Victime d’une rupture du tendon d’Achille en avril alors qu’il jouait pour Kayserispor, Stéphane Bahoken n’a pas été prolongé au terme de son contrat et se retrouve aujourd’hui sans club. Dans cet entretien accordé à Afrik-Foot, l’attaquant de 33 ans, bientôt rétabli, fait le point sur son état et sa quête d’un nouveau challenge. L’international camerounais (22 capes, 4 buts) se prononce aussi sur la sélection et l’actualité de ses anciens clubs.
Stéphane Bahoken, comment allez-vous ? Racontez-nous votre quotidien depuis votre blessure ?
Ça va bien, ça se passe bien. Ça évolue très bien. Mon quotidien depuis ma blessure, c'est de la rééducation tous les jours avec un kiné. Des courses… Aussi tout ce qui est renforcement avec un préparateur physique et des soins avec kiné. J’ai fait deux mois de stage à Aspetar à Doha et j'ai fait trois semaines à Clairefontaine.
A partir de quand serez-vous opérationnel ?
Pour être totalement opérationnel, je pense que ce sera début novembre. En fait, à cause du tendon d'Achille, je manque un peu de force sur le mollet gauche. Ça veut dire que je ne peux pas totalement sprinter. Ce sera le cas début novembre.
Forcément, on imagine que cette blessure complique les choses pour retrouver un club. Avez-vous des touches ?
Non. J’avais des touches avec des clubs en Turquie avant la fin du mercato. Ils étaient intéressés et me voulaient, mais, ça dépendait aussi de ma blessure. Ils ont demandé un peu l'avancée des choses, est-ce que j'étais prêt à signer en septembre. Je n'étais pas prêt physiquement, ce qui a fait que les pistes en Turquie se sont éteintes. Et actuellement non. Les championnats ont repris. Je pense que ça va bouger en janvier, quand le mercato rouvrira.
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Avant de vous blesser, vous étiez performant avec Kayserispor (5 buts et 2 passes décisives en 21 matchs de Süper Lig la saison passée), on aurait pu penser que vous alliez prolonger. La blessure a compliqué les choses ?
Oui, c'est ça. En fait, au moment où je me blesse, le club me fait savoir qu'on va justement se pencher sur ma prolongation. Ils étaient d'accord pour une prolongation et, à la fin du championnat, ils ont fait traîner les choses jusqu'à me dire finalement “au vu de ta blessure, on ne souhaite pas te renouveler.” Entretemps, le coach qui était là est parti, il y a eu énormément de changements au club, donc ça a été un non au final.
Pour votre prochaine destination, vous préférez rebondir en terrain connu ou au contraire découvrir vers un nouveau championnat ? Avez-vous des envies particulières ?
L’idée, c’est de rebondir en terre connue. Ça fera pratiquement neuf mois que je n'aurai pas joué en compétition. Donc je pense rebondir dans un championnat qui me connaît, ça me donnera la possibilité de jouer et d'enchaîner les matchs. Et quand j'aurai retrouvé ma pleine forme, pourquoi pas, peut-être découvrir un autre pays, mais ça, ce sera dans un second temps.
Concernant tout ce processus de soins et de réathlétisation, comment ça se passe pour un joueur sans contrat ? Est-ce que c'est totalement à vos frais ?
En fait, à l'étranger, en Turquie, on n'a pas les mêmes assurances qu'en France. Donc, c'est totalement à mes frais, notamment quand je suis allé à Aspetar justement, j'avais essayé de négocier avec le club pour qu'ils prennent en charge, mais ils ont accepté de prendre en charge seulement si c’était en Turquie. Moi j'ai quand même décidé d'aller Aspetar, donc c’était à mes frais.
En ce qui concerne Clairefontaine, pareil, c'est une partie à mes frais et une autre partie remboursée par la mutuelle et la sécurité sociale française. Sinon, les coachs personnels, les kinés personnels que j'ai, tout est à ma charge.
C'est une facette du métier que vous avez découvert au moment de votre blessure ?
Exactement. C'est la seule grosse blessure que j'ai eue dans ma carrière. Je n'avais jamais été arrêté plus de plus de deux-trois mois. Qui plus est en me retrouvant sans contrat. Donc oui j'ai découvert ça. Mais, après je pense que ça fait quand même partie du football, ça arrive dans une carrière d'avoir des pépins comme ça et ça reste quand même de l'apprentissage.
