamel Belmadi, Vladimir Petkovic (62 ans) présente un bilan sportif positif. Pourtant, tous les Algériens ne sont pas encore totalement convaincus par le travail de l’ancien sélectionneur de la Suisse. Rabah Saâdane, lui, semble l’être.

« On lui avait demandé de qualifier l’Algérie pour la CAN, il l’a fait. On lui avait demandé de qualifier l’Algérie pour le Mondial, il l’a fait. Il a atteint ses objectifs, à chaque fois avec une certaine aisance Son bilan est donc pour moi positif. L’équipe a marqué beaucoup de buts (quarante au total, en seize matches). Offensivement, il y a de nombreux motifs de satisfaction. Mais il est vrai qu’au niveau défensif, il y a encore des choses à améliorer. La sélection se montre parfois fébrile à ce niveau. Sur le poste de gardien de but également. Nous n’avons pas de joueur de haut niveau à ce poste. Mandréa joue en D3 française, Zidane en Ligue 2 espagnole, Benbot et Guendouz en Algérie. On voit que c’est un secteur sur lequel Petkovic n’a pas encore vraiment tranché. Et il n’a pas encore totalement dégagé une équipe type. Mais je le répète, je pense que son travail va dans le bon sens », tranche Saâdane pour Afrik-Foot.

Algérie : Rabah Saâdane – “D’autres sélections sont les grands favoris de la CAN 2025, on a encore besoin de Mahrez”

Alexis Billebault

Journaliste spécialisé dans le football africain depuis le début des années 2000, j'ai travaillé sur les 11 dernières CAN.