Stéphane Mbia : « c’était impossible pour nous de perdre une finale, impossible »

Publié le par Anthony Olivier, actualisé le

Stéphane Mbia, 37 ans, ancien capitaine des Lions Indomptables, a eu la gentillesse de répondre aux questions d'Afrik-Foot.com. Il nous a livré son avis éclairé sur la finale de Ligue des champions entre Manchester City et l'Inter Milan ce samedi. On a également évoqué avec lui son actualité, la ferveur camerounaise pour André Onana, le récent succès de son ancien club de Séville en Ligue Europa ou encore la présidence de Samuel Eto'o à la tête de la Fédération camerounaise de football.

Bonjour Stéphane, on a entendu dire que tu passais tes diplômes d'entraîneur…

Exact. J'ai résilié mon contrat en Turquie il y a presque huit mois (avec Tuzlaspor, ndlr). Mais je ne suis pas encore sûr d'arrêter ma carrière. J'ai un deal en Italie mais j'attends. Je vais voir, parce que je fais mon MIP (le diplôme d'entraineur “Master exécutif de l'UEFA”, ndlr) en septembre.

Tu étais du côté de Marseille dernièrement…

Oui, exact. Pour la Fondation OM.

On imagine que c'est toujours un plaisir de revenir sur la Canebière…

Oui, surtout que c'est de très bons souvenirs, avec la Coupe de la Ligue et les différentes trophées qu'on a gagnés…

« Onana fait la fierté de tout un peuple »

Parlons maintenant de la finale de la Ligue des champions de ce samedi entre Manchester City et l'Inter Milan. On imagine qu'en tant que passionné de football tu vas la suivre attentivement. As-tu un favori pour ce match ?

Je dirais l'Inter parce qu'il y a mon coéquipier André Onana, avec qui j'ai joué en sélection. C'est aussi un très bon mec. Ce sera un match un peu compliqué mais il faut savoir qu'une finale c'est sur un match, donc tout est possible. Manchester City est une très bonne équipe mais je dirais André Onana, parce que c'est un pote et que pour un Camerounais, d'arriver en finale de la Ligue des champions, c'est exceptionnel, surtout qu'il fait une excellente saison.

Justement, à propos d'André Onana : as-tu un avis sur sa situation en sélection ?

J'ai eu à faire une interview en Afrique du Sud pour la BBC où j'ai demandé au Président de la Fédération de faire la médiation pour faire revenir notre excellent gardien qui joue une finale de Ligue des champions.

C'est clair qu'il est pleinement dans la force de l'âge donc on imagine bien que pour le peuple camerounais c'est un déchirement de voir un joueur de ce niveau-là faire une croix sur la sélection. Donc on espère que c'est provisoire. 

Effectivement. Parce que quand tu vois la finale de la Ligue des Champions qui arrive, ça fait la fierté de tout un peuple. J'ai été là-bas quand l'Inter jouait son match de demi-finale. Il fallait voir toute la ferveur camerounaise. Tout le peuple camerounais était derrière lui donc je suppose que c'est super intéressant qu'il revienne en sélection et que le Président de la Fédération puisse trouver les mots pour lui permettre de pouvoir revenir et aider l'équipe nationale à pouvoir se qualifier pour la prochaine campagne.

« Sans ce respect là, tu ne peux pas avoir un résultat favorable »

Justement à propos de Samuel Eto'o, le Président de la fédération, on sait que son mandat a été entaché par pas mal d'histoires jusqu'à présent. Quel est ton avis sur sa présidence ?

C'est compliqué de le juger mais notre football ne va pas bien. Evidemment qu'il a cette lourde responsabilité de faire rayonner notre football.

Il est vrai que c'est un poste très exposé, où tout peut vite prendre une grande ampleur médiatique. Pour en revenir à la finale de la Ligue des champions, en tant que milieu de terrain, es-tu plus impressionné par l'entrejeu de City ou de l'Inter ?

L'Inter a un très bon style de jeu. S'ils sont arrivés en finale, ce n'est pas un hasard. Ils ont un très bon gardien, je l'ai dit au départ, et faut aussi savoir que Manchester City est une machine de guerre. Ils ont un très bon milieu de terrain. Ça part de derrière, du gardien… Et il y a Kévin (NDRL : De Bruyne) et d'autres très bons joueurs. Après, ce sera une bataille tactique.

C'est vrai que c'est costaud des deux côtés. Toi qui a justement remporté 2 finales de Coupe d'Europe avec Séville, qu'est-ce qui est selon toi le plus important dans ce type de match ? Est-ce que c'est plutôt le talent ou le mental qui prime ?

Non, je dirais le respect de l'adversaire. Et puis après, sur un détail… Ça va se jouer sur l'erreur individuelle ou tactique de l'adversaire qui permettra de pouvoir donner l'avantage à l'équipe qui saura gérer ce problème. Et encore une fois, cela se joue sur le respect de l'adversaire. C'est l'idée absolue. Sans ce respect là, tu ne peux pas avoir un résultat favorable pour ton équipe.

« C'est cette humilité là qu'il faut avoir »

Séville, ton ancien club, a une nouvelle fois remporté la Ligue Europa (contre l'AS Roma, 1-1 et 4 tab à 1). Est-ce qu'il y a selon toi une recette particulière dans ce club qui fait qu'il arrive à performer régulièrement dans cette compétition ? (Le club espagnol est, avec 7 victoires, recordman des victoires en Ligue Europa).

Je pense que c'est exactement ce que je disais pour la Ligue des champions. C'est cette humilité là, parce qu'il faut savoir que le FC Séville est un très grand club et surtout, quand une équipe comme ça, malgré une saison un peu compliquée (NDLR : ils ont fini 12ème sur 20 en Liga), une fois qu'on arrive en finale, on a notre petite recette, on a notre avant-match. Ça reste un peu confidentiel mais c'était impossible pour nous de rater une finale. Impossible.

Merci Stéphane. Souhaites-tu ajouter un dernier mot ?

Je félicite le club du FC Séville et Marseille qui a fait une très bonne saison malgré les derniers matchs, et aussi le Stade Rennais qui s'est qualifié en Ligue Europa.

Le message est passé. C'est cool de penser à tes anciens clubs, y compris ton club formateur.

Oui, cela se voit qu'il y a un travail de fond qui est fait avec Florian Maurice qui fait un excellent travail avec Philippe Barraud au centre de formation. Au niveau du recrutement, ils font un travail exceptionnel. Donc voilà, je pense qu'il faut les féliciter. Et je souhaite aussi féliciter Monchi de Séville (NDLR, l'actuel directeur sportif), qui abat un travail exceptionnel.

Stéphane Mbia : « c’était impossible pour nous de perdre une finale, impossible »

Anthony Olivier

Explorateur et gratte-plume du football africain, j'aime brosser le portrait des nouvelles pépites du continent.