Coéquipier d’Albert Ebossé Bodjongo, Kamel Yesli témoigne. Il revient sur les circonstances du drame et sur la violence qui gangrène le football algérien. “C’est leur défouloir, ils lancent des blocs plus que de simples cailloux”, raconte le milieu de terrain, “abattu” et déterminé à quitter l’Algérie pour rester en vie.
Milieu de terrain de la JS Kabylie, Kamel Yesli a rejoint les Canaris à l’été 2013. En même temps qu'Albert Ebossé Bodjongo, mortellement touché samedi par un projectile lancé par ses propres supporters après la défaite face à l’USM Alger (1-2). Le Franco-Algérien est très affecté par le décès de son coéquipier. Un drame qu'il ne parvient toujours pas à comprendre. “Avec Alain, on se baladait et on mangeait souvent en ville ensemble. On n’a jamais été insultés par les supporters“, raconte le joueur formé au PSG dans les colonnes du Parisien. “Au contraire, ils l’aimaient bien. C’était leur joueur préféré mais ils l’ont tué…”
“En Algérie, les supporteurs aiment tellement le foot qu’ils en deviennent fanatiques. Ce match contre l’USM Alger, c’est le clasico. La ferveur est encore plus forte que pour un PSG-OM. Quand tu gagnes ça va mais si tu perds tu sais que tu peux avoir des soucis“, explique-t-il. “Le phénomène de la violence touche la plupart des clubs. C’est le fardeau du foot algérien. Les jets de pierres, on connaît mais on avait jusque-là réussi à les esquiver”.
“Albert n’a pas réussi à éviter le deuxième projectile”
“Ce n’est plus un jeu, ça devient comme de la haine“, déplore le milieu de terrain de 26 ans au micro de France Info. Avant de revenir sur la nature des projectiles. “Ce sont plus des blocs que de simples cailloux. Il y a beaucoup de villes en construction, dans n’importe quel coin de rue, on peut trouver de grosses pierres. Le problème c’est de savoir comment ils ont fait pour entrer avec ça“. D’après DZ Foot, les “supporters” de la JSK auraient utilisé des pierres provenant de “travaux en cours dans le stade“, notamment des “morceaux de carrelage tranchant“.
“Albert a reçu deux projectiles, le premier au poignet et le second à la nuque, qu’il n’a pas pu esquiver“, détaille Kamel Yesli. “Ce n’est pas structuré comme en France où chacun à sa place, son ticket. Les gens font le forcing pour rentrer, c’est leur défouloir.”
“Abattu” devant tant de haine et de violence, le Franco-Algérien nourrit de sérieuses interrogations sur son avenir. “À la limite, je préfère prendre ma valise et rentrer chez ma famille à Paris plutôt que de jouer au foot et risquer ma vie pour un simple match“.
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