Élu en 2018 maire de Vavoua, une ville d’un demi-million d’âmes située au centre-ouest de la Côte d’Ivoire, Bonaventure Kalou reste toujours aussi connecté avec le football. L’ancien attaquant du PSG a accordé un entretien exclusif à Afrik-Foot.com où il est revenu sur le feuilleton de l’été entre Kylian Mbappé et le PSG. Dans cette première partie, l’ex-international ivoirien a aussi évoqué l’avenir de son compatriote Seko Fofana en passe de rejoindre le championnat d’Arabie Saoudite. Sans langue de bois, Bonaventure Kalou a parcouru l’actualité football.
Interview réalisée par Yoro Mangara,
L’actualité brûlante, c’est la situation de Kylian Mbappé au PSG, votre ancien club. Que lui conseillez-vous ?
C’est assez personnel comme choix à faire. Il devait partir l’année dernière, il est resté. Cette année, je comprends ses envies de départ, d’évoluer dans un club au-dessus du PSG, le Real Madrid. Une carrière, ça dure 10, 15 ans. Il faut parfois faire des choix égoïstes. Ça fait déjà 6 ans qu’il est à Paris qui plus est. Ce qui me chiffonne un peu c’est qu’il ait re-signé l’année dernière. Ça aurait été le moment idéal pour lui de partir après avoir touché le ciel du football.
Comprenez-vous qu’il parte libre au terme de la saison à venir quand on sait l’investissement que le PSG a fait sur lui ?
C’est ce qui est un peu dérangeant. Il faut que le club puisse en profiter financièrement du talent de Kylian. Ce serait un juste retour qu’il parte cet été et que le club gagne quelque chose. Ce serait un énorme gâchis pour le PSG qu’il parte libre.
Le PSG est à la recherche d’un attaquant. On évoque Harry Kane, Randal Kolo Muani, Victor Osimhen. Qui selon vous serait l’attaquant parfait pour votre ancien club ?
Ce sont trois grands attaquants. Harry Kane arrive à maturité. Osimhen est à un tournant de sa carrière et Kolo Muani représente l’avenir. Cela dépend de la vision des dirigeants du club sur leur plan pour cette année et les années à venir. Il y a trois options.
« Lens montre que le football ce n’est pas que de l’argent »
Comment vivez-vous les échecs à répétition du PSG en Ligue des champions ?
Il y a des années où on ne méritait pas d’être dans le dernier carré. D’autres où on méritait clairement de gagner cette compétition. Il ne faut pas désespérer. Manchester City est le meilleur exemple. Chelsea aussi l’a gagné au moment où l’on s’y attendait le moins. Le moment viendra pour Paris.
Lionel Messi est parti à l’Inter Miami en MLS après deux saisons au PSG. Pensez-vous que son passage dans la capitale française est un échec ?
Un échec, non. Avoir Messi dans son équipe, c’est toujours un plus. Il a lui-même bien résumé son passage au PSG. C’était mi-figue mi-raisin. Ce n’était pas une catastrophe mais pas le Messi de gala qu’on a connu au Barça. Tout n’est pas à jeter. Paris, c’est un contexte pas facile. Il y a les exigences des supporters. Il n’a pas eu de passe-droit. Il a été parfois été conspué par le Parc des Princes. C’est le verre à moitié plein.
Parlons brièvement de Lens de Seko Fofana qui a titillé le PSG cette saison. Que vous inspire la saison des Sang et Or ?
Lens est un club de passionnés, un club qui a les supporters les plus fidèles, les plus chauds du championnat de France. J’étais content pour eux. Cela montre que le football ce n’est pas que de l’argent, c’est aussi la passion. C’est toujours bien que des clubs comme Lens viennent nous le rappeler.
« Pour Seko Fofana, signer en Arabie Saoudite c’est dire au revoir au haut niveau »
Parlons maintenant de Seko Fofana qui est en passe de rejoindre Al Nassr. Serait-ce du gâchis s’il s’en va en Arabie Saoudite ?
