Les secrets derrière le sacre du Maroc à la Coupe du monde U20

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Le Maroc a choqué le monde du football en remportant sa première Coupe du monde U20 dans la nuit de dimanche à lundi contre l'Argentine (2-0). Mais quels sont les ingrédients de ce succès inédit ?

Une cohésion et une identité de jeu dignes d’un club

Ce qui frappe dans le jeu du Maroc U20, c’est la cohérence tactique. L’équipe de Mohamed Ouahbi ne ressemble pas à une sélection assemblée à la hâte, mais à un collectif rôdé, capable de défendre en bloc, de se projeter vite et de contrôler les temps faibles.

Cette solidité est le fruit d’un travail entamé en 2021, sous l’impulsion de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) et de son président Fouzi Lekjaa. Le Maroc a mis en place une « colonne C » : un noyau dur de joueurs formés ensemble au sein de l’Académie Mohammed VI, autour duquel le reste du groupe a été construit. Une continuité qui a permis de créer des automatismes comparables à ceux d’un club professionnel. “Ils ont des repères fous, on dirait qu'ils jouent ensemble depuis six mois, tout le temps, tous les jours, cela fait une différence incroyable avec les autres sélections“, confiait récemment un recruteur français présent au Mondial U20 et cité par L'Equipe.

En coulisses, une telle organisation nécessite évidemment beaucoup de boulot en amont, comme l'a raconté le sélectionneur Mohamed Ouahbi au détour d'une anecdote : “Parfois, je n'arrivais pas à dormir après les matchs, je descendais de temps en temps au bureau et je voyais mon staff à 4h du matin encore en train de travailler de préparer le match prochain. Ils n'ont pas beaucoup dormi, donc un grand coup de chapeau à eux !“.

La motivation, moteur d’un parcours héroïque

Les Marocains ont aussi impressionné par leur force mentale. En quart comme en demi-finale, ils ont su résister à la pression, parfois jusqu’aux tirs au but, sans jamais perdre foi. Leur meilleur buteur, Yassir Zabiri, qui a pris le risque de perdre sa place en club pour participer au Mondial, en est l’incarnation parfaite. Porté par une soif de revanche personnelle après une CAN U20 gâchée par une blessure et un amour du maillot indéfectible, il a su porter l’équipe en finale.

Cette motivation collective trouve sa source dans une vision : celle de représenter un pays désormais reconnu dans le monde du football pour sa discipline et son sens du travail bien fait. “Quand on voit la manière dont les attaquants se sont battus, c'est un grand signe de solidarité et d'envie de se mettre au service du collectif“, a souligné Mohamed Ouahbi.

Un modèle hybride entre formation locale et diaspora

Le troisième ingrédient du succès marocain réside dans l’équilibre entre joueurs formés au pays et talents issus de la diaspora. Neuf des vingt et un joueurs sélectionnés sont des binationaux nés en Europe, détectés par une cellule dédiée mise en place par la FRMF. « Ce n’est pas un recrutement agressif, explique le sélectionneur Mohamed Ouahbi. Nous parlons aux parents, nous présentons un projet sportif, sans promesses financières. »

Parallèlement, le Maroc a massivement investi dans la formation domestique. L’Académie Mohammed VI, fondée en 2009, en est le fer de lance, permettant aux meilleurs profils locaux et binationaux de se retrouver autour d’un projet national ambitieux.

Le mélange de rigueur, de talent, de volonté et d’intelligence stratégique a ainsi permis aux Lionceaux de l’Atlas de marquer l’histoire et de montrer que le Maroc peut désormais rivaliser avec les grandes nations du football de jeunes.

Les secrets derrière le sacre du Maroc à la Coupe du monde U20

Louis Mukoma Fargues