Convoqués par leurs sélections respectives, Mario Lemina (Gabon), Yoann Touzghar (Tunisie), Bouna Sarr (Guinée) et Christopher Maboulou (Congo) ne participeront pas à la CAN 2015. Ces quatre binationaux privilégient leur club, plus ou moins contraints et forcés.
En France, le sempiternel débat sur les binationaux est souvent
abordé dans un seul sens : la perte que le “départ” de ces talents
entraîne pour l’équipe de France. Mais la CAN 2015 invite aussi à
aborder la question par l’autre bout de la lorgnette. Alors qu’ils
avaient l’occasion de fêter leur première cape avec le pays de
leurs origines lors de la compétition, plusieurs binationaux ont
décliné la sélection, temporairement du moins. Entre motivations
personnelles (volonté de s’imposer en club) et pressions directes
exercées par l’employeur, leurs situations sont à la fois
différentes et très proches les unes des autres.
Lemina, mauvais timing
Convoqué avec le Gabon, Mario Lemina a fait savoir qu’il ne participerait pas à la CAN 2015. Comme il l’a expliqué à Afrik-Foot, le milieu défensif de l’OM n’exclut pas de porter le maillot des Panthères, mais pas dans l’immédiat. En loupant plus d’un mois de Ligue 1, il craint de mettre en cause son statut de titulaire à l’OM, glané en décembre.
Il semble surtout que l’ancien Lorientais et Jorge Costa, le sélectionneur gabonais, se soient mal compris au sujet de la date à partir de laquelle Lemina est prêt à renforcer les Panthères. Comme Ishak Belfodil avec l’Algérie après la CAN 2012, Lemina pourrait revêtir le maillot gabonais au printemps.
Touzghar réquisitionné
Courtisé par la Fédération tunisienne (FTF) depuis plusieurs mois, Yoann Touzghar a été pré-sélectionné pour la CAN par Georges Leekens. Mais l’attaquant de 28 ans né en France d’un père marocain et d’une mère tunisienne devra attendre avant de faire ses grands débuts avec les Aigles de Carthage. D’abord annoncé forfait par le RC Lens, et absent lors du match de Coupe de France ce week-end, il fait surtout les frais des pressions exercées par son club, qui doit composer avec un effectif limité malgré la levée partielle de l’interdiction de recrutement annoncée en décembre.
“Son arrivée est très incertaine, à cause des pressions de son club qui ne veut pas le lâcher“, gronde Kaies Reguez, responsable de la communication de la Fédération tunisienne de football. “La FTF défendra ses droits et poursuivra le joueur et son club conformément aux règlements de la Fédération internationale de football“, prévient-il.
Bouna Sarr, diplomate
Surprise de la liste des 23 joueurs du Syli National retenus pour la CAN, Bouna Sarr a rapidement annoncé “la mort dans l’âme” qu’il décline l’appel de la Guinée, pays de ses origines. Très précautionneux, le milieu de terrain de bientôt 23 ans tient à souligner que “porter le maillot du Syli national reste, encore à ce jour et plus que jamais, mon vœu le plus cher“.
Soucieux de ne froisser personne, il a adressé une lettre d’excuses à la Fédération guinéenne. “Alors que je suis professionnel depuis près de quatre ans, je n’ai encore jamais réussi à m’imposer comme titulaire dans mon club formateur. Or, l’entraîneur m’a montré lors des derniers matchs qu’il était susceptible de me faire davantage confiance dans les semaines qui viennent. C'est une opportunité unique de faire enfin décoller ma carrière de joueur professionnel et j’espère que vous comprendrez que je ne peux pas passer à côté de cette occasion“. Bouna Sarr entend notamment profiter des absences de six de ses coéquipiers, qui participeront à la CAN, pour s'imposer.
Maboulou victime de sa réputation ?
“Las des multiples atermoiements” de Christopher Maboulou, le sélectionneur du Congo, Claude Le Roy a décidé lundi d’écarter le joueur de sa présélection pour la CAN. Le milieu offensif Bastiais se faisait toujours attendre du côté de Saly (Sénégal), où les Diables Rouges sont regroupés. Son agent justifiait ce retard par un problème de passeport.
Motif valable ou simple prétexte ? Claude Le Roy a tranché, influencé par les précédents refus du joueur de rejoindre la sélection en 2014.
Et les autres
A cette liste, on aurait pu ajouter le cas de Brice Dja Djédjé, international ivoirien depuis plus d’un an, qui a privilégié son club, l’OM ou encore Thomas Touré, attaquant franco-ivoirien de Bordeaux, qu’Hervé Renard aurait pu sélectionner s’il n’avait pas indiqué à l’automne dernier qu’il souhaite d’abord s’imposer en club avant de penser aux Eléphants.