Stéphane Bahoken en bref
33 ans, attaquant, international camerounais (22 sélections, 4 buts)
Carrière :
2011-2014 : OGC Nice — 18 matchs (2 buts)
2013-2014 : Saint Mirren (prêt) — 5 matchs (0 but)
2014-2018 : Strasbourg — 129 matchs (26 buts)
2018-2022 : Angers — 120 matchs (28 buts)
2022-2023 : Kasımpaşa — 27 matchs (4 buts)
2023-2025 : Kayserispor — 36 matchs (5 buts)
Se retrouver libre n’est pas une première pour vous. A Angers, vous aviez fait le choix d’aller au bout de votre contrat. Et finalement, votre dernière saison n’avez pas été la meilleure avec le SCO (3 buts, 1 passe décisive). Avec le recul, qu’est-ce que tout cela vous inspire ?
Oui, c'est ça. Lors de ma dernière saison à Angers, le coach Stéphane Moulin n’était plus là, donc ils avaient fait venir un nouveau coach (Gérald Baticle, ndlr) qui préférait faire jouer un jeune (Mohamed-Ali Cho, ndlr). Donc, j'ai eu un peu moins de temps de jeu que les années précédentes. J’avais envie d'aller au bout de mon contrat et de sortir libre du club et de voir ce qu'il en est.
Mais, franchement, je ne regrette pas mon choix. C'est sûr que ça n'a pas été la meilleure des saisons que j'ai réalisée, mais par la suite, j'ai pu découvrir le championnat turc. Donc en y repensant, j'ai fait le choix qui m'a inspiré, le bon choix pour moi.
Parlons d’un autre de vos anciens clubs, Strasbourg. Il y a un débat en ce moment qui secoue le Racing. Les résultats sont là, mais il y a cette multipropriété de BlueCo qui ne plaît pas beaucoup aux supporters. Comment vous positionnez-vous dans cette problématique?
Je ne sais pas exactement ce que fait la direction. Moi, je regarde les matchs et je vois que Strasbourg performe. C'est sûr qu'il y a eu beaucoup de départs, beaucoup d'arrivées. Mais au final, je vois que Strasbourg performe, notamment en Europe et en championnat. Je pense que les supporters ont leurs raisons de pester, mais, quand on voit la finalité, quand on voit que le club performe, je pense que ça reste quand même le plus important.
Toujours au rayon de vos anciens clubs, comment ne pas mentionner celui qui vous a formé, Nice. Plusieurs cadres sont partis durant le mercato et le début de saison est assez compliqué. Qu’en pensez-vous ?
Nice, sur ces dernières saisons, ils ont toujours montré qu’ils sont solides. Ils ont presque toujours été européens sur les 3-4 dernières saisons. Je pense que c'est une stratégie du board d'avoir vendu ou d’avoir laissé partir des joueurs importants. Maintenant, je pense qu'ils sont en reconstruction et qu'il faut leur laisser le temps, tout simplement. Mais je ne me fais pas d'inquiétude pour l'OGC Nice. Quand j'ai quitté le club, ce n'était pas le Nice d'aujourd'hui.
C'est vrai que, cet été, ça a été compliqué pour eux. Mais je pense qu’ils ont pris des joueurs de qualité, il faut juste trouver l'alchimie entre eux pour que l’OGC Nice performe de nouveau.
“Je n'ai plus de contact avec la sélection du Cameroun depuis ma dernière cape, on verra ce qu'il adviendra”
Ouvrons le chapitre du Cameroun. Votre dernière sélection remonte à juin 2023, avant l'arrivée du sélectionneur Marc Brys. Est-ce que vous avez eu des contacts avec lui depuis sa nomination?
Non, aucun contact, rien du tout. Depuis la dernière sélection, vraiment plus aucun contact avec le staff ou les dirigeants de l'équipe nationale du Cameroun.
Pour la CAN, c’est certainement trop tard, mais, si le Cameroun se qualifie via les barrages, est-ce que la Coupe du monde 2026 peut devenir un objectif ?