On revient à ce que je disais. La carrière de footballeur c’est 10, 15 ans d’activité. Seko a 28 ans. Je comprends qu’il veuille sécuriser ses arrières et mettre à l'abri ses proches. Chacun de nous a un avis sur ce qu’il devrait faire mais le dernier mot lui revient. En tant qu’Ivoirien, je souhaite qu’il continue à gravir les échelons. Il a encore 5 belles années de football au haut niveau devant lui. Pour lui, signer en Arabie Saoudite à cet âge-là, ce serait dire au revoir au très haut niveau.
Dans quel grand club vous l’auriez vu ? Liverpool a eu l’occasion de le signer il y a un an. Pensez-vous que le club anglais va s’en mordre les doigts ?
Quand on voit l’abattage et l’activité de Seko, le championnat anglais est plus adapté à son style. J’ignore si Liverpool va regretter de ne pas l'avoir pris mais cela aurait été un plus pour eux.
Que pensez-vous des absences répétées de Seko Fofana en sélection ?
Le sélectionneur est le garant de la cohésion de cette équipe. Il a toujours dit avoir pris langue avec Seko et que ses absences étaient souvent justifiées. Là, il y a une nouvelle saison internationale qui s’ouvre, la CAN c’est en janvier. Je ne parle pas spécifiquement de lui mais de tous ceux qui étaient encore assis entre deux chaises. C’est un moment où on va trancher dans le vif. Je dis ‘on’ en tant que membre de la sélection, en qualité de dirigeant. On partira avec nos éléments les plus déterminés et les plus en vue. Seko fait normalement partie du groupe élargi. Il n’y a pas encore péril en la demeure. Il a déjà joué en sélection, il a envie de jouer pour la Côte d’Ivoire. Je pense que sur ces derniers mois jusqu’à la CAN, l’occasion lui sera encore donnée de jouer pour son pays et prouver l’amour qu’il a pour ce maillot.
Restons toujours avec les Éléphants mais plutôt la génération dorée, la vôtre. Qui selon vous était le meilleur ?
Le meilleur ? Techniquement je dirais Yaya (Touré). Un gars de ce gabarit avec une telle finesse technique est tellement rare. Il avait tout. La puissance, la technique, la frappe de balle, le jeu de tête. C’était un joueur absolument complet.
Évoquons un épisode pas forcément connu de tous. Votre essai non concluant à Crystal Palace en 2009. Que s’est-il vraiment passé ?
Honnêtement, à cette période je n’avais plus la motivation, l’envie de continuer. J’avais connu une saison assez difficile à Heerenveen aux Pays-Bas. J’étais à la croisée des chemins. C’était un peu un burn-out. C’était pour moi la dernière cartouche. Cela ne s’est pas fait pour diverses raisons. Je suis arrivé un peu blessé. Je n’étais pas à 100% de mes moyens. Cela fait partie de la vie de footballeur de haut niveau.
« C’est Victor Osimhen qui ressemble le plus à Didier Drogba »
Aujourd’hui quel attaquant vous rappelle le plus Didier Drogba ?
Je dirais Victor Osimhen. La puissance, le bon jeu de tête, le placement. Pour toutes ces raisons, je dirais que c’est Victor Osimhen qui ressemble le plus à Didier.
Arsenal a récemment signé Kai Havertz. Peut-il être le nouveau Van Persie avec qui vous avez joué 3 ans au Feyenoord ?
Van Persie est un cran au-dessus de Kai Havertz. Je le suis depuis qu’il est à Chelsea. Ce n’est pas un mauvais joueur mais Van Persie c’était quand même autre chose.
Justement, suivez-vous toujours votre ancien club du Feyenoord Rotterdam ?
Pas énormément avec mes activités. Mais je sais qu’on est champion. J’ai suivi les derniers matchs de la saison.