Algérie-Tunisie, ou quand la violence fait encore des ravages

Ce week-end de football a été marqué par de graves débordements en Algérie et en Tunisie. Des incidents qui ne sont pas les premiers du genre et qui inquiètent de plus en plus.


C'est devenu un triste refrain, mais la bêtise de certains pseudo supporters a une nouvelle fois frappé en Algérie et en Tunisie, respectivement à l'occasion des 15e et 11e journées de championnat. Tout a commencé dès le samedi, après le choc au sommet du classement entre l'ES Sétif et l'USM Alger (1-1). Une rencontre très attendue qui s'est terminée sur un score de parité, les Sétifiens évitant de peu un revers devant leur public dans le temps additionnel.

Un joueur lynché, un journaliste étranger pris à partie en Algérie

Un nul qu'ont visiblement eu du mal à digérer certains fans de l'Entente, qui n'ont rien trouvé de mieux que d'aller invectiver Akram Djahnit devant le domicile du joueur. Le tort de l'attaquant ? Un match moyen face au Mouloudia, mais surtout avoir manqué une occasion de but. Suffisant pour qu'une quinzaine d'individus vienne l'interpeller et le provoquer à coups d'insultes. De quoi faire monter le ton pour que la scène ne se termine par un lynchage en règle de Djahnit, qui a vu la police intervenir pour le sortir d'un bien mauvais pas.

Traumatisé, il en a été quitte pour des lésions et des contusions sur tout le corps et une belle frayeur. Frayeur partagée par un journaliste sud-coréen, venu faire un reportage sur le football en Algérie et pris pour cible après la rencontre par un groupe de supporters. Le Buteur indiquant que son véhicule et celui de son interprète a été la cible de projectiles, qui ont fini par briser la vitre arrière de la voiture. S'il souhaitait goûter le football algérien de près, il a été servi…

Le match Tozeur-Marsa interrompu à la mi-temps

La Tunisie voisine n'a pas été en reste non plus. Si de nouveaux chants régionalistes ont été déplorés lors de la rencontre entre le CS Sfaxien et l'Etoile du Sahel, des supporters du CSS affirment avoir été agressés par des fans de l'équipe adverse sur le chemin du retour. Un caillassage en règle de leurs véhicules aurait eu lieu.

Des faits à rapprocher de ceux qui se sont déroulés lors du match entre la Palme Sportive de Tozeur et l'AS Marsa. Une rencontre interrompue à la mi-temps après que des échauffourées ont éclaté dans les vestiaires où sont parvenus à s'infiltrer des supporters de Tozeur, désireux d'en découdre avec l'arbitre de la partie, coupable d'avoir refusé un but à Nizar Aissaoui juste avant la pause. Suffisant pour que le juge central soit la cible de leurs attaques et qu'il ait fallu l'intervention des forces de l’ordre à coups de gaz lacrymogènes pour disperser la foule. La rencontre n'a jamais pu reprendre.

Il aurait pu y avoir des morts

Ce qui s'est passé aujourd'hui n'est pas normal. Il faut prendre les bonnes décisions. Nous avons joué les 44 premières minutes normalement. Ensuite, l'arbitre a refusé un but de l'équipe locale. A la pause, il a été agressé. Il y avait une cinquantaine de personnes dans la main courante. Sincèrement, je suis content de voir qu'aucune personne n'est décédée lors des incidents d'aujourd'hui car il aurait pu y avoir des morts tellement la situation était critique“, a déploré Maher Ben Aissa, le président de l'AS Marsa sur Mosaïque FM.

Un tout autre discours est venu de l'entraineur-adjoint de Tozeur, Abdeljalil Ghali, qui a rejeté la faute sur la Ligue et le choix de l'arbitre de la rencontre, coupable de partialité à ses yeux. Argument qui ne peut toutefois pas légitimer de tels débordements dans une enceinte sportive. Le pire a été évité. Quasiment un miracle. Mais, il va falloir que les autorités en question, tant du côté algérien que tunisien, prennent leurs responsabilités et surtout des mesures pour une bonne fois pour toute tenter d'en finir avec ces débordements qui gangrènent le football sur le continent. Car, il n'est pas dit que la prochaine fois le pire ne se produira pas.

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Malick Bamba