Dans le foot, rien n'est jamais écrit. Donc, à voir si j'arrive à me remettre en forme, à performer juste avant le Mondial… Moi je serai prêt. Après, ce n’est pas moi qui décide mais je pense que, dans le football, il faut toujours croire en tout. Avec l'âge, avec la nouvelle génération qu'il y a aussi dans l'équipe – il y a énormément de jeunes – c'est vrai qu’en tant que joueur, on peut se poser beaucoup de questions. Mais moi je me dis que c'est à moi de revenir de cette blessure, de performer et puis on verra ce qu'il adviendra.
Autour de la sélection, il y a ce climat de tensions entre le sélectionneur Marc Brys et le président de la Fecafoot, Samuel Eto’o. Quel est votre regard là-dessus ?
De loin, je me dis que c'est dommage qu’il y ait des tensions entre le président et le coach parce que je pense que leur objectif commun, c'est que l'équipe du Cameroun performe et de remettre le Cameroun parmi les plus grandes nations. Malheureusement, ces tensions, ça fait partie du foot.
Je pense qu'à un moment donné, ils devront avoir une discussion tous les deux pour mettre les choses au clair, pour enlever ces tensions-là et mettre leur énergie dans la réussite de l'équipe du Cameroun, tout simplement.
Après, je ne sais pas exactement ce qui se passe, mais c'est vrai que de loin, et je crois que tous les Camerounais pensent ça, c'est dommage qu’il y ait autant de tensions entre le président et le coach, alors que tout le monde aimerait qu’il y ait une unité au sein de la sélection et au sein de la présidence pour aider à élever l'équipe du Cameroun au plus haut.
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Vous avez connu plusieurs sélectionneurs, notamment Toni Conceiçao, remplacé ensuite par Rigobert Song. Avez-vous remarqué des différences entre les deux ?
Rigobert Song, moi je l'ai juste connu pour un match, donc je ne peux pas forcément comparer les deux. Moi, j’étais avec Conceiçao et, juste avant, on avait aussi Clarence Seedorf et Patrick Kluivert.
Je ne peux dire que du positif sur les deux sélectionneurs. Lors de mon passage en équipe nationale, on n’a pas eu de problèmes comme il y a pu en avoir par le passé, des problèmes d'hôtel, d'avion, de ci, de ça… Tout a été vraiment carré, dans les entraînements, les matchs, leur manière de coacher. C'était très professionnel. Concernant Rigobert Song, je ne l'ai pas vraiment connu, je ne l’ai vu qu'une fois, donc je ne peux pas vraiment comparer avec Conceiçao.
Un autre sujet qui fait souvent polémique autour de la sélection camerounaise, ce sont les places dans la liste qui seraient monnayées. Avez-vous vu ça de vos propres yeux?
Comme j’ai pu déjà le dire, durant mon passage en sélection, je n’ai pas été témoin de ça. Et je ne pense vraiment pas que, quand j'étais en sélection, il y a eu ce genre de pratiques parce qu’ils prenaient vraiment des joueurs qui étaient compétitifs dans leur club, qui jouaient au plus haut niveau, en première division. Il y a juste à voir la liste des sélectionnés.
Là, actuellement, c'est vrai qu'il y a des bruits qui courent, mais honnêtement, vu que je ne suis pas en sélection, je ne peux pas vraiment donner mon avis. Mais, de mes propres yeux, non, je ne l'ai jamais vu.
“Frank Magri peut être le futur numéro neuf de la sélection du Cameroun”
Vous évoquiez les jeunes un peu plus tôt. Avec Karl Etta Eyong (Levante), qui vient de débuter en sélection, et Christian Kofane (Leverkusen), le Cameroun a du talent à revendre devant. Quel est votre regard sur cette génération montante d’attaquants ?
Moi, je suis plus Frank Magri de Toulouse. Les deux autres, je les connais un petit peu moins. Mais ce que je peux dire sur Frank, c'est vraiment un attaquant polyvalent, complet, qui est en train de gagner de l'expérience en Ligue 1. Et je pense que ça peut vraiment être le futur numéro neuf de la sélection du Cameroun.
Vincent Aboubakar qui continuait à être appelé bien qu’il n’ait pas de club (il vient de signer en Azerbaïdjan, ndlr), pour vous c'est quelque chose de logique?
