A la veille du coup d’envoi de la CAN 2025, la Confédération africaine de football (CAF) a annoncé que la Coupe d’Afrique des Nations se tiendra tous les quatre ans après les éditions 2027 et 2028. Une réforme qui provoque une véritable fronde au sein du football africain.
Les fans de football africain le redoutaient, la CAF l’a fait. Le spectre qui planait depuis plusieurs années a fini par s’abattre sur la CAN, dont les prochaines éditions se dérouleront tous les 4 ans à partir de 2028, comme annoncé par le président de l’instance panafricaine, Patrice Motsepe, samedi dernier, à la veille du coup d’envoi de l’édition 2025. Si les enjeux sportifs immédiats monopolisent l’attention, le dossier du passage de la CAN de tous les deux ans à tous les quatre ans commence néanmoins à agiter le football africain.
Légende du football camerounais, Joseph Antoine Bell a été l’un des premiers à monter au créneau. “C’est comme si on vous disait, pour ceux qui partent à la messe tous les dimanches, que ce sera désormais tous les mois. Ce n’est pas une décision en faveur des Africains et c’est clair. Ne plus avoir sa fête chaque deux ans ne peut pas être réjouissant“, a pesté l’ancien gardien auprès du média AfrikInform.
CAN tous les 4 ans, l’énorme coup de gueule de Tom Saintfiet
Mais la charge la plus incisive est venue du sélectionneur du Mali, Tom Saintfiet, grand baroudeur d’un football africain qu’il estime aujourd’hui piétiné par les intérêts des clubs européens.
“La CAN, c’est un moment de gloire pour le football africain. Passer à une CAN tous les quatre ans, retirer cela… Je pourrais comprendre, si, à la base, il s’agissait d’une requête des fédérations africaines, une demande des joueurs africains. Mais là, cela se fait pour satisfaire les puissants, l’UEFA, les gros clubs des cinq grands Championnats européens et la FIFA, voilà ce qui rend cette décision si triste”, a tonné le technicien belge jeudi en conférence de presse. “On s’est tellement battus, depuis des décennies, pour que le football africain soit respecté, et voilà que l’Europe balaie cette histoire de près de 70 ans pour des raisons financières, et seulement pour ça. (…) C’est un manque de respect de passer à une édition de la CAN tous les quatre ans. J’aurais aimé que l’amour de l’Afrique pour le football passe au-dessus des intérêts des instances et des puissants.”
Le coup de gueule de Tom Saintfiet, l’entraîneur du Mali, suite au passage de la CAN tous les 4️⃣ ans 😤
— Afrik-Foot (@afrikfoot) December 25, 2025
Êtes-vous d’accord avec ses propos ? #afcon #afcon2025 #can2025 #afrikfoot pic.twitter.com/djOwu8iP1g
Motsepe n’est pas Hayatou… et fait le jeu de la FIFA ?
Comme le rappelle le New York Times, Issa Hayatou, président emblématique de la CAF entre 1988 et 2017, avait en son temps résisté aux pressions européennes pour maintenir la périodicité de la CAN à deux ans. Très proche du président de la FIFA, Gianni Infantino, Patrice Motsepe est suspecté de s’être montré beaucoup plus docile. Même s’il a mis en avant son “devoir envers les joueurs africains évoluant à l’étranger”, souvent tiraillés entre fidélité au club et à la sélection en plein coeur de la saison, le dirigeant sud-africain est surtout accusé d’avoir accepté d’aménager le calendrier spécialement pour ne pas faire de l’ombre à la Coupe du monde des clubs, dont la première édition au nouveau format s’est tenue l’été dernier aux Etats-Unis, provoquant le “report” de la CAN 2025 en hiver.
Le football africain divisé sur la périodicité de la CAN
Si les contestataires à cette réforme font le plus de bruit, d’autres visions plus nuancées existent cependant au sein du football africain. “Il y a des aspects positifs et d’autres moins“, a tempéré le sélectionneur du Maroc, Walid Regragui. “Le format bi-annuel de la CAN permettait à de nombreuses équipes de progresser et de se développer, ou de se reconstruire rapidement après un échec. Nous sommes bien placés pour le constater“, a-t-il toutefois tenu à souligner.
“Peut-être que ça rendra la compétition plus attractive. Il y aura peut-être plus de pression car elle se jouera tous les quatre ans par rapport au fait qu’elle se tienne tous les deux ans“, a de son côté suggéré le capitaine algérien Riyad Mahrez. Si tous les regards sont actuellement braqués vers les enjeux sportifs immédiats de la CAN 2025, le débat sur la périodicité de la CAN promet de reprendre de plus belle dans les prochains mois.

/https%3A%2F%2Fwww.afrik-foot.com%2Fapp%2Fuploads%2F2025%2F04%2FLes-Mamelodi-Sundowns-club-du-president-de-la-CAF-Patrice-Motsepe-sanctionnes.jpg)