Au cours de l'assemblée générale de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), Samuel Eto’o, président de l'instance, a défendu avec ferveur son ancien sélectionneur Rigobert Song, très critiqué après la CAN 2023. L’occasion pour lui de régler ses comptes avec ceux qu’il accuse de dénigrer leurs compatriotes…
La tension reste palpable entre Samuel Eto’o et Marc Brys. Et ce jeudi, le patron de la Fecafoot a évoqué avec éloges… son prédécesseur Rigobert Song. Malgré l’échec des Lions Indomptables à la dernière CAN, petitement sortis en huitièmes de finale par le Nigeria, l’ancien capitaine et sélectionneur des Lions a eu droit à un vibrant hommage de celui qui l'avait nommé.
“Rigobert, je suis fier de toi”
“Quand le sélectionneur Rigobert Song était là, votre propre frère, vous ne l’avez pas laissé entraîner, créant polémiques et contre-polémiques, juste parce que vous n’aimez pas voir votre frère évoluer. Rien d’autre !” a-t-il lâché, dans une diatribe qui ressemblait davantage à celle d'un prêche qu'un discours.
“Grand frère Rigobert, je suis fier de toi malgré tout ce qu’on a pu dire. Tu avais deux missions : qualifier le Cameroun pour la Coupe du monde et pour la CAN. Tu as même rajeuni l’équipe sous vos yeux.” a-t-il poursuivi, afin de clore avec une des punchlines dont il a le secret : “Mais vous n’avez pas accepté ça parce que c’est un Camerounais. En réalité, vous êtes des complexés chers frères ».
L'anti “sorciers blancs”
Depuis son arrivée à la tête de la Fecafoot, Samuel Eto’o ne cache pas son hostilité envers les entraîneurs étrangers venus exercer en Afrique, et plus particulièrement les Européens au parcours modeste. Pour l’ancien capitaine des Lions Indomptables, il est temps de donner la priorité aux techniciens camerounais, plutôt qu’à des entraîneurs peu considérés ou peu qualifiés en Europe.
Au cours de sa première rencontre explosive avec Marc Brys, en mai 2024, Eto’o avait d'ailleurs lâché au Belge : “Si j’étais joueur, vous n’alliez jamais parler avec moi.” De fait, le palmarès de Brys était vierge avant sa nomination et sa connaissance du très haut niveau, même en Belgique, restait limitée. Un contexte qui rend compréhensible la colère d’Eto’o…
Song : l'homme de la situation, vraiment ?
Cependant, l’argument trouve vite ses limites. Rigobert Song, que le président défend aujourd’hui bec et ongles, affichait lui aussi une expérience très réduite au moment de sa nomination en février 2022 (seulement une brève aventure avec les U23).
De plus, il avait pris la sélection en pleine campagne qualificative pour le Mondial 2022, alors que Toni Conceição avait déjà effectué l’essentiel du travail, avant d'être évincé par Eto'o. Et si la double confrontation dantesque remportée face à l'Algérie lui avait d'abord donné raison, le bilan d’entraîneur de “l'homme du danger” est plutôt négatif avec sept victoires, huit nuls et neuf défaites en deux ans. À l’inverse, Brys, malgré un climat chaotique autour de lui, reste à l'heure actuelle invaincu après 12 matchs à la tête des Lions.
Si le comportement du Belge est loin d'être irréprochable à bien des égards, ses statistiques parlent – pour l'instant – en sa faveur. En attendant une confirmation à la CAN et dans la suite des qualifications à la Coupe du monde 2026.