Oui, parce que, clairement, à chaque fois qu'il est en sélection, il est performant. Moi, quand je l'ai connu, c'était quelqu'un qui était quand même assez réservé, mais qui était vraiment rassembleur. Donc, pour moi, ça me semble logique de rappeler un joueur qui est performant en sélection, surtout un gars comme Vincent Aboubakar, qui a énormément de sélections. C’est totalement logique.
Parlons d’un de vos anciens coéquipiers Alexandre Oukidja, qui est dans une situation proche de la vôtre : blessé longue durée, il ne pourra pas disputer la CAN avec l'Algérie. Est-ce que vous avez échangé à ce sujet ?
Oui, j’ai vu quand il s'est fait les croisés, je lui ai envoyé un message pour le soutenir. En plus, connaissant Alex, c'est pareil, c'est sa première grosse blessure. Comme je l’ai dit, dans une carrière, il y a des hauts et des bas. Les bas sont plus bas que les hauts. Mais c'est quand même quelqu'un qui a beaucoup de mental, qui est bien entouré, qui va vite se remettre et retrouver la compétition. C'est vrai qu’on a la même situation, sauf que, lui, il est quand même sous contrat avec son club. C'est sûr que là, pour la CAN, ça va être mort pour lui. Mais je ne me fais pas de souci pour Alex, il a un gros mental, il va bien se remettre et il va repartir de l'avant.
Vous avez connu Azzedine Ounahi à Angers. Il n’a pas réussi à s’imposer à l'OM, donc il est parti à Gérone. Quel est votre regard sur sa trajectoire ?
Moi je l'ai connu quand il est arrivé à Angers. Ce qui m’a surpris, c'est sa qualité technique, sa vision du jeu. Après, qu'il signe à l'OM, pour moi, on va dire que ça a été un peu trop vite parce que je pense qu'il faudrait peut-être passer par un club intermédiaire avant d'arriver à l'OM.
Malheureusement, il ne s'est pas imposé mais ça reste un très très bon joueur d'avenir et c'est dommage que ça ne l’ait pas fait à l'OM. Après l'OM, c'est un club assez spécial. Là-bas, c’est soit on réussit, soit on ne réussit pas. Malheureusement, il n'a pas réussi et il est parti à Gérone. Le jeu espagnol, je pense que c'est vraiment le jeu qui lui convient, c’est vraiment un joueur de tiki-taka comme on dit.
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En Turquie, vous avez été entraîné par Burak Yilmaz. En France, on connaît le joueur mais beaucoup moins l’entraîneur. Que pouvez-vous nous dire sur Burak Yilmaz le coach ?
Il est venu à Kayseri. Il a dû rester peut-être quatre mois. Malheureusement, on a eu que des mauvais résultats, qui ont un petit peu plombé l'équipe. Je crois que c'était sa première expérience en tant que coach. Avant ça, il était à Besiktas en tant qu’adjoint et avait fait seulement un ou deux matchs en coach principal là-bas.
Ce que je peux dire sur lui, c'est que c'était un coach en devenir. Il n’avait pas encore l'expérience que d'autres coaches avaient. La preuve en est, les résultats n'étaient pas vraiment fameux. J'ai vu qu'il a signé à Gaziantep récemment et qu’il a eu de meilleurs résultats (4e du classement de Süper Lig après 9 journées, ndlr). Donc je pense qu’il commence à comprendre ce que c'est être coach et que ça va de mieux en mieux pour lui.
Depuis quelques années, vous avez changé de régime alimentaire pour manger moins de viande. Est-ce que c’est toujours d’actualité et jusqu’à quel âge vous vous voyez continuer dans le foot grâce à cette hygiène de vie ?
Jusqu'à très longtemps ! Au début, on va dire que c'était compliqué de changer ses habitudes du tout au tout. Jusqu'à maintenant, je continue. J'avais commencé à Angers en arrêtant toutes les viandes. Après, je me suis rendu compte que les viandes blanches comme le poulet, c'était important. Alors, ce que j'ai fait, c'est que j'ai rajouté beaucoup, beaucoup de légumes.
La viande rouge, j'en mangeais assez régulièrement et maintenant j'en mange deux fois par mois. J’ai continué ce régime alimentaire et en fait maintenant, c'est naturel.