“J’ai eu peur qu’on reparte avec une véritable humiliation”, l’analyse d’Ali Fergani après Suède-Algérie [Exclu]

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Mardi à Stockholm, l’Algérie s’est inclinée (3-4) en match amical contre la Suède, lors d’une prestation très contrastée. Totalement hors-sujet en première-mi temps, la sélection nord-africaine a ensuite failli revenir à égalité. Ali Fergani, l’ancien milieu de terrain des Fennecs, livre son avis pour Afrik-Foot, se prononçant aussi sur les choix du sélectionneur Vladimir Petkovic.

Entretien réalisé par Alexis Billebault

Ali Fergani, quatre jours avant ce déplacement en Scandinavie, l’Algérie avait dominé le Rwanda (2-0) à Constantine, sans forcément briller, mais en faisant son travail…

Le premier match d’une date FIFA arrive souvent juste après le début du stage. Nous sommes en juin, la saison a été longue, les joueurs sont fatigués, les effectifs sont incomplets, car il y a des blessés, des joueurs qu’on veut manager. L’Algérie a gagné, c’est ce qu’on lui demandait. Elle a dominé un adversaire moyen. Mais c’est toujours bien de gagner des matches, pour la confiance. Et avant la fin des qualifications pour la Coupe du monde, avant la CAN au Maroc, il est toujours positif de se mesurer à des équipes africaines.

Lors du match à Stockholm, l’Algérie a vécu une première heure catastrophique, encaissant quatre buts, ne montrant strictement rien sinon des lacunes. Faut-il s’en inquiéter ?

Il faut en tout cas en tirer des leçons. Encaisser quatre buts en une heure, ce n’est pas brillant. Même si la Suède n’est pas le Rwanda, c’est un adversaire d’un autre calibre. Même si plusieurs joueurs suédois étaient absents (Isak, Gyökeres…), cela reste une très bonne équipe. Quand on est mené 2-0 à la mi-temps, et 4-0 à l’heure de jeu, c’est que quelque chose ne va pas. L’équipe a encaissé quatre buts, et cela aurait pu être pire. Il y a eu trop d’erreurs, trop d’approximations. A un moment, j’ai eu peur qu’elle reparte avec une véritable humiliation. 

Il faudra tirer les leçons de cette première heure bien sûr. C’était un match amical de fin de saison, les joueurs sont fatigués, et c’est le cas pour toutes les équipes, mais cela n’explique pas tout. Il ne faudrait pas que l’Algérie connaisse un scénario identique lors d’un match de qualifications ou de phase finale d’une compétition.

Algérie, Suède, match amical, Zerrouki, Sema
© Iconsport

Et lors de la dernière demi-heure, l’Algérie a montré un visage totalement différent, beaucoup plus conquérant, au point de frôler une folle remontada. Comment l’expliquez-vous ?

Quand on est mené 4-0, on a envie de réagir, de stopper l’hémorragie. Le coach Vladimir Petkovic a décidé de faire des changements après soixante minutes, et cela a payé (Bentaleb, Benzia et Bounedjah ont remplacé Boudaoui, Benrahma et Mahrez, ndlr). Cela a apporté quelque chose à l’équipe : de la créativité, du dynamisme, de la fraîcheur.

L’Algérie a également profité que la Suède a aussi inconsciemment levé le pied et que ses joueurs, aussi, étaient fatigués. Il faudra donc analyser ces deux périodes : la première heure, inquiétante, et les trente dernières minutes, intéressantes et rassurantes, à tel point que les Fennecs auraient pu égaliser. Mais revenir de 0-4 à 3-4 en une vingtaine de minutes, contre une bonne sélection européenne, c’est positif.

“Le bilan de Petkovic est positif”

Le sélectionneur aurait-il dû appeler de nouveaux joueurs pour ces deux matches amicaux ?

S’il n’a pas jugé bon de le faire, c’est qu’il avait ses raisons. Il a fait tourner son effectif sur les deux matches. Cela fait plus d’un an qu’il est en poste, je pense qu’il a constitué un groupe et qu’il lui fait confiance. Appeler Adil Boulbina (Paradou AC) ? Je pense que si cet attaquant continue de performer, et s’il part à l’étranger, il aura sa chance, car ce joueur vise la sélection A. Pour l’instant, il est avec l’équipe A’. Vladimir Petkovic pourra toujours essayer de nouveaux joueurs avant la CAN s’il l’estime nécessaire, en raison des blessures, des méformes. La CAN est dans sept mois, c’est encore loin.

Vladimir Petkovic présente-t-il selon vous un bilan positif ?

L’équipe disputera la CAN. C’était son premier objectif et il l’a rempli. Le second, c’est de qualifier l’Algérie pour la Coupe du monde. A quatre journées de la fin, elle est en tête de son groupe. Il y a de quoi être optimiste, mais tant que la qualification n’est pas acquise, il faut rester prudent. Et après les moments difficiles que nous avons connus – les deux dernières CAN, l’absence au Mondial au Qatar – la situation s’est améliorée.

D’ailleurs, avant la défaite en Suède, l’équipe restait sur une très bonne série (neuf victoires et un nul) et elle n’avait plus perdu depuis un an (1-2 contre la Guinée à Alger en qualifications pour la Coupe du Monde, ndlr). Le bilan est donc positif.

Vladimir Petkovic Algérie juin 2024
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“J’ai eu peur qu’on reparte avec une véritable humiliation”, l’analyse d’Ali Fergani après Suède-Algérie [Exclu]

Alexis Billebault

Journaliste spécialisé dans le football africain depuis le début des années 2000, j'ai travaillé sur les 11 dernières CAN.