Sénégal : Modou Sougou – “on a la meilleure équipe d’Afrique avec le Maroc” [Exclu]

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Ancien international sénégalais aux 13 sélections et un but entre 2007 et 2013, Modou Sougou (40 ans) s’est reconverti comme entraîneur et coache actuellement l’équipe U16 d’Amiens. Dans cette interview accordée à Afrik-Foot, l’ex-attaquant de l’OM revient sur sa carrière avec les Lions et livre aussi son regard sur la sélection actuelle, qualifiée pour la CAN 2025 et la Coupe du monde 2026 et qui va affronter le Brésil samedi en match amical à Londres, puis le Kenya le 18 novembre.

Interview réalisée par A.P.

Modou Sougou, qu’est-ce que cela a représenté pour vous de porter la tunique des Lions de la Teranga ? 

Ça reste une immense fierté, d’un Sénégalais qui aime son pays. J’ai fait quasiment toutes les catégories de jeunes, j’ai même été capitaine des Espoirs. Le fait de jouer pendant à peu près 6 ou 7 ans avec les A, j’ai fait la transition après 2002 et le Mondial au Japon et en Corée du Sud. On a fait un an avec cette génération-là et on a fait la transition jusqu’à ce que Sadio Mané et Idrissa Gana Gueye arrivent par exemple. 

J’ai fait une CAN en 2008, j’ai fait toutes les qualifications. Il ne m’a manqué qu’une phase finale de Coupe du monde. Pour moi, ça reste une fierté de porter ce maillot. Ce n’est pas juste pour toi, c’est aussi pour ta famille, pour tes amis, pour le pays. C’est énorme au Sénégal de jouer pour la sélection. Je me souviens qu’à la maison, c’était quelque chose quand le Sénégal jouait. Il y avait tout le village, c’était un sacré rendez-vous.

Vous avez donc disputé une CAN, en 2008. Quel souvenir en gardez-vous, que ce soit sur le plan du foot comme sur le plan humain ? 

Tu peux avoir de la notoriété parce que tu joues en Europe, mais la ferveur se multiplie par 10 ou par 20 quand tu arrives en équipe nationale. Quand tu prépares des matchs, il faut voir quand le bus se déplace pour aller aux entraînements ou aux matchs. Pour certains matchs qui ont lieu en fin d’après-midi ou le soir, les supporters sont déjà là pour le petit-déjeuner. Ils ont tellement peur de ne pas pouvoir entrer au stade qu’ils viennent dès le matin. Il y a ceux qui arrivent à rentrer dans le stade et il y a tous ceux qui restent dehors aussi. C’est indescriptible. 

Pour un match contre la Gambie, une enclave au Sénégal, ça débordait ! Je me souviens que c’était la première sélection d’Issiar Dia et il était impressionné, sous le choc. On lui a dit : « Bienvenue au Sénégal petit ». C’est comme ça quand l’équipe nationale joue.

“Le Sénégal a la capacité pour aller au minimum en quart de finale de la Coupe du monde 2026”

Quel a été votre meilleur moment en sélection ?

Mon meilleur souvenir en sélection, ce n’est pas sur le terrain. C’est quand le coach Kazperczak a annoncé la liste des 23 pour la CAN 2008. Je m’en rappellerai toujours parce qu’avant l’annonce, il m’avait appelé dans son bureau pour me dire qu’il était content de moi mais que les places étaient chères. 

J’étais dans le flou. Je faisais mes calculs. Il reste une place pour trois joueurs et tu te dis que tu ne vas pas y aller. On était chez moi, mon oncle me dit qu’il va griller de la viande parce que c’est un grand jour. Moi, je n’y croyais pas vraiment et quand je vois mon nom, c’était une émotion pure, intense.

Comment voyez-vous les Lions d’aujourd’hui ? Quel est votre pronostic pour la CAN au Maroc ?

Je pense et je le crois, on a la meilleure équipe d’Afrique avec le Maroc. Après, pour moi, le Sénégal est toujours parmi les favoris pour la CAN et, pour la Coupe du monde, je pense que le Sénégal a la capacité pour aller au minimum en quart de finale. Après, une compétition reste une compétition. Mais sur la valeur intrinsèque des joueurs, on a ce qu’il faut. 

Modou Sougou, Sénégal
© Iconsport

On a de bons joueurs. L’équipe a été bien renouvelée. On a des bons joueurs dans chaque ligne. Il y a de l’expérience, du talent. On est bien. Le Maroc et le Sénégal sont les deux favoris pour cette CAN, selon moi. Après, il y a des paramètres et des données à prendre en compte. Il y a les blessures, les équipes surprises.

Y a-t-il un joueur en particulier qui vous séduit ?

Il y a un bon collectif avant toute chose. Sur toutes les lignes. On a deux-trois très bons gardiens. Défensivement, c’est costaud. Au milieu, c’est solide. Devant, sur les ailes, ça va très très vite, tu as des joueurs qui évoluent au Bayern Munich, et puis tu as toujours le Ballon d’Or africain Sadio Mané, qui fait la différence. Il y a des jeunes, comme Ismaïla Sarr, très fort sur le côté. Au milieu, tu as Idrissa Gana Gueye. Pape Matar Sarr de Tottenham aussi, un joueur constant, régulier, qui marque des buts, qui apporte une patte différente à l’équipe. 

On a une équipe homogène, très complète, avec Kalidou Koulibaly et Moussa Niakhaté derrière. L’entraîneur a le choix de jouer avec différentes tactiques. Tu peux créer beaucoup d’incertitudes chez les adversaires. On est parti battre l’Angleterre à Wembley, c’est le signe que le Sénégal c’est costaud et je ne dis pas ça parce que je suis sénégalais !

Interview réalisée par A.P.

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Lantheaume Romain

Je suis tombé amoureux du foot africain avec Didier Drogba, puis j’ai découvert Afrik-Foot en 2013. Depuis, nous ne nous sommes plus lâchés !