International sénégalais de 2005 à 2012, Pape Diakhaté compte 39 sélections avec les Lions. Retraité depuis 2018, l'ex-défenseur central de 41 ans s'est reconverti comme entraîneur. Libre depuis cet été et la fin de son aventure au FCO Strasbourg Koenigshoffen 06 en National 3 en France, le technicien a accordé un entretien à Afrik-Foot avant sa récente nomination comme manager général de l’US Ouakam au pays. L'occasion de balayer son actualité et d'exposer sa vision du métier d'entraîneur, mais aussi de revenir sur ses souvenirs marquants en sélection.
Entretien réalisé par A.P.
Pape Diakhaté, tout d’abord, comment allez-vous ?
Je vais très bien, je profite de la famille ! Depuis que j’ai arrêté de jouer, j’entraîne, c’est quelque chose que j’aime, je passe mes diplômes, c’est top !
Comment se passe votre vie d’entraîneur ?
Franchement, très bien. J’avais hâte de découvrir les compétitions au niveau national. Quand j’ai démarré, je voulais commencer par les divisions régionales. J’avais commencé avec une R3 en 2018/19, puis j’ai pris une R1. Ensuite, j’ai eu les U21 au Royal Excelsior Virton en Belgique. Je suis arrivé à Strasbourg en 2023, je suis resté deux saisons, je me suis éclaté avec mon staff.
Je sais que c’est ce que je veux faire. Je le savais déjà depuis la fin de ma carrière de joueur, mais ces expériences n’ont fait que confirmer ça, grâce à ces challenges à un niveau élevé. Je m’étais préparé, j’ai switché assez facilement. Je peux entraîner en National, N2 et N3. Il ne me reste que l’UEFA pro à passer donc voilà, je continue à emmagasiner de l’expérience et à apprendre.
Coacher, c’est très différent de la vie de joueur ?
Ça n’a rien voir avec une carrière de joueur. Il faut vraiment avoir la sagesse et l’humilité pour le comprendre. Parfois, on arrive avec des gros sabots parce qu’on a fait une bonne carrière de joueur et qu’on a l’expérience du haut niveau, donc on se dit qu’on peut entraîner facilement mais ça demande plus que ça. Il faut qu’un entraîneur puisse marquer ses joueurs.
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Avez-vous des sources d’inspiration comme entraîneur ?
Patrick Hesse qui m’a eu au centre quand je suis arrivé du Sénégal et m’a développé en tant que joueur à Nancy. Il y a aussi Moussa Bezzaz, Pablo Correa, avec qui j’ai travaillé pendant longtemps. En partant de France, en Ukraine, j’ai eu de très bonnes relations humaines et professionnelles avec Yuri Semin, qui m’a beaucoup appris.
En sélection, j’ai eu Guy Stéphan, Henri Kasperczack, qui m’a énormément fait confiance, qui m’a nommé capitaine d’équipe. J’ai eu Pape Fall aussi en sélection et d’autres. Ces personnes m’ont marqué. On avait des relations humaines fortes et j’étais aussi leur relais sur le plan technico-tactique sur le terrain. Ça m’a aussi poussé à vouloir faire ce métier.
“Des coachs en poste au haut niveau m'ont dit que, physiquement, ils ont l’impression d’être dans une machine à laver au quotidien”
Que recherchez-vous pour la suite ?
Mon souhait et mon but, c’est d’entraîner au très haut niveau parce que c’est ce que j’aime, c’est ce que j’ai connu dans ma carrière de joueur, je sais l’adrénaline que ça peut procurer. C’est un métier difficile, même à mon petit niveau à moi, en N3, la pression et les émotions peuvent tout changer du jour au lendemain. Ce sont des choses qu’on connaît. Ce sont des nuits courtes, des journées très longues. Pour en discuter avec certains qui sont en poste au haut niveau, ils disent que, physiquement, ils ont l’impression d’être dans une machine à laver au quotidien.
On se dit donc que c’est du travail mais, mentalement, je me suis préparé à ça, c’est ce que je veux faire, j’en suis convaincu et je vais me donner les moyens d’y arriver. Mon idée, j’aurais aimé que ce soit en France, mais les opportunités sont minimes pour les jeunes entraîneurs mais j’aimerais commencer ici, parce que le niveau tactique est bon, pour continuer à m’aguerrir et grandir et pourquoi pas aller ailleurs ensuite dans d’autres contrées.
Sur le plan personnel, vous avez disputé deux CAN et participé à 3. Qu’en gardez-vous ?
Quand tu as joué une grande compétition comme une CAN en Afrique, tu peux aller jouer partout où tu veux, en termes d’hostilité, d’adversité, d’ambiance dans les stades. Ça t’apprend à garder un degré de concentration parce qu’il y a tellement de choses autour, pendant la préparation, pendant les matchs. C’est un bagage important pour un joueur et, après ça, on peut voir venir et aller jouer n’importe où. Tu gagnes en maturité, ça te permet d’acquérir pas mal de choses.
“Les partisans d'El-Hadji Diouf m’ont sifflé pendant tout un match”
En 2006, avec une amère 4e place et un arbitrage de la demi-finale contre l’Égypte contestable. En 2012, avec trois défaites au premier tour. Pouvez-vous revenir sur ces deux tournois et nous donner le pourquoi du comment ?
On s’est fait voler en 2006, c’est vrai, en demi-finale, contre le pays organisateur, l’Égypte. En 2012, c’était une grande désillusion. On avait les meilleurs buteurs de tous les grands championnats d’Europe : Mamadou Niang, Moussa Sow, Papiss Demba Cissé et Demba Ba. Et puis, tu ne sors pas des poules.
C’était vraiment une catastrophe, mais on n’était pas dans les meilleures prédispositions comme équipe et comme groupe pour faire quoi que ce soit. C’était le chaos total, il n’y avait pas d’organisation et, nous, joueurs, on n’a pas fait tout ce qu’il fallait pour être dans les meilleures conditions et avoir les attitudes qu’il faut pour jouer une CAN, parce qu’une telle compétition, c’est loin d’être de la rigolade. On y est allé en pensant qu’avec les joueurs qu’on avait on allait taper tout le monde et que ce serait facile. C’était faux.
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Au total, vous comptez 39 sélections avec les Lions de la Teranga. Quel bilan dressez-vous de votre passage en sélection ? Votre meilleur et pire souvenir ?
Je dirais un bon passage. J’arrive très jeune en sélection, à 19 ans. J’ai connu la génération 2002. J’ai été le trait d’union entre eux et ce qui est arrivé après, c’était une bonne expérience à vivre. J’ai été capitaine de ma sélection à un moment, on parle du Sénégal quand même, donc c’est une très grande fierté. Ça représente quelque chose pour la famille, les amis, les proches. Ça te donne un autre statut. C’est un passage que je n’oublierai jamais.
Le meilleur souvenir que je garde, c’est mon match contre la Zambie. On joue en haute altitude là-bas. Je devais démarrer en défense centrale mais la veille du match, Abdoulaye Diagne-Faye se blesse au milieu, et j’ai finalement joué n°6 ce match-là. J’ai fait un match énorme, je jouais à ce poste chez les jeunes, et cette rencontre m’a marqué.
Le pire souvenir, je dirais des sifflets au stade que je n’avais pas compris jusqu’à la fin du match. J’avais fait une déclaration qui avait été mal perçue par El-Hadji Diouf, alors qu’elle ne lui était pas destinée, et ses partisans m’ont sifflé pendant tout un match. Ça m’avait marqué, parce que je n’avais pas mérité ça sur le terrain. Ce n’est jamais évident mais c’est comme ça.
Entretien réalisé par A